La méfiance à l’égard de candidats de l’hémisphère Sud va-t-elle encore prévaloir à l’Unesco ?
Après l’élection du Sénégalais Amadou Mahtar Mbow qui avait révolutionné l’institution en l’engageant dans des combats planétaires, tel celui pour le nouvel ordre mondial de l’information, véritable défi au monopole des puissances occidentales, la tendance de ces mêmes puissances est à la recherche de candidats au profil compatible avec leurs intérêts.
Six mois avant l’assemblée générale qui se tiendra en novembre prochain, au cours de laquelle les États membres éliront le nouveau directeur général, elles manœuvrent déjà pour réduire la visibilité de candidats indésirables. La France, les pays scandinaves, la Belgique et même les États-Unis – qui n’ont pourtant toujours pas honoré leurs engagements financiers à l’égard de cette agence onusienne – se sont ainsi publiquement déclarés favorables à la réélection d’Irina Bokova pour un deuxième mandat. Et ce, avant même que tous les candidats éventuels se soient présentés et avant même que la liste des candidatures n’ait été clôturée le 29 mars. D’ores et déjà, l’ambassadeur de Djibouti à Paris, Rachad Farah, s’est porté candidat et a obtenu le soutien de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad) et de l’Organisation pour la coopération islamique (OCI).
L’Union Africaine et la Ligue arabe ont déjà apporté leur soutien au Sommet de fin janvier 2013, le conseil des ministres arabes du 6 mars a également soutenu la candidature de Djibouti. Et c’est la première fois depuis 25 ans que l’Union Africaine n’a qu’un seul candidat pour l’Unesco.
Il serait salutaire qu’un débat ait lieu sur le bilan de la directrice sortante, notamment au sujet de son programme « Priorité Afrique », dont l’efficacité et la pertinence sont contestées par des représentants du continent au sein de l’organisation. Cela permettra de le confronter aux propositions des autres candidats, notamment ceux qui concentrent leur attention sur l’Afrique. En cas contraire, cela signifiera qu’on continuera à minimiser la voix des pays du Sud et à poursuivre la mise à l’écart d’intellectuels pouvant contribuer au renouveau de l’action de cette agence clé du dispositif onusien sur le continent.