Cinquante-six délégations, soit cent vingt-cinq représentants officiels, étaient présentes les 13 et 14 novembre à Paris, dans les salons de l’hôtel Intercontinental, en réponse à l’invitation de la République du Niger à participer à une table ronde sur le financement de son Plan de développement économique et social (PDES) 2012-2015. Le ban et l’arrière-ban des grandes organisations d’aide au développement s’y sont assis : le premier vice-président de la Banque africaine de développement (bad), Emmanuel Ebot Mbi, au coude à coude avec Kadré Ouédraogo, président de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), Cheikh Hadjibou Soumaré, le président de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), non loin de la Bulgare Kristalina Georgieva, commissaire à l’Action humanitaire de l’Union européenne. La plupart des grandes agences des Nations unies étaient là, Banque mondiale en tête, ainsi que les organisations caritatives comme Africare ou Plan. La Banque islamique de développement (Bid), le Croissant-Rouge du Qatar, l’Organisation de la conférence islamique (OCI) ou encore la Ligue arabe complétaient le tableau. Au rang des partenaires bilatéraux, la France, la Suisse, le Luxembourg, la Russie, le Japon, la Chine, l’Espagne, le Danemark, les États-Unis ou encore la Grande-Bretagne étaient représentés.
Il s’agissait donc de s’entendre sur les moyens à octroyer au Niger pour qu’il mène à bien son ambitieux PDES, auquel vient s’adjoindre une « initiative 3N », autrement dit : les Nigériens nourrissent les Nigériens, dont le but est de remédier à l’insécurité alimentaire. Il repose sur trois axes majeurs : développement de l’agriculture via les exploitations familiales et les marchés locaux, développement du secteur privé, renforcement et modernisation de l’administration de façon à optimiser les politiques publiques. Outre les préoccupations habituelles, c’est-à-dire les infrastructures, l’éducation et la santé, les intervenants ont insisté sur l’importance à accorder au changement climatique et, partant, à la protection des environnements naturels pour lutter contre la désertification.
Le chef de l’État nigérien, Mahamadou Issoufou, est conscient du contexte international difficile, mais « l’aide publique au développement est l’un des éléments de la solution à cette crise, a-t-il plaidé, car le développement des pays du Sud, nouveaux marchés en puissance, peut conduire à la relance des pays du Nord. » Il a également pointé du doigt la responsabilité des Occidentaux et des Nations unies : « La sécurité européenne se joue au Mali, a-t-il expliqué. Si les terroristes et les narcotrafiquants tiennent l’Afrique, ils tiendront l’Europe. Le Niger résiste, mais il est indispensable de trouver une solution à la crise malienne, conséquence de la crise libyenne. » On comprend, en filigrane, que le Niger espère jouer le rôle de l’îlot de stabilité dans un Sahel en proie aux incertitudes.
Le besoin financier pour l’ensemble des programmes de développement a été évalué à 10,81 milliards de dollars, une somme considérable qui doit être couverte par les ressources internes et externes. Le ministre du Plan, Amadou Boubacar Cissé, a présenté son plan de financement, mais il lui restait à trouver quelque 4,71 milliards de dollars, enjeu de la table ronde. Les annonces des présents lui ont assuré un apport de 4,8 milliards de dollars, soit plus de 100 % des besoins… Reste à espérer que les promesses – qui n’engagent que ceux qui y croient – deviendront réalité.