D’une façon générale, le sud de notre continent a vécu une période bien agitée, avec des secousses qui peuvent se prolonger avec des effets plus ou moins nuisibles. Celle qui a frappé l’Afrique du Sud, avec le massacre des travailleurs des mines de platine, au mois d’août, a certes été la moins prévisible. Après que la police eut tué quarante-quatre mineurs à Marikana, on a voulu juger les survivants, considérés comme étant les responsables. Par la suite, des dirigeants syndicalistes ont été tués chez eux ou dans la rue. Le spectre de l’apartheid s’est réveillé, mais, cette fois-ci, avec des policiers noirs tuant des Noirs. Seuls les détenteurs du capital sont demeurés les mêmes. Jacob Zuma fragilisé ? Oui, pendant que sont renforcés tous les populistes et extrémistes.
La Tanzanie et le Malawi se disputent, agités par la forte odeur du pétrole et du gaz du lac Niassa – dont le Malawi, sous le règne de feu Hastings Banda, avait unilatéralement changé le nom en lac Malawi. Rêve de reconstituer l’empire Marávi ? Il est vrai que, selon des accords datant du xixe siècle signés par l’Empire britannique, un pêcheur tanzanien, une femme qui se baigne ou lave son linge dans le lac viole la frontière. Il arriverait la même chose à un Mozambicain sur le lac Chilua, ou un citoyen du Malawi sortant du territoire enclavé de l’île de Likoma. Des aberrations que tout le monde ignorait, mais qui deviennent importantes lorsque des ressources sont découvertes.
Même si les parties intéressées, le Malawi et la Tanzanie, déclarent vouloir résoudre le conflit devant la Cour internationale de justice à La Haye, des cris guerriers ont été lancés. Pourtant, le Malawi, qui doit faire face à une grave crise économique et financière et qui est dépourvu de combustibles, ne peut s’offrir le « luxe » d’une guerre, même toute petite. Espérons que la sagesse finira par prévaloir.
Au Zimbabwe, la rumeur court sur les aventures sentimentales du premier ministre Morgan Tsvangirai, leader du Mouvement pour le changement démocratique (MDC). Depuis le début de l’année, sept femmes ont révélé avoir eu des liaisons cachées avec lui et, dans quelques cas, des enfants seraient nés. Le monopole de la promiscuité n’est pas l’apanage unique de Jacob Zuma (ou des dirigeants européens) !
En Angola, le président José Eduardo dos Santos, le vice-président Manuel Vicente et les députés, tous élus fin août, ont prêté serment fin septembre. Avec près de 72 % des voix, le MPLA sort largement victorieux du scrutin, alors que le FLNA a pratiquement disparu que les divisions dans l’Unita l’ont empêché de ratisser plus large. Malgré quelques dénonciations des vaincus (dont certains ont même repris l’argument selon lequel Dos Santos ne serait pas angolais), tous les observateurs et les organismes chargés des élections ont validé les résultats. Pas de secousse de ce côté-là…
En grande fanfare, au Mozambique, le parti au pouvoir, le Frelimo, a célébré son 50e anniversaire et tenu son 10e Congrès à Pemba, capitale de la province le plus au nord, Cabo Delgado. Plusieurs entreprises de pétrole et gaz font du forage sur les côtes. Pemba est la troisième baie naturelle au monde, une côte paradisiaque, avec des îles fantastiques où, aujourd’hui, seuls les grands de ce monde accèdent : une nuit, avec bien sûr du caviar Beluga au champagne Moët-Chandon, vous coûtera quelque 2 000 euros par personne.
Le Congrès a largement confirmé la présidence de Guebuza jusqu’en 2014, lorsque s’achèvera son deuxième et dernier mandat en tant que chef d’État. Donc, là, pas de surprise non plus. Les changements significatifs apparaissent en revanche dans la relève des générations. Au Comité central seul Marcelino dos Santos demeure. Il est le dernier du groupe qui a créé le Frelimo avec Mondlane. Des militaires de l’épopée de la guerre de libération nationale restent également dans la commission politique : Chipande, qui a donné le premier coup de fusil le 25 septembre 1964, et Pachinuapa, commandant de la région militaire de Cabo Delgado jusqu’à l’indépendance. La surprise vient plutôt de la sortie de la commission politique d’Aires Aly, premier ministre jusque-là, et de Luisa Diogo, ancienne première ministre. Alberto Vaquina, médecin de carrière, qui a gagné ses galons en tant que gouverneur de Sofala et Tete, entre à la commission politique et remplace Aly en tant que premier ministre. Sera-t-il le présidentiable de 2014 ?
De toute façon, on note un net rajeunissement dans la composition des organes de direction. Vaquina n’a pas encore 50 ans, la plupart des membres de la commission politique y compris les six femmes – sur un total de quatorze membres élus ou réélus –, ainsi que les sept membres du secrétariat, dont deux femmes, n’ont pas plus de 50 ans. L’heure de la relève générationnelle semble avoir sonné. S’il est indéniable que le temps ne pardonne point, il y a un capital d’expérience qu’il faut savoir valoriser, le risque étant de jeter le bébé avec l’eau du bain.