Placés sous le signe de la « Solidarité renforcée pour la paix et la prospérité », les travaux de la 17e Conférence ministérielle du Mouvement des Non-Alignés se sont achevés le vendredi 30 mai au Palais des Nations par l’adoption de la Déclaration d’Alger. Désormais tout est prêt pour la Conférence de Caracas qui doit marquer le soixantième anniversaire de la Conférence de Bandung.
À l’évidence, la rencontre d’Alger a été couronnée de succès dans la mesure où toute la somme d’efforts constructifs fournis par un regroupement important de ministres ou de leurs représentants, d’éminents responsables d’organisations internationales ou régionales, d’experts de haut niveau, ouvrent de prometteuses perspectives à une vision commune pour ce qui concerne l’examen et le traitement des problèmes qui se posent aux pays membres de ce mouvement, au rapprochement des perceptions et surtout à l’approfondissement des valeurs et des idéaux qui sont à l’origine de l’émergence du mouvement des pays non alignés.
Au cours de cette journée de clôture, les différents intervenants ont mis l’accent sur la nécessité de renforcer la solidarité entre les pays membres, de lancer des projets à l’effet de susciter un développement durable. En ce sens que la solidarité est au cœur même de l’existence du mouvement, de lutter contre le terrorisme et le crime organisé et transfrontalier, un fléau qui représente à la fois une menace et un défi à la communauté internationale. Un appel quasi insistant s’est fait jour également pour imposer une démocratisation du système international.
Dans son allocution de clôture des travaux de cette 17e conférence ministérielle du Mouvement des pays Non-alignés, M. Ramtane Lamamra s’est montré convaincu que l’élan de cette conférence sera une source d’inspiration et de motivation pour les états membre, une force de proposition qui cimente la cohésion et resserre la coordination sur les questions de paix, de sécurité et de développement. Elle a permis une mise en perspective globale des intérêts communs, incluant la revitalisation de la démarche et le caractère novateur des positions, relevant que les initiatives faites par les Non-Alignés ont vocation à structurer la coopération au sein du Mouvement et à conforter le rôle et le poids de ce dernier dans les relations internationales.
M. Lamamra a rappelé l’engagement du mouvement pour une démocratisation des relations internationales par la réhabilitation des prérogatives de l’Assemblée générale et un rééquilibrage du Conseil de sécurité et devant aller de pair avec une refonte des institutions économiques et financières au titre de cette réforme du système multilatéral. Dans ce contexte, l’Algérie s’honore de poursuivre la mission de coordinateur des PNA sur la revitalisation de l’Assemblée générale, a souligné le chef de la diplomatie algérienne. Il a indiqué que la réunion d’Alger a permis de mettre en exergue le lien intrinsèque entre paix et sécurité internationale et le développement en même temps que l’importance d’une coopération internationale et régionale accrue pour soutenir les stratégies de lutte contre le terrorisme associé aux réseaux de trafic de drogue et du crime organisé.
Il a souligné que les défis centraux et les enjeux cruciaux que le mouvement doit affronter dans l’avenir sont nombreux et diversifiés et constituent des repères qui exigent du mouvement un surcroît de coordination. Il a affirmé que la réunion, la première du genre au niveau ministériel, du Comité conjoint PNA- G77 qui s’est tenue hier dans la matinée, au Palais des Nations, est à même de conforter la volonté d’associer les efforts de ces deux groupes d’appartenance (PNA-G77), pour être à la hauteur des responsabilités qui leur incombent. « C’est là, sans doute le message fort qui se dégage de cette rencontre ministérielle affirmant que l’esprit d’Alger saura insuffler l’élan nécessaire pour aller de l’avant ».
