Israël a-t-il voulu tester la solidité du front libanais toujours sous contrôle effectif du Hezbollah ?
Selon une source sécuritaire libanaise, s’exprimant pour Al-Manar, la chaîne de télévision libanaise proche du Hezbollah, les militaires israéliens se trouvaient sur le chemin asphalté de Labbouné, à 400 mètres de la Ligne bleue qui marque la frontière préliminaire entre le Liban et la Palestine occupée, lors qu’un engin explosif a explosé à leur passage.
Ce n’est pas la première fois que des militaires israéliens entrent dans cette région, ajoute la source.
« Une patrouille d’infanterie de l’ennemi israélien a pénétré mercredi à 00 h 24 locales (mardi 21 h 24 GMT) de 400 m à l’intérieur du Liban dans la région de Labbouné. Une explosion s’est produite et des soldats (israéliens) ont été blessés car du sang a été retrouvé sur place. Une commission militaire a ouvert une enquête en coordination avec la Finul (Force intérimaire des Nations unies au Liban) », a précisé l’armée libanaise dans un communiqué.
L’un des soldats blessés, dont la blessure a été qualifiée de moyenne, a été transporté à l’hôpital de Nahariyya, alors que les trois autres ont été placés dans l’unité des traitements intensifs.
Dans la version israélienne, selon un porte-parole de l’armée, il a été dit dans un premier temps que les soldats se trouvaient à la frontière libanaise, et qu’ils étaient engagés dans des « activités nocturnes ».
Plus tard, une source militaire israélienne a signalé que les militaires ont été blessés lors d’une incursion au Liban.
Interrogé par l’AFP, le porte-parole n’a pas été en mesure de préciser l’origine de cette explosion ni si elle s’était produite en territoire israélien. Il s’est contenté d’indiquer que les soldats ont été transportés dans un hôpital.
Selon l’AFP, le premier ministre Benjamin Netanyahu a pour sa part évoqué cet incident lors d’une visite dans le sud d’Israël en s’abstenant de donner des détails.
« Nos soldats nous défendent et défendent nos frontières, c’est ce qui s’est passé cette nuit et nous continuerons à agir avec responsabilité pour défendre les frontières d’Israël », a affirmé M. Netanyahu.
La radio publique israélienne a pour sa part précisé que les quatre soldats faisaient partie d’une unité d’élite et qu’après l’explosion, l’armée a déployé d’importants renforts à la frontière.
Le sud du Liban est contrôlé depuis l’année 2000, par la résistance libanaise contre l’occupation israélienne incarnée par le Hezbollah. Ce mouvement est soutenu par une majorité de Libanais mais fortement contesté par l’opposition du 14-Mars, proche de l’Arabie Saoudite. Il est également puissamment soutenu par la Syrie et l’Iran.
En 2006, Israël déclencha une guerre massive contre le Liban, en vue de le désarmer et de l’éradiquer, comme elle avait fait en 1982 avec l’OLP. Mais cette fois-ci, la puissante armée israélienne, que certains qualifiaient de « quatrième armée du monde » essuya une cuisante défaite. Le Hezbollah en sort auréolé et son leader charismatique s’imposa comme le chef de l’Axe de la résistance dans la région (avec la Syrie et l’Iran).
Les observateurs avaient alors estimé que l’État hébreu prendra, tôt ou tard, sa revanche. Il réussit à liquider son chef, Imad Moughnié en 2010, en plein cœur de Damas. Profitant de la crise syrienne, l’aviation israélienne effectua plusieurs attaques contre des présumés dépôts d’armes en Syrie censées être acheminées vers le Hezbollah.
Le renforcement de la Finul après la guerre israélienne ratée de 2006 n’a pas pu empêcher le Hezbollah de renforcer ses capacités défensives et offensives. En violant le territoire libanais, l’armée israélienne a sans doute voulu tester la capacité réactive du Hezbollah. L’une de ses patrouilles a sauté sur une mine posée justement par les résistants libanais. Elle en a été pour ses frais. Un avertissement sérieux à l’adresse des revanchards israéliens qui meurent d’envie d’en découdre avec le Hezbollah. Ils savent désormais que le prix à payer sera lourd, très lourd.