Que se passe-t-il au sein de Boko Haram ? Les prédicateurs djihadistes ne trouveraient-ils plus suffisamment d’audience au sein des troupes pour qu’ils soient désormais contraints d’avoir recours à des enfants ? À moins que leur cause soit devenue si désespérée que personne n’y croit plus dans les rangs des soldats… Il faut dire que ceux-ci sont très occupés à tenir, coûte que coûte, leurs dernières positions dans des villages retirés de l’extrême nord du pays. Il ne reste donc plus que les fillettes pour se faire exploser – sous la menace ou la contrainte – au sein d’une foule ou à proximité des forces de sécurité. Le procédé est révulsant, surtout pour les habitants du Nord qui sont musulmans, en général d’obédience soufie, et n’admettent pas que l’on s’en prenne à la vie des enfants.
Chaque acte kamikaze de ce type, à Maiduguri en décembre 2016, dans la mosquée de Dalori en janvier 2017 et près du camp de déplacés de Banki en février, commis par des petits de 8 à 10 ans, accroît dans une proportion considérable l’impopularité de Boko Haram. « Si l’objectif est de faire pression sur la population, et notamment sur les déplacés qui vivent – misérablement – à Banki, c’est raté, commente un responsable de la sécurité fédérale. Bien au contraire, les hommes commencent à se rassembler, à se mobiliser et ils envisagent de retourner dans leurs villages pour mieux combattre la menace djihadiste qui les met finalement en colère, les prive de leur postérité et de tout ce en quoi ils croient. » Paradoxalement, le pouvoir voit d’un fort mauvais œil cette prise de conscience qui pourrait conduire vers la formation de milices « privées », lesquelles, à terme, risquent à leur tour de devenir incontrôlables.