Il a exhorté les membres du mouvement à porter haut le message du non-alignement, comme il y a 41 ans, lorsque le ministre des Affaires étrangères de l’Algérie, M. Abdelaziz Bouteflika, donnait rendez-vous à ses collègues à New York, pour faire ensemble l’histoire, ce qu’ils firent d’ailleurs. Rappelons que dans cette Déclaration d’Alger, les participants ont réaffirmé en priorité, la nécessité de réformer le système des Nations unies, de renforcer le rôle de l’Assemblée générale notamment dans le domaine de la paix et la sécurité internationales, de mettre en place un système multilatéral rénové, appelé au renforcement de la coopération en matière de lutte contre ce fléau transfrontalier qu’est le terrorisme, l’éradication de la pauvreté, souligné le droit légitime du peuple palestinien à un État viable, avec El-Qods comme capitale.
La Déclaration d’Alger confortera le processus du Mouvement selon les exigences actuelles
La ministre Sud-africaine des Affaires étrangères et de la coopération internationale a salué « l’engagement permanent de l’Algérie dans la réalisation des objectifs du mouvement et sa contribution dans le développement du rôle du mouvement, outre l’examen des questions internationales d’intérêt commun ». Le chef de la diplomatie sud-africaine a exprimé « sa satisfaction du progrès », enregistré lors de la conférence d’Alger, en tant qu’étape « pour les pays membres dans la consolidation de la coopération commune face aux défis du XXIe siècle. Elle a affirmé la solidarité « croissante » des pays membres qui consolidera la volonté commune des pays du MNA de réaliser la paix, le développement et la prospérité, conformément aux décisions du document final adopté par les ministres. Intervenant au nom de l’Union africaine (UA), le ministre mauritanien dont le pays assure la présidence tournante de l’UA, a affirmé que la conférence d’Alger a permis d’aboutir à des « résultats satisfaisants », qui répondent aux aspirations des délégations participantes et qui sont à même de « consolider le processus du mouvement selon les exigences actuelles ». Le groupe africain soutient le mouvement lors de cette étape, durant laquelle tout un chacun aspire à la réalisation des objectifs fixés notamment en vue d’atténuer les tensions provoquées par les phénomènes du terrorisme et du crime organisé. La crise que traverse le Mali, les répercussions de la situation actuelle en Libye, l’interconnexion entre les groupes terroristes et le phénomène du crime organisé qui touche la Libye, le Mali, le nord Nigeria et la République Centrafricaine sont des facteurs qui exigent « notre solidarité et une action commune en vue de trouver les meilleures solutions pacifiques pour le rétablissement de la sécurité et de la stabilité dans la région ». Il a appelé à accélérer le règlement de la crise malienne, à travers un dialogue inclusif, n’excluant aucune partie, pour permettre à tout le peuple malien de vivre au sein de la paix, de l’unité et de la sécurité, conformément aux décisions de la dernière réunion tenue à Kidal.
L’UA a réitéré son soutien « à une solution juste et globale garantissant les droits du peuple palestinien à l’établissement d’un état indépendant avec El-Qods pour capitale, appelant à l’ouverture d’un « dialogue sérieux » en Syrie entre les différentes parties, en vue d’aboutir à une solution pacifique qui garantit l’unité, la sécurité et paix au peuple syrien. Concernant la réforme de l’ONU, le responsable africain a rappelé les revendications du mouvement quant à la nécessité de « revoir les règles de cette organisation afin de garantir la justice et l’équité à travers le monde, et permettre à celle-ci d’avoir un rôle actif dans la sécurité et la paix internationales notamment dans les régions à tensions ». Le porte-parole du groupe des pays d’Amérique Latine et des Caraïbes, a estimé que le document ministériel adopté à Alger et les déclarations y afférentes « est un témoignage collectif contenant des solutions pragmatiques aux problèmes internationaux dont souffrent tous les pays de l’organisation.
Il a souligné le rôle de l’ONU dans la réalisation des principes de paix et de souveraineté et des droits de l’homme, ainsi que dans la mise en œuvre des objectifs du mouvement, ce qui nécessite la révision de la réforme de l’ONU en vue d’être au service des pays du monde sans distinction aucune. Les travaux de la 17e Conférence des ministres des Affaires étrangères des pays du MNA qui s’est déroulée deux jours durant à Alger ont été sanctionnés par l’adoption du document d’Alger qui inclue la déclaration d’Alger, la déclaration sur la Palestine, la déclaration sur le désarmement et l’armement, outre la déclaration sur les technologies de l’information et de la communication et la décision sur la mémoire institutionnelle du mouvement.
