L’OTAN a besoin d’infrastructures civiles en Europe pour répondre à ses exigences militaires croissantes. C’est ce qui a été expliqué aux ministres de la Défense de vingt-neuf États membre de l’Organisation de l’Atlantique nord, par son secrétaire général, Jens Stoltenberg.
La réunion des ministres de la Défense de l’OTAN qui s’est tenue à Bruxelles le 8 novembre, est consacrée à une « révision » de la Structure de commandement de l’organisation, avec pour objectif la création d’un nouveau commandement pour protéger les lignes maritimes entre l’Amérique du Nord et l’Europe, l’ennemi étant la Russie, et « l’amélioration du mouvement des troupes et du matériel à l’intérieur de l’Europe ».
Pour la « dissuasion et la défense collective, explique Jens Stoltenberg, au cours d’une conférence de presse, le 7 novembre, il est nécessaire que l’alliance adapte ses routes à une mobilisation rapide de tanks, artillerie et autres. « Il ne s’agit pas seulement de commandement, dit-il, Nous avons, également besoin de nous assurer que les routes et les ponts sont suffisamment solides pour nos véhicules les plus lourds, et que le réseau ferré soit équipé pour un déploiement rapide de tanks et d’équipement lourd ». L’OTAN, selon lui, a des exigences en termes d’infrastructures civiles et doit les moderniser « pour garantir que les impératifs militaires actuels sont pris en compte ».
Pour réaliser cet objectif, Jens Stoltenberg a souligné qu’il fallait « une étroite coordination entre les gouvernements nationaux et le secteur privé », et qu’il importait « que l’OTAN et l’Union européenne continuent de travailler étroitement sur cette question vitale ». Le renforcement de l’OTAN en Europe devrait donc être assuré, en premier lieu, par les contribuables européens qui ne le savent pas encore.
Alors que le Pacte de Varsovie, alliance militaire des pays d’Europe de l’Est avant l’effondrement de l’URSS, conclue en 1955, dans le cadre de la guerre froide, comme une réponse et un contrepoids à l’OTAN, elle même créée en avril 1949, a été dissout le 31 mars 1991, l’organisation nord-atlantique n’a cessé de renforcer sa présence militaire en Europe, plus particulièrement autour de la Russie. L’adhésion progressive des anciens États membres du Pacte de Varsovie a permis à l’OTAN de déployer sa présence aux frontières de la Russie, sur le pourtour méditerranéen et de la Mer Noire où l’organisation a renforcé sa présence navale. En 1999, la Pologne, la République tchèque et la Hongrie intégraient l’organisation. En 2004, c’était au tour de l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie, de la Bulgarie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie. En 2003, une troisième vague entraînait l’Albanie et la Croatie et en 2017, le Monténégro.
En avril dernier, l’OTAN déployait à Orzysz, au nord-est de la Pologne, en présence du chef des forces de l’Alliance, le général américain Curtis Scaparrotti, un bataillon d’un millier d’hommes « prêts au combat » faisant partie de la stratégie de « présence avancée renforcée » (Enhanced Forward Presence) mise en place en prévision d’une potentielle menace russe. Dans le cadre de la nouvelle phase de l’opération « Atlantic Resolve », trois autres bataillons étaient déployés en Lituanie, en Lettonie et en Estonie. Et ce, en violation de l’ « Acte fondateur » OTAN-Russie, signé en 1997, qui interdit « le stationnement permanent » de forces de combat « substantielles » sur le territoire des nouveaux alliés.
« De nouvelles menaces imaginaires apparaissent tout le temps, comme ce qu’on appelle la menace militaire russe, déclarait Vladimir Poutine devant des experts et anciens dirigeants, à Sotchi, en octobre 2010. « C’est évidemment très pratique parce que certains pays peuvent réclamer une augmentation de leurs budgets militaires, ou mettre la pression sur les alliés dans l’intérêt des superpuissances, ou étendre les infrastructures de l’OTAN avec des troupes et des armes plus près de nos frontières », estimait-il.
Cette intensification de l’activité de l’OTAN en Europe est soutenue par une présence accrue de la force militaire américaine sur ce continent. En février 2016, le secrétaire américain à la Défense, Ash Carter, se félicitait du projet de renforcement du dispositif soutenu par un budget de 3,4 milliards de dollars, en 2017. « Cela permettra de financer plus de rotations des forces américaines, plus d’entraînements et d’exercices, plus de prépositionnements, de matériels de combat et d’infrastructures », justifiait-il.
En janvier 2017, les États-Unis, sur décision de Barack Obama, débarquait une brigade blindée en Allemagne, le plus grand déploiement depuis la guerre froide. La 3ème brigade de la 4ème division d’infanterie comprend 2800 chars, véhicules blindés, pièces d’artillerie et véhicules de soutien ainsi que 3500 soldats. Un renfort pour les forces de l’OTAN en Pologne que Tim Ray, commandant adjoint du Commandement européen qualifiait d’ « une partie de (nos) efforts pour dissuader l’agression russe, assurer l’intégrité territoriale de nos alliés et maintenir une Europe entière, libre, prospère et en paix ».
En 2013, selon un rapport du centre de recherche indépendant Rand National Defense Research Institute (Rand Corp.), 95% des bases militaires étrangères dans le monde, soit plus d’un millier, appartiennent aux États-Unis, la majorité sous le prétexte de la défense des États-Unis contre une menace extérieure. 150 000 soldats, environ, sont positionnés en permanence sur plus de 800 bases, dans quatre-vingt pays et autant de territoires. Des chiffres fluctuants, dont l’opacité est entretenue par le Pentagone, et qui ont évolué à la hausse depuis. Le rapport de Rand Corp. évalue le coût annuel de ces bases, tenant compte, une nouvelle fois de l’opacité des informations contrôlées par le Pentagone, à $100 à 150 milliards de dollars. Certaines bases, comme la base aérienne de Ramstein en Allemagne ou la Kadena Air Base d’Okinawa, ou encore celle de Diego Garcia dans l’océan Indien, sont de véritables villes, avec écoles, hôpitaux, centres commerciaux, et terrains de golf.
En mai 2017, après sa rencontre avec le président Emmanuel Macron, Vladimir Poutine expliquait dans une interview au quotidien français Le Figaro, la position russe. « Il faut, avant tout, se poser la question : qu’est-ce que nous cherchons ? Nous cherchons tous la sécurité, le calme et la coopération. Donc, il ne faut pas inventer des menaces imaginaires provenant de la Russie, des guerres hybrides ou d’autres spectres de ce genre. Vous les avez inventées vous mêmes et vous vous effrayez vous mêmes, et c’est en se basant sur ces données imaginaires que vous basez votre politique. La seule perspective, c’est la coopération dans tous les domaines, y compris sur la sécurité. Quel est le problème numéro 1 pour la sécurité aujourd’hui, c’est le terrorisme ».
https://www.nato.int/cps/fr/natohq/opinions_127597.htm?selectedLocale=fr
https://fr.sputniknews.com/trend/renforcement_otan_europe_2014/
https://www.medias-presse.info/deploiement
https://www.thenation.com/article/the-u
https://www.talkmedianews.com/world-news/2017/
https://www.lefigaro.fr/international/2017/05/30/01003-20170530ARTFIG00227