Le président provisoire tunisien se croit-il encore, quand il s’adresse à la nation, sur le plateau d’Al-Jazeera ? Réponse à trouver entre démocrates royalistes et démocrates islamistes…
Quelles monarchies visait au juste le président provisoire tunisien Moncef Marzouki, dans son discours devant l’Assemblée constituante à l’occasion de la fête de la République ? Le Qatar ? L’Arabie Saoudite ou le royaume du Maroc ? En s’attaquant aux régimes monarchiques anti-démocratiques, en présence de plusieurs ambassadeurs, dont ceux du Golfe et du Maroc, il en a heurté plus d’un. Mais pour l’instant, seul l’ambassadeur de Sa Majesté le Roi Mohammed VI a réagi à son discours. C’est du moins la version rapportée par le journal marocain Emarrakech cité par le site tunisien business News.
Mais qu’a dit Marzouki pour qu’il frôle la crise diplomatique avec le Maroc, dont l’ambassadeur Najib Zerouali était parmi l’assistance ? Il a tout simplement déclaré que « la monarchie, même si elle cohabite avec des valeurs d’égalité, de libertés individuelles et autres droits de l’Homme, reste un régime antinomique avec la démocratie ». Rien de moins ! Il a ajouté : « À la tête de l’État, se retrouve un citoyen qui bénéficie d’un droit dont il est seul dépositaire, il y reste à vie et le transmet à un héritier de son choix sans que le peuple ait son mot à dire ».
Selon le média marocain, Najib Zerouali, qui écoutait les paroles incendiaires du président tunisien, a réagi, à travers l’agence de presse allemande DPA, à qui il a précisé qu’au Maroc, « la monarchie est un patrimoine multiséculaire, les Marocains l’adoptent parce qu’elle est proche d’eux et est à leur écoute ». L’ambassadeur a ajouté que « la synergie existant entre le trône et le peuple s’est fortement illustrée à travers la proposition par le Roi et l’adoption par le peuple de la constitution de juillet qui marque le point de grande interaction, dans le bon sens, entre les institutions du pays et le peuple… Une interaction que nous souhaitons à la Tunisie », a conclu le diplomate marocain. Zerouali évoquait vraisemblablement le conflit latent entre la présidence de la République tunisienne, supportrice d’un régime semi-présidentiel, style Ve République française, et le gouvernement islamiste, orientant sa majorité à la Constituante, à adopter un régime parlementaire où les pouvoirs seraient détenus par le seul premier ministre, selon le même journal.
Ces paroles peu diplomatiques de Marzouki, qu’une certaine presse tunisienne surnomme « tartour » (en dialectal tunisien : personnage insignifiant, de décor), a en tout cas déclenché à l’autre bout du Maghreb l’ire de certains éditorialistes défenseurs du trône. Cette querelle intempestive entre ces deux frères maghrébins, tous deux faisant partie du club dit des « Amis du peuple syrien » ne va pas tarder à animer certains sites algériens qui se frottent les yeux devant ce combat de coqs entre démocrates royalistes et démocrates islamistes ! Feuilleton à suivre.