Le SG du ministère des AE reçoit des chefs de délégation et plusieurs représentants de pays et d’organisations internationales
Le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Abdelhamid Bereksi Senouci, a reçu au nom du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, des représentants des pays participant à la 17e conférence ministérielle du Mouvement des pays non-alignés (MNA) dont les travaux ont pris fin jeudi dernier.
M. Bereksi a rencontré, en marge de la conférence ministérielle, le représentant permanent du Royaume de Thaïlande à l’Onu (New York), Norachit Sinhaseni, le ministre des Affaires étrangères du Bénin, Nassirou Bako Arifari, le vice-ministre vietnamien des Affaires étrangères, Hà Kim Ngoc, le ministre kényan des Affaires étrangères, le secrétaire général du ministère marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, et la chef de la délégation bosniaque. M. Senouci Bereksi Abdelhamid a également reçu plusieurs représentants de pays et d’organisations participant à la 17e conférence ministérielle des pays du Mouvement des Non-Alignés (MNA), dont Mme Susana Malcorra, la présidente de la commission de l’Union africaine (UA), Nkosazana Dlamini Zuma, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Al Arabi. Il a également reçu, au niveau bilatéral, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Nabil Fahmy, le ministre de la Coopération internationale mauritanien, Ahmed Ould Teguedi, le vice-ministre des Affaires étrangères saoudien, Abdelaziz Ben Abdallah Al Saoud, et le vice-ministre des Affaires étrangères qatari, Mohamed Ben Abderrahmane Ben Djassem Al Thani. Il s’agit également de la ministre des Affaires étrangères Malgache, Mme Harisoa Razafitrimo, du ministre des Affaires étrangères du Lesotho, Mohlabi Tsekoa, du ministre des Affaires étrangères du Bangladesh, Abul Hasan Mahmood Ali et du ministre délégué chargé de la Coopération internationale de Djibouti, Ahmed Ali Silay. Le responsable algérien a également reçu le ministre des Affaires étrangères du Sri lanka, Gamini Lakshman Peiris, le premier vice-Premier ministre serbe, Ivica Dacic.
Les Non-Alignés veulent donner à leur mouvement un élan novateur dans « L’esprit d’Alger »
Les ministres des Affaires étrangères des pays non-alignés ont exprimé leur résolution à imprimer au mouvement un élan novateur dans « l’esprit d’Alger » qui a prévalu au cours de leurs deux jours de travaux.
Après quatre jours de discussions, les participants à la 17e Conférence ministérielle du MNA ont défini jeudi soir les priorités à venir du mouvement face aux défis liés à la paix, à la sécurité, et au développement, dans un monde marqué par de profondes disparités entre le Nord et le Sud, et de déséquilibres dans l’architecture des relations internationales qui hypothèquent les efforts de développement des pays du Tiers-monde.
Dans leur Déclaration d’Alger adoptée à l’issue de leur réunion, les participants ont réaffirmé la nécessité de réformer le système des Nations unies d’une manière « juste, équitable et démocratique » et de renforcer le rôle de l’Assemblée générale notamment dans le domaine de la paix et la sécurité internationales.
Réforme des institutions internationales « en tête des priorités »
« La réforme du système des Nations unies d’une manière juste, équitable et démocratique est la clé pour la promotion d’une paix durable, de la sécurité internationale et du développement », ont-ils insisté, selon le document en Anglais remis à la presse. Pour eux, la question de refonder les institutions internationales « doit être en tête des priorités » du mouvement, et l’ONU, ‘‘en tant qu’organe multilatéral, universel et inclusif, doit être la seule organisation légitime pour répondre aux crises et défis multiples ».
