En visite à Washington avant de rejoindre Londres pour l’ouverture des jeux Olympiques, le premier ministre haïtien, Laurent Lamothe, n’a pas assisté lui-même au 19e Sommet de l’Union africaine (UA), qui s’est tenu à Addis Abeba entre le 9 et le 16 juillet. C’est son ministre de la Communication, envoyé spécial auprès de l’UA, Ady Jean-Gardy, qui s’est entretenu avec la nouvelle présidente de la Commission, Nkosazana Dlamini-Zuma. Haïti est toujours en attente de son adhésion plénière à l’UA. Pour que celle-ci soit finalisée – par un vote à la majorité simple des États membres –, il faut opérer une petite mais indispensable modification constitutionnelle. En effet, l’Acte constitutif de l’UA, signé à Lomé (Togo) le 11 juillet 2000, stipule dans son article 29, alinéa 1 : « Tout État africain peut, à tout moment après l’entrée en vigueur du présent Acte, notifier au président de la Commission son intention d’adhérer au présent Acte et d’être admis comme membre de l’Union. » Or Haïti n’est pas un État africain…
Un léger toilettage devrait permettre d’inclure dans la Constitution les « États indépendants membres de la diaspora africaine », leur donnant ainsi accès au-delà du simple statut de « membre observateur », qui est celui d’Haïti actuellement. Les juristes de l’UA planchent actuellement sur ce sujet. Il reste à savoir sur quels critères peuvent être définis qui sont les « États de la diaspora africaine », mais il s’agira vraisemblablement des pays indépendants de l’archipel des Grandes Antilles, au nombre desquels figurent Cuba, la Jamaïque ou encore la République dominicaine, l’autre portion de l’île d’Hispaniola où se trouve Haïti. Si, sur le plan technique, la modification constitutionnelle ne présente pas une grande difficulté de rédaction, peut-être en ira-t-il autrement sur le plan politique, compte tenu de la « personnalité » de certains États et des relations – parfois tendues – qu’ils peuvent entretenir sur la scène internationale.
En attendant, Ady Jean-Gardy a pris langue avec plusieurs chefs d’État africains ; le petit pays des Caraïbes pourrait bien recevoir, dans les mois qui viennent, la visite des présidents du Togo, de Côte d’Ivoire, de Guinée, du Rwanda, du Burundi, de Tanzanie, le premier ministre éthiopien Meles Zenawi, Ismaïl Omar Guelleh de Djibouti, ses homologues d’Ouganda, du Congo, du Nigeria, du Bénin ou d’Afrique du Sud… C’est dire l’engouement que suscite sur le continent la première République noire de l’histoire de l’humanité. La future collaboration se fera sur les plans économique et, surtout, politique à plusieurs niveaux : avec l’UA en tant qu’organisation continentale, mais également avec les autres grandes institutions supra-étatiques, comme la Banque africaine de développement (Bad). Un projet est également en cours d’élaboration avec l’Arabie Saoudite, membre observateur de l’UA, dans le domaine de la communication ainsi qu’avec le Koweït, qui s’est dit prêt à fournir près de 100 millions de dollars pour soutenir les programmes pour la sécurité alimentaire en Haïti.
Le président Michel Martelly participera également au 14e Sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie, qui aura lieu du 12 au 14 octobre 2012 à Kinshasa. Il devrait s’y exprimer sur la vision haïtienne de la gouvernance mondiale. Il a d’ores et déjà proposé la médiation de son pays dans la recherche de la paix dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), en proie à une résurgence de la rébellion.