Parmi les scénarios avancés : Aoun serait élu à la tête de l’État et Saad Hariri reviendrait au Liban et serait désigné Premier ministre et Nabih Berry serait reconduit à la tête du Parlement.
Pour de nombreux observateurs, le fait qu’un nouveau gouvernement a été formé au Liban et qu’il a pu, en dépit des profondes divergences qui séparent ses membres, élaborer une déclaration ministérielle et obtenir sur cette base la confiance du Parlement est un indice favorable pour la tenue de l’élection présidentielle à la date prévue. Les partisans de cette thèse ajoutent que la communauté internationale, États- Unis et Union européenne en tête, veut clairement la stabilité du Liban et comme elle a poussé en faveur de la formation du gouvernement, elle le fera aussi pour l’échéance présidentielle à la date prévue, c’est-à-dire avant le 25 mai.
Plusieurs possibilités sont ainsi évoquées. La première, qui circule dans plusieurs milieux, y compris ceux du 14 Mars, est celle de l’arrivée du général Michel Aoun à la tête de l’État, dans le cadre d’une volonté réelle d’assurer au Liban une période de stabilité. Les défenseurs de cette thèse affirment que l’idée directrice est d’amener au pouvoir les personnalités capables de prendre des décisions et de les exécuter. Ce qui donnerait ainsi un pouvoir fort, en prélude au renforcement des institutions de l’État.
Aoun serait élu à la tête de l’État et Saad Hariri reviendrait au Liban et serait désigné Premier ministre et Nabih Berry serait reconduit à la tête du Parlement. Le nouveau pouvoir, dans ses trois piliers, serait en mesure de rassembler les Libanais, de mettre un terme à l’état d’insécurité et d’initier un dialogue entre les différentes composantes du pays au sujet des dossiers conflictuels, comme la participation du Hezbollah aux combats en Syrie ou encore la stratégie de défense.
Dans un tel contexte, Aoun ne serait pas le candidat du 8 Mars et son élection ne serait pas une victoire pour ce camp, mais un pas qui s’inscrirait dans le cadre d’un grand règlement. À ces raisons, il faut en ajouter une autre, qui est formulée discrètement et qui consisterait à dire qu’en amenant le général Aoun à la présidence, on pourrait peut- être l’amener à revoir son alliance avec le Hezbollah. Ce qui, en quelque sorte, ramènerait sur le devant de la scène le vieux projet d’isoler le Hezbollah sur la scène libanaise pour mieux l’affaiblir.
La seconde possibilité évoquée est celle de l’élection d’un président accepté par toutes les parties, car l’heure n’est pas encore aux grands règlements régionaux et internationaux qui rendraient plus facile la première option. Dans ce cas, l’idée serait de doter le Liban d’un président capable de gérer le pays durant cette période transitoire sans irriter l’un des deux camps, tout en préservant les équilibres actuels, dans l’attente des développements régionaux et internationaux.
Dans ce profil, les noms sont légion. Il y a les personnalités traditionnelles, comme Jean Obeid, et les nouvelles figures qui seraient en mesure de donner une impression de changement et de modernisation du système. On parle beaucoup à cet égard des anciens ministres Damien Kattar et Ziyad Baroud, qui ont tous les deux gardé une certaine distance à l’égard de la vie politique interne qui a augmenté leur crédibilité.
La troisième possibilité qui est de plus en plus envisagée est l’élection à la présidence d’un haut fonctionnaire de l’État, le gouverneur de la Banque centrale ou le commandant en chef de l’armée, selon la priorité du moment, l’économie ou la sécurité. Il faut encore signaler les candidats du 14 Mars, comme le chef des Forces libanaises, le chef des Kataëb, le ministre Boutros Harb ou le député Robert Ghanem. Pour l’instant, les milieux du 8 Mars ne prennent pas au sérieux la candidature de Samir Geagea, estimant qu’elle est principalement destinée à faire sauter celle de Michel Aoun. Par contre, cheikh Amine Gemayel et Robert Ghanem ont des profils plus centristes qui, dans un contexte précis, pourraient être acceptables. Mais la tendance globale est d’amener à la tête de l’État une figure acceptée de tous qui ne constitue pas une victoire pour un camp en particulier… Les deux prochains mois devraient permettre de préciser quel scénario a le plus de chances de se réaliser. Cela si l’élection présidentielle a lieu à la date prévue…
L’Orient le Jour