L’importance de redynamiser l’Assemblée générale de l’ONU, notamment dans le domaine de la paix et de la sécurité internationales a été également soulignée. Dans ce sens, les participants à la rencontre d’Alger ont indiqué que l’Algérie, en sa qualité de coordinateur du comité de travail du Mouvement des pays non alignés sur la revitalisation de l’Assemblée générale, « est encouragée à poursuivre ses efforts visant à rétablir l’équilibre entre les principaux organes de l’ONU ».
Le texte a mis l’accent aussi sur la nécessité de mettre en place « un système multilatéral rénové » à même de permettre une « participation active de tous les États, sans exception, dans la gestion des affaires internationales »
Le document déplore le fait que « le rôle des pays non-alignés n’ait pas encore été suffisamment pris en compte dans les structures de gouvernance des principaux organes de décision internationaux » et demande que les principales décisions concernant les questions de gouvernance mondiale « ne doivent plus être l’apanage d’un petit groupe de pays ».
Par ailleurs, la déclaration plaide pour le règlement des conflits « par des moyens pacifiques » et appelle tous les pays à « éviter le recours à la force et aux menaces ou l’utilisation d’autres moyens qui violent les principes des Nations unies ».
D’un autre côté, les participants ont averti contre la « menace sérieuse » que fait peser le terrorisme sur la paix et la sécurité dans le monde, appelant au renforcement de la coopération en matière de lutte contre ce fléau transfrontalier.
« Le crime organisé transnational qui implique le trafic de drogue et les prises d’otages conduisant à des demandes de rançons » constituent également « une menace pour la stabilité des États ».
« La mise en œuvre intégrale des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies transmettra un message fort de la part de la communauté internationale dans son combat résolu contre le terrorisme », affirme le document.
« Limites et échecs des institutions de la gouvernance économique et financière mondiale »
Par ailleurs, les ministres des Affaires étrangères du MNA ont appelé au renforcement de la lutte contre la pauvreté qui affecte durement les pays démunis. « Même si le monde a connu de profonds changements au cours des dernières décennies et que des progrès ont été accomplis dans plusieurs domaines importants du développement, les États membres continuent d’être confrontés à de sérieux défis pour l’éradication de la pauvreté et pour élever leurs niveaux de développement », déplorent-ils.
Ces défis ont été « exacerbés par un environnement économique international défavorable » et par le « manque de réforme » des institutions de la gouvernance économique et financière mondiale.
Les crises de ces dernières années ont montré « les limites et les échecs » de ces institutions, et le nombre de personnes vivant dans une extrême pauvreté continue de croître dans plusieurs pays, constatent-ils. C’est pourquoi, ont-ils affirmé, « l’éradication de la pauvreté demeure le plus grand défi global auquel fait face le monde aujourd’hui et un impératif pour le développement durable ».
Les pays du MNA constatent que l’architecture économique, financière et environnementale actuelle « a échoué à répondre de façon appropriée » aux défis mondiaux actuels, et regrettent que plusieurs régions du monde en particulier les pays africains « sont exclues » de la gestion de la structure de gouvernance internationale.
S’agissant des questions environnementales, le MNA souligne que les pays développés doivent être en première ligne dans la lutte contre le changement climatique. Mais, déplore le mouvement, seuls quelques pays ont respecté leurs engagements concernant le Protocole de Kyoto sur les réductions des émissions de gaz à effets de serre (GES).
La désertification qui affecte plusieurs régions dans le monde, en particulier en Afrique, doit bénéficier d’une « attention prioritaire de la part de la communauté internationale », affirme-t-il encore.
S’agissant de la question palestinienne qui a toujours constitué un dossier important pour le Mouvement, les Non-Alignés ont souligné « le droit légitime » du peuple palestinien à un État viable, avec El-Qods comme capitale.
« Le rétablissement du peuple palestinien dans ses droits nationaux légitimes est la première condition pour une paix durable et une véritable sécurité au Moyen-Orient », ont-ils soutenu.