
– Drapeau serbe géant lors d’une manifestation dans la ville de Zvecan, au nord du Kosovo, le mercredi 31 mai 2023. AP – Bojan Slavkovic
Une fois de plus, le Kosovo revient sur le devant de la scène internationale avec des images chocs de violence et d’affrontements entre Serbes, Albanais et soldats de l’OTAN, membres de la KFOR (force d’occupation censée assurer la paix).
Par Nicola Mirkovic
La raison de la colère est celle des Serbes du nord du Kosovo (où ils sont majoritaires) qui voient l’étau des Albanais se resserrer de plus en plus autour d’eux. En 2013, Belgrade et Pristina ont pourtant signé un « accord de coopération », qui n’équivaut pas à une reconnaissance par la Serbie d’un Kosovo indépendant, mais qui devait faciliter la vie des deux communautés. Suite à l’accord, les Serbes avaient reconnu, par exemple, la police et le système judiciaire kosovars. À l’automne dernier, la situation s’est tendue au sujet des plaques d’immatriculation, les Serbes voulant garder leurs identifications nationales. Belgrade avait fini par céder (de nouveau) et s’était engagée à ne plus émettre de plaques au nom de villes situées au Kosovo.
Les Serbes ont fait des concessions alors que les engagements des Albanais tardent. Las de ne pas être respectés, ces Serbes du nord ont massivement quitté leurs postes de l’administration kosovare, dans la police et dans les mairies par exemple. La politique de la chaise vide était un signal pacifique, mais qui se voulait fort pour obliger les Albanais à respecter leur part d’engagement et permettre la création d’une communauté de communes serbes regroupant toutes les municipalités où ils sont majoritaires. Au lieu de comprendre ce message, les Albanais ont profité de la situation pour prendre les postes serbes laissés vacants et occuper leurs mairies. Les forces spéciales albanaises ROSU ont accompagné les nouveaux administrateurs venant s’installer. Alors que la première action a été d’arracher les drapeaux des frontons des mairies pour les remplacer par des drapeaux kosovars.
Les Serbes ont réagi par des manifestations pacifiques, mais la police albanaise et la KFOR en tenue de combat sont intervenues. La situation a très rapidement dégénéré. Deux Serbes ont été touchés par balle mais on compte des dizaines de blessés dans chaque camp. La dernière manifestation en date a été plus calme, mais le feu couve. Et l’armée serbe a été mise en alerte maximale et dépêchée à la « frontière » du Kosovo. L’OTAN, les États-Unis et l’Union Européenne ont officiellement condamné les agissements des Albanais, réprobation pour la forme et des renforts de soldats otanesques sont en marche.
Depuis l’agression militaire de « la Communauté Internationale » contre la Serbie en 1999, c’est Washington qui tire les ficelles au Kosovo (comme ailleurs dans le monde). Ce nouvel épisode de tension, et de tentative de mainmise des Albanais sur le nord du pays, ressemble à une nouvelle manipulation orchestrée par Washington. Son but ? Couper définitivement le nord du Kosovo de la « mère patrie », de Belgrade, et mettre en difficulté le président serbe Alexandar Vucic. Lui qui, fort du droit international, rejette la reconnaissance d’un Kosovo indépendant, par ailleurs mondialement désapprouvée. Ce refus de capituler, chez les Serbes, exaspère l’Union européenne et les États-Unis d’autant que Belgrade, circonstance aggravante, refuse d’appliquer les sanctions de l’OTAN contre Moscou. Si, lors du dernier affrontement, l’engagement de la Maison Blanche avait été sincère, les forces de l’OTAN se devaient de protéger les Serbes des forces albanaises au lieu de se ranger derrière elles, comme elles l’ont fait.
En bombardant illégalement la Serbie en 1999, puis en reconnaissant illégalement l’indépendance du Kosovo en 2008, les États-Unis, l’OTAN et l’Union Européenne avaient juré qu’ils agissaient pour « la démocratie et la paix entre les peuples. » Plus de vingt ans plus tard, le Kosovo est toujours un pandémonium en proie au chaos. La manipulation atlantiste actuelle n’est qu’une station supplémentaire dans le chemin de croix des Serbes qui payent cher leur attachement à leur religion (orthodoxe) et à leur liberté. Suite à la prochaine station.
Par Nikola Mirkovic