Plus le temps passe, plus Obama passe du statut de président de la première puissance mondiale à celui de symptôme… Avec le soutien des régimes si peu démocratiques et rivaux du Golfe, les Américains ont donc soutenu le souffle du Printemps arabe. Le résultat est calamiteux.
Si l’on voulait se persuader que les grandes démocraties occidentales subissent une crise profonde et insidieuse, sont atteintes par une maladie qui, à long terme, menace leur existence même, l’abîme qui sépare aujourd’hui l’image artificielle du président américain élu en 2008 de la réalité du monde que ses deux mandats auront laissée en apporte un signe angoissant.
On se souvient des concerts de louanges qui avaient accompagné son élection. Obama était prix Nobel de la Paix sur ses intentions. Il correspondait à l’attente de la majorité du microcosme médiatico-politique occidental, particulièrement dans notre pays. Son style décontracté, son discours politiquement correct, son multiculturalisme, ses orientations progressistes sur le plan sociétal et – cerise sur le gâteau – le fait qu’il fasse entrer à la Maison-Blanche un couple « de couleur » dans un pays dont une partie institutionnalisait le racisme il y a peu encore, faisaient de lui l’icône de la pensée unique qui règne dans le monde des médias.
Avec Obama, l’Amérique allait prendre un nouveau départ. Effectivement, la reprise économique est là. Avec des ressorts psychologiques et un contexte juridique ignorés chez nous, avec l’attractivité pour la matière grise mondiale, un culte de la destruction créatrice, mais aussi la fabrication d’une monnaie privilégiée et le gaz de schiste, les États-Unis se sont relevés. Les Américains, peu enthousiasmés par l’Obamacare et surtout moins persuadés que nous du rôle du pouvoir politique sur l’économie, ont d’ailleurs redonné la majorité aux républicains à la Chambre des représentants.
C’est surtout sur la scène mondiale que l’on attendait l’homme le plus puissant du monde, le virtuose du progressisme politiquement correct. Le discours du Caire avait dressé la route. Il fallait cesser la croisade et inaugurer avec l’islam des relations ouvertes et respectueuses afin que celui-ci puisse occuper dans le monde la part qui lui revient. En fait, il s’agissait de la poursuite de l’illusion bushienne par d’autres moyens et avec une autre philosophie. L’idée qu’un islam sunnite modéré puisse jouer au Moyen-Orient le même rôle que la démocratie chrétienne en Europe au lendemain de la guerre a paru vraisemblable. La Turquie, vieil allié qui n’a pas de problème avec sa minorité chrétienne, chassée ou exterminée, offre d’ailleurs un modèle puisqu’un parti islamiste conservateur y est majoritaire et a mis fin à la mauvaise habitude des coups d’État militaires.
Avec le soutien des régimes si peu démocratiques et rivaux du Golfe, les Américains ont donc soutenu le souffle du Printemps arabe. Le résultat est calamiteux. Parce qu’on a cru sauver les habitants de Benghazi de la féroce répression de Kadhafi, c’est la totalité de la Libye qui est en guerre tribale. Les ambassades occidentales y ferment les unes après les autres. La situation libyenne pèse sur tout le nord de l’Afrique et singulièrement sur le Sahel où la France est engagée. La Syrie est en proie à une atroce guerre civile. L’Irak, pour la démocratisation duquel des milliers d’Américains sont morts, est tenu en partie par des fanatiques particulièrement sanguinaires. Dans ces deux pays, la minorité chrétienne est persécutée par les islamistes dans une relative indifférence occidentale.
Lorsqu’il a été élu, Obama jouissait d’une aura internationale telle qu’il pouvait se concentrer sur le baril de poudre israélo-palestinien. Il a laissé pourrir la situation, laissé se développer les colonies juives en Cisjordanie, s’ancrer le Hamas à Gaza et a accepté que l’autorité palestinienne soit privée de véritable pouvoir local et de légitimité internationale. Aujourd’hui, le baril explose à nouveau.
La leçon la plus angoissante pour l’avenir n’est pas que de tels hommes dénués de vision et de clairvoyance puissent être portés à ce niveau de responsabilité, c’est qu’ils soient adulés par la sphère médiatique superficielle qui fait l’opinion dans nos grandes démocraties et dont BHL est, chez nous, l’illustration parfois tragi-comique à force d’être caricaturale. Que le monde occidental soit un train qui fonce vers sa propre disparition avec pour fond sonore la musique gaie et entraînante des optimistes béats, des ravis du multiculturalisme et de la mondialisation, voilà la signification la plus lourde du bilan catastrophique d’Obama.
Christian Vanneste est un homme politique, ancien député UMP, président du Rassemblement pour la France.
Source : Boulevard Voltaire
https://www.bvoltaire.fr/christianvanneste/obama-president-symptome,96220