Le 25 octobre dernier, les électeurs (et électrices) omanais étaient conviés à élire leur huitième Conseil d’al-Choura, qui fait office de parlement. Ils étaient un peu plus de 600 000 inscrits à choisir 85 membres représentant les 11 gouvernorats du pays qui s’étendent sur 309 501 km².
Pays hautement stratégique contrôlant, avec l’Iran, le névralgique détroit d’Ormuz qui lie le Golfe arabo-persique à l’océan Indien, Oman est limité par les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, deux pays qui ont pris goût au bellicisme et ont désormais la fâcheuse tendance à s’ingérer militairement dans les affaires des autres pays, proches ou lointains, comme ils le font vis-à-vis du Yémen voisin.
La campagne électorale proprement dite s’était déroulée dans la sérénité, le calme et l’efficacité, les candidats ayant pu proposer leur programme à un public qui, depuis l’institution de cette assemblée par le très réformateur Sultan Qabous Bin Said, commence à se familiariser avec la pratique d’une démocratie participative et progressive.
Contrairement aux autres monarchies du Golfe, particulièrement le grand voisin saoudien, où la démocratie est encore un mot tabou, le sultanat d’Oman, affiche fièrement et résolument sa volonté de moderniser sa vie politique, étape par étape, en tenant compte de l’évolution des mentalités. C’est ainsi, par exemple, que la femme omanaise, non seulement occupe plusieurs postes de responsabilité dans l’exécutif, mais elle est incitée à s’engager dans le combat politique, notamment au sein de cette instance législative. Certes, sur une vingtaine de candidates, une seule a pu être élue, exactement comme c’était le cas dans l’assemblée sortante. Le Sultan Qabous, tout en le souhaitant ardemment, et il le fait entendre par tous les moyens pédagogiques et médiatiques possibles, refuse toutefois d’imiter dans ce domaine certains pays qui avaient opté, comme la France, ou certains pays du Maghreb (Algérie, Tunisie) pour un système volontariste de quotas. Il faut, disent les responsables, laisser le temps au temps, ne pas griller les étapes et, surtout, parier sur l’éducation et la formation, qui sont la voie privilégiée vers la participation de la femme dans la gestion de la cité.
En visitant certains bureaux de vote dans la capitale Mascate, on est d’ailleurs surpris de constater qu’ils sont présidés par des femmes bardées de diplômes.
Parallèlement à cette stratégie d’incitation de la femme à s’engager dans le combat politique, un effort réel a été déployé vers le rajeunissement de cette institution. Les résultats ont été largement à la hauteur des attentes. En effet, le taux de renouvellement des membres de ce conseil a été de 70 % ! Quant aux jeunes, ils représentent 65 % des membres élus.
À la différence des autres sept précédentes législatives, cette édition 2015 a connu plusieurs innovations : le contrôle des opérations de vote par un système électronique ultra-performant, renvoyant le système de marquage des votants par encre indélébile aux accessoires des musées.
Le contrôle de tout le processus de vote par des magistrats indépendants a été renforcé aux dépens des agents du ministère de l’Intérieur qui en étaient chargés auparavant.
Les électeurs omanais expatriés ont également obtenu le droit de voter pour la première fois dans leur pays de résidence.
Quant aux prérogatives de cette assemblée, elles ressemblent désormais à celles en vigueur dans la plupart des parlements démocratiques : contrôle et discussion des lois avant leur promulgation par l’exécutif, y compris la loi des finances, interpellation des ministres etc.
Certes, le système actuel est perfectible. Mais le sultan Qabous, qui a hérité en 1970 d’un pays archaïque et moyenâgeux, de surcroît ravagé par une rébellion dans la province de Dhofar, a réussi à le transformer, sans heurt, en pays résolument tourné vers la modernité.
Un pays réconcilié avec lui-même et avec son voisinage. Le secret de cette réussite : un développement humain sans précédent fondé sur l’éducation, la santé, le social et l’écologie. Contrairement aux pays du Golfe, qui se comportent comme des nouveaux riches dilapidant leurs ressources dans des projets pharaoniques tape à l’œil, dans le sultanat d’Oman, le visiteur n’est heurté par la vue d’aucun gratte-ciel. Il est agréablement surpris par un urbanisme à la dimension humaine mettant en valeur le patrimoine architectural d’un pays bien ancré dans l’histoire. Un pays qui n’a pas été dessiné, comme certains émirats mirage ou comptoir par le colonialisme, et qui fut un le centre d’un véritable empire s’étendant vers l’Asie et l’Afrique.