Maisara Abou Hamdiya est un nouveau nom qui s’ajoute à la longue liste des prisonniers palestiniens victimes de l’oppression du système pénitencier israélien.
Arrêté en 2002 et condamné à la prison à vie en 2007, ce général « Fathaoui » des forces de sécurité de l’Autorité palestinienne est mort, hier matin, suite à la négligence médicale systématique dont se plaint l’ensemble des prisonniers palestiniens, dans les prisons israéliennes, où ils sont traités de façon inhumaine. Abou Hamdiya avait 64 ans et souffrait d’un cancer de la gorge très mal pris en charge, selon des avocats palestiniens qui avaient pu lui rendre visite dans sa geôle. Le président palestinien Mahmoud Abbas a fait porter la responsabilité de sa mort au gouvernement israélien. « À cause de son obstination et son arrogance, le gouvernement israélien a refusé de répondre favorablement aux efforts palestiniens visant à sauver la vie du prisonnier Maisara Abou Hamdiya, tombé en martyr ce matin dans les prisons de l’occupation », a affirmé, hier, Mahmoud Abbas à l’ouverture d’une réunion du comité central du mouvement Fatah à Ramallah, en Cisjordanie occupée.
« Nous avons protesté auprès du gouvernement israélien et auprès de toutes les institutions internationales à propos de ce traitement qui a conduit au martyre de Maisara abou Hamdiya, mais nous continuerons notre lutte pour la libération de notre pays et de tous les prisonniers », a ajouté le président palestinien. L’annonce de la mort d’Abou Hamdiya a entraîné une réaction en chaîne, que ce soit dans les prisons israéliennes ou dans la rue palestinienne.
Des heurts violents entre des prisonniers palestiniens et leurs geôliers israéliens ont eu lieu dans plusieurs prisons israéliennes. Aissa Qaraqaa, ministre palestinien des Affaires des prisonniers et des libérés, a déclaré hier que 30 prisonniers au moins ont été blessés dans des affrontements avec des gardes israéliens, dans plusieurs prisons israéliennes. Les prisonniers ont décidé d’observer une grève de la faim de trois jours en signe de protestation contre l’assassinat d’Abou Hamdiya, ayant résulté d’une « négligence médicale intentionnelle », a fait savoir Qaraqaa. Le ministre palestinien Aissa Qaraqaa, lui-même ancien détenu, a dénoncé « un crime vicieux » rappelant que 207 Palestiniens sont décédés dans les prisons israéliennes depuis 1967. Il a appelé à une grève générale et une journée de deuil, aujourd’hui, dans les Territoires palestiniens occupés.
L’armée israélienne tire sur la foule
Dans les villes palestiniennes de Cisjordanie occupée où les forces israéliennes sont au contact de la population, des dizaines de citoyens ont été blessés, alors qu’ils manifestaient leur colère suite à la perte de Maisara Abou Hamdiya. Les villes d’El Khalil, d’où est originaire la victime, de Naplouse, de Ramallah ainsi que la ville sainte d’El Qods, ont été le théâtre de violents affrontements entre des soldats israéliens surarmés, qui n’ont pas hésité à tirer sur la foule avec des balles en plastique, des bombes lacrymogènes et même des balles réelles et des jeunes citoyens qui ont riposté comme d’habitude par des jets de pierres et de cocktails Molotov.
À Gaza, où des représentants des factions palestiniennes armées ont juré de venger la mort d’Abou Hamdiya, quelques obus de mortier ont été tirés contre le territoire israélien. L’Organisation de libration de la Palestine (OLP), ainsi que le mouvement Fatah et le mouvement Hamas, qui contrôle la bande de Ghza, ont dénoncé le meurtre prémédité d’Abou Hamdiya survenu après l’assassinat, le 23 février dernier, de Arafat Jaradat, âgé de 30 ans, qui n’a pu supporter les tortures que lui avaient infligées ses geôliers israéliens.
Certains observateurs pensent qu’Israël cherche à provoquer le peuple palestinien pour le pousser à se révolter et déclencher une troisième Intifada en Cisjordanie occupée. Le chaos qui en résultera permettra à l’État hébreu d’échapper à toutes les obligations que lui imposera la communauté internationale dans le cadre de tout projet de paix. Ainsi, il pourra ainsi poursuivre tranquillement ses projets tendant à empêcher de façon définitive la création d’un État palestinien indépendant et souverain. La colonisation des terres palestiniennes sera le fer de lance des plans israéliens.
Quant à Gaza, les Israéliens eux-mêmes disent qu’ils n’en veulent pas et préfèrent la voir faire bande à part. Donc, si demain le mouvement Hamas ou une autre organisation palestinienne décide de proclamer un État palestinien indépendant dans la bande de Gaza, Israël se fera le plaisir d’être parmi les premiers États qui vont le reconnaître.
Source : El Watan