De quoi parlez-vous à vos compatriotes de l’extérieur ?
Il s’agit de les informer sur trois axes principaux : la vie de la nation, la vie du parti et la mise en place des organes dirigeant le parti à l’étranger. En ce qui concerne le premier point, je leur parle surtout des grands chantiers en cours : le bitumage des routes vers le Mali, le Niger ou la Côte d’Ivoire ; le pôle de croissance de Bagré, projet pilote dans le secteur agro-industriel, et les infrastructures de service qui l’accompagnent ; le financement du nouvel aéroport de Donsin… Mais je leur parle aussi l’éducation de base, qui est désormais à la portée de tous les enfants burkinabè… Bref, tout ce qui contribue au développement.
Pourquoi le parti se charge-t-il de cette information, et non les ministères concernés ?
Nous sommes le parti au pouvoir, et à ce titre, nous sommes comptables de ce que fait le gouvernement. Nous avons des compatriotes qui ont quitté le pays il y a fort longtemps et ne sont pas obligatoirement au courant de ce qui s’y passe.
Avez-vous la volonté d’encourager les retours des Burkinabè au pays ?
Non, mais la diaspora burkinabè devient de plus en plus importante en quantité et en qualité. Nous avons maintenant des hommes qualifiés qui sont autant de ressources pouvant être utiles au pays. La diaspora a toujours contribué financièrement au développement. Mais nous attendons maintenant sa contribution à la prise de décision. C’est ce troisième volet qui est aussi au cœur de ma préoccupation. Sur le plan politique, nous voulons aussi informer nos camarades sur la situation générale du pays et, enfin, en ce qui concerne le parti, nous leur faisons part de la nouvelle structuration pour l’extérieur du Burkina.
Quelle est la position du parti sur le projet de création du Sénat, qui n’a pas que des partisans ?
Nous sommes favorables à la création du Sénat. Le Collège des sages avait préconisé la mise en place d’une seconde Chambre et, lors de la campagne électorale de 2010, le président Compaoré s’était engagé à le mettre en place s’il était élu. Il l’a été avec plus de 80 % des voix. Par ailleurs, l’Assemblée nationale a voté la loi portant composition et fonctionnement de ce Sénat. C’est à ce niveau que, dans la société civile, il y a eu des divergences. Le président a demandé que l’on poursuive la concertation. Mais dès le départ, lors de la concertation nationale sur les institutions, une partie de l’opposition a refusé cette seconde Chambre, qui est pourtant utile.
Pourquoi est-elle utile ?
Il faudrait que les lois votées par l’Assemblée nationale puissent faire l’objet d’une seconde lecture, par des personnalités ayant davantage de recul sur les questions débattues, issues des syndicats, du patronat, de la diaspora ou prises parmi les chefs coutumiers et religieux. Cette diversité d’horizons permettrait d’éviter, par exemple, de futurs conflits sociaux.
Blaise Compaoré achève son second et dernier mandat, selon les termes de l’actuelle Constitution. Les opposants disent que le Sénat va servir à réformer la loi fondamentale pour lui permettre de briguer d’autres mandats…
La Constitution possède un article 37 qui suggère qu’il y a une réforme possible, soit par voie législative, soit par voie référendaire. Pour l’instant, le président ne s’est pas prononcé sur une éventuelle prolongation du nombre de ses mandats. Certes, il y a un appel interne au parti en faveur de sa reconduction. Quand il se sera prononcé, en ce qui me concerne, je serai d’avis de faire un référendum national, car Blaise Compaoré est au-dessus du parti, il est le président de tous les Burkinabè.
Il n’a pas de dauphin, actuellement ? Un « successeur » qui serait formé au sein du parti ?
Non, nous avons beaucoup de compétences, mais il demeure actuellement le seul fédérateur… Sachez que nous ne « fétichisons » pas cet article 37, mais nous pensons que dans le contexte sous-régional de crise et d’insécurité, le rôle de médiateur du président Compaoré est irremplaçable. Et il a encore du travail à faire.