Deux apparitions publiques du Secrétaire général du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah en moins de 24 heures à l’occasion de la commémoration de Achoura.
Au lendemain de l’appel du secrétaire général du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, à une participation massive à la marche de Achoura (commémorant le martyre de l’imam Hussein, petit-fils du prophète Mohammad, à Kerbala), en dépit des menaces d’attentats, des centaines de milliers de personnes se sont mobilisées à Beyrouth et dans d’autres régions du Liban. Dans la Békaa, la chute de plusieurs roquettes sur la localité de Nabi Chit, tirées par des rebelles syriens, n’a pas empêché une foule nombreuse de participer aux cérémonies.
Comme il l’avait fait la veille, Sayyed Nasrallah s’est adressé, ce jeudi, en personne à la foule enthousiaste massée dans le stade al-Raya, dans la banlieue sud de Beyrouth. Dans son discours, il a réaffirmé que le Hezbollah ne se retirera pas de Syrie tant que le danger persistera. «Ceux qui lient la formation du gouvernement au Liban au retrait du Hezbollah de Syrie posent une condition rédhibitoire», a-t-il dit.
Le chef du Hezbollah avait procédé, mercredi soir, pendant une heure et quart, à une lecture détaillée des développements régionaux et de leurs implications libanaises, critiquant sévèrement l’Arabie saoudite, qu’il a accusée de collusion avec Israël. Selon lui, l’Etat hébreu «a usé de toute son influence pour pousser les États-Unis à lancer une agression contre la Syrie, mais il a échoué, a-t-il ajouté. Actuellement, à l’heure des négociations entre l’Iran et le groupe qu’on appelle 5+1, et à l’heure où un accord est discuté, Israël manifeste sa colère car il désire la guerre. Or les États-Unis ne sont plus en mesure de mener une guerre pour des raisons politiques, économiques et sociales. Le projet d’Israël dans la région est la guerre, le démembrement et la partition de la région.»
Dans ce projet, Israël n’est pas seul. Se tiennent avec lui «certains pays arabes», a souligné Sayyed Nasrallah. «Il est déplorable que Netanyahu soit devenu le porte-parole de certains pays arabes», a-t-il dit. Le chef du Hezbollah a ensuite évoqué les défis auquel est confronté le Liban: l’espionnage israélien, la convoitise par l’Etat hébreu de ses richesses pétrolières et gazière. Pour faire face à ces échéances, il a plaidé pour la solidarité nationale. S’adressant à ses adversaires politiques, Nasrallah a déclaré: «Nous ne voulons pas éliminer l’autre camp au Liban. Il existe dans notre pays deux camps, et il n’y a d’autre alternative que le dialogue pour définir l’avenir. La meilleure formule du gouvernement est celle basée sur l’équation 9-9-6. Pourquoi la formation du gouvernement est retardée? Franchement, parce que l’Arabie saoudite a demandé au 14 Mars de ne pas s’engager sur la voie de la formation du gouvernement car la situation changera en Syrie. Nous avons souligné que la situation en Syrie est très complexe et qu’il faut donc dissocier le Liban de la crise en Syrie. Les développements sur le terrain montrent d’ailleurs que la situation évolue dans le sens contraire à ce qu’ils souhaitent. S’ils désirent attendre dans l’espoir d’enregistrer une victoire en Syrie, je leur dis alors qu’ils ne gagneront en aucune façon sur le terrain syrien.» Et Nasrallah de poursuivre: «Maintenant, ils disent que s’il y a accord entre l’Iran et l’Occident sur le dossier nucléaire, le problème du Hezbollah sera alors réglé. Ils s’imaginent que s’il y a accord, l’Iran demandera au Hezbollah de se départir de ses responsabilités nationales et de livrer le pays à l’autre camp. Celui qui connaît l’Iran devrait savoir qu’il s’agit là de balivernes. S’il n’y a pas d’accord, la région se dirigera vers la guerre et les autres devraient alors être plus inquiets que nous. S’il y a accord, notre camp sera dans ce cas plus fort et plus puissant. Est-ce que nos alliés nous ont jamais trahis ou nous ont laissé tomber un jour? Nous avons confiance dans cette alliance. Quant à vous, combien de fois vos alliés vous ont laissé tomber et vous ont déçus?», a conclu le leader du Hezbollah.
Médiarama
14 novembre 2013