Le titre consacré à la salsa (Dancing with the Saints, « En dansant avec les saints ») dans le Rough Guide suggère la référence aux racines afro-cubaines de la salsa, genre latin par excellence. Synthèse des formes principales (le son, la rumba, la guaracha) issues du chaudron de l’île de Fidel Castro, elle acquiert sa dimension internationale avec l’apport d’autres musiques venant de Porto-Rico et de Colombie. Une convergence de styles et d’artistes qui explose à la fin des années 1960 dans les milieux hispanophones des États-Unis, notamment dans les barrios de New York. Parmi ces musiciens exilés qui commencèrent par se frotter aux big bands de jazz, Celia Cruz devint vite la star féminine.
La compilation The Absolute Collection de son œuvre retrace l’itinéraire de l’immense chanteuse qui avait entamé en 1950 sa carrière à Cuba en tant que vocaliste de la Sonora Matancera. Émigrée aux États-Unis en 1960, Celia de la Caridad Cruz Alfonso, qui était née et avait passé son enfance dans le quartier pauvre de Santo Suarez, à La Havane, fit, une année après, son entrée triomphale en concert dans la salle mythique le Hollywood Palladium.
Les collaborations avec les stars masculines de la salsa, comme Tito Puente et Johnny Pacheco, balisèrent l’époustouflante trajectoire de la diva qui répondit à l’appel des anges un 16 juillet 2003, dans sa maison de Fort Lee, dans le New Jersey, aux États-Unis.
Si les artistes s’en vont, les musiques restent et en perpétuent la mémoire. Celia Cruz danse maintenant avec les saints qu’elle aimait évoquer avec les fulgurantes envolées de sa voix de contralto. Yemaya était sa divinité préférée dont l’appel, tantôt crié, tantôt murmuré, faisait souvent apparition dans les langueurs et les jubilations de ses chansons.
The Absolute Collection est l’hommage à celle que l’on appela la Guarachera de Oriente, et dont la voix souveraine sculpta les lettres de noblesse de la musique latine entre deux millénaires.
Disque : The Absolute Collection (Sony Music).