Pourquoi avoir appelé cet album Contagieuse ?
Ce qui est contagieux, c’est ce qui se communique très facilement. Comme la musique. C’est un mot neutre qui, malheureusement, a une connotation péjorative, notamment à cause des épidémies. Disons que je voulais tourner la page et revisiter ce mot à ma manière. J’aime bien le côté partage et généreux qu’il évoque. Être contagieux, c’est aussi le rapport à l’autre, ça implique plusieurs personnes. On baisse son immunité en laissant l’autre nous approcher. Et c’est ce qui s’est passé pendant ces dernières années à travers mon album précédent. J’ai été touchée par les gens qui m’ont montré leur amour, leur soutien et permis de me redécouvrir, car on apprend sur soi en s’exposant aux autres. Cela m’a donné envie de leur rendre la pareille. C’est ce qui m’a poussée à écrire cet album.
Dans certains morceaux de l’album, vous adoptez un style de chant oriental, arabisant. Quels sont les artistes issus du monde arabe qui vous ont inspiré ?
Il y en a énormément. Je suis née et j’ai grandi en Algérie jusqu’à l’âge de 18 ans. Donc, sans le savoir ni même le vouloir – car étant sur place on cherche souvent ce qui se fait ailleurs –, ce qu’on écoutait à travers les radios, les marchés, c’était du chaabi, du raï, de la musique populaire algérienne… Pour citer quelques artistes, je dirais qu’il y a eu Khaled, Cheb Housni, Cheb Mami, Idir, Abdelhalim el-Havez, Warda et tant d’autres… Tous ces artistes m’ont influencée, car ils étaient présents dans ma vie. Pour le titre « Un peu beaucoup » par exemple, je ne me suis pas dit : « Tiens, et si je chantais de manière orientale ? » C’est venu naturellement. À vrai dire, dans ce morceau, je voulais amener un côté redondant, un peu comme une berceuse. Donc, inconsciemment, j’ai peut-être cherché mon enfance (rires).
Abordez-vous, dans le morceau « Divisés », la colonisation française en Algérie ?
Pas du tout. En fait, j’ai écrit ce morceau pour que chacun se l’approprie à sa marnière. Ça peut toucher un Tibétain ou un couple qui n’arrive pas à être ensemble à cause de leurs familles, ou parce qu’ils sont de religion différente. J’ai voulu faire réfléchir. Et moi-même, dans cette chanson, je réfléchis à haute voix en me demandant pourquoi l’être humain a besoin de pointer du doigt ce qui est différent. De créer des castes ou des hiérarchies. Je dis : « Ils nous ont divisés. » Mais qui sont « ils » ? Ça peut être vous, moi, tout le monde… J’ai fait exprès d’aborder ce morceau de manière humaine et non politique.
Vous avez écrit pour des chanteurs comme Idir. Pouvez-vous nous parler de cette expérience ?
C’est un artiste qui m’a influencée et que j’ai beaucoup écouté, donc c’était un honneur d’écrire pour son album La France des couleurs. En fait, bien avant l’album Dima, j’avais écrit une chanson voix-guitare en me disant qu’Idir pourrait l’interpréter. Je suis donc partie le voir au culot dans les coulisses d’un concert pour lui proposer le texte. C’était la première fois que je le rencontrais. La boule au ventre, j’ai joué devant lui et tous ses musiciens et il a trouvé cela magnifique. Il a donc accepté de la chanter, à condition que je sois également sur le morceau. C’est comme ça que je me suis retrouvée à travailler sur cet album.
Un dernier mot ?
Contagieuse est à écouter avec ou sans compagnie. Chacun y trouvera sa chanson selon son vécu, son état d’âme et son expérience…