Le nouvel envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour les Grands Lacs est un Algérien. Saïd Djinnit, 60 ans, diplômé de l’École nationale d’administration d’Alger, remplace Mary Robinson, ex-présidente de la république d’Irlande.
Saïd Djinnit bénéficie d’une longue expérience dans la diplomatie internationale, notamment au sein de l’Union africaine dont il fut le premier Commissaire pour la paix et la sécurité où il a eu à traiter des conflits comme celui du Darfour, après avoir occupé divers postes dont celui de Secrétaire général adjoint aux Affaires politiques.
Saïd Djinnit s’est forgé, au sein de l’UA, une expérience exceptionnelle en matière de processus de paix. Ethiopie-Erythrée, RDC, Burundi, Comores, Madagascar, Sierra Leone, RCA, Côte d’Ivoire, Liberia, Soudan, Somalie, autant de terrains brûlants sur lesquels il est intervenu, avec succès comme dans le cas de l’accord d’Alger entre l’Éthiopie et l’Érythrée en 2000.
Les talents diplomatiques de Saïd Djinnit se sont également exercés au sein de l’OUA, puis de l’UA dans le contextes d’initiatives tels que le Protocole sur le Conseil de Paix et sécurité (2002), ou encore la définition d’une politique africaine commune de défense, le traité établissant la Communauté économique africaine, la charte africaine sur les droits humains et des peuples, sur les droits des femmes en Afrique, entre autres.
En tant que diplomate, il fut chargé d’affaires de l’ambassade algérienne à Bruxelles et chef adjoint de mission à Addis Abeba.
C’est donc, fort d’une longue expérience, qu’il est nommé, en 2008, représentant spécial de Ban Ki-moon et chef du Bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest (BNUAO) après avoir été son représentant de haut rang auprès du Nigéria dans le contexte de la lutte contre Boko Haram.
Sa nouvelle mission dans cette région de conflits ne sera pas aisée. L’application de l’accord-cadre d’Addis-Abeba de maintien de la paix dans l’est du Congo et la mise en œuvre des déclarations de Nairobi entre la rébellion du M23 et le gouvernement seront en première ligne dans son agenda. Le problème des troupes rebelles stationnées encore à l’extérieur des frontières congolaises, en Ouganda et au Rwanda devra être réglé.
En collaboration avec les représentants de la communauté internationale, il devra obtenir le désarmement complet des rebelles hutus rwandais des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) avant la fin de l’année. Enfin, et non des moindres, Saïd Djinnit aura la délicate et difficile mission d’assurer des élections pacifiques au Burundi, au Rwanda et en RDC.
Pour l’Algérie, le choix du secrétaire général de l’ONU marque un nouveau succès diplomatique.