En dépit de ses quatre-vingts ans, de ses trébuchements continus et de ses gaffes à répétition, l’État profond a décidé de maintenir la candidature du président américain Joe Biden aux élections présidentielles de 2024. Ce qui amène tout observateur ou analyste politique à se poser la question fondamentale : quelles sont les raisons qui poussent les décideurs aux États-Unis à le choisir pour continuer à occuper une position aussi importante, sensible et dangereuse, alors qu’il risque de provoquer une guerre nucléaire mondiale pouvant conduire à l’anéantissement de l’humanité ?
Par Mohammad Sadek al-Houssaïni
Parmi ces raisons, les plus importantes sont les suivantes :
- La faiblesse physique et mentale, dont souffre le président américain, le rendent incapable de diriger le pays d’une manière rationnelle, d’où une marge de manœuvres plus large pour les piliers de l’État profond, les agences militaires et du renseignement, leur permettant de faire passer leurs propres décisions au niveau de la Maison Blanche et même au niveau du Congrès américain, afin de poursuivre la politique d’agression militaire partout dans le monde.
- Dans un tel contexte, nous observons que la diplomatie des États-Unis d’Amérique -qu’elle soit militaire, menée par le secrétaire à la « Guerre » ou le chef d’État Major des armées, le général Mark Milley, lors de leurs déplacements dans nombre de capitales ; qu’elle soit politique, menée par le président, son administration et le Secrétaire d’État, Anthony Blinken,- est une diplomatie qui verse entièrement dans la mobilisation militaire tapageuse contre la Chine populaire, la Fédération de Russie et la République islamique d’Iran.
- Ainsi, il est prévu que le président américain assiste au sommet du G7 qui se tiendra du 19 au 21 mai 2023 à Hiroshima, la ville japonaise rasée par une bombe nucléaire américaine en 1945, où il invitera les laquais de Washington à imposer davantage de sanctions à la Chine, la Russie et l’Iran. Un épisode supplémentaire destiné à alimenter la crise internationale et à ouvrir la voie d’un affrontement nucléaire que les puissances de guerre américaines, dirigées par l’État profond, cherchent à mener vers la déflagration, au bénéfice du complexe militaro-industriel aux États-Unis en particulier et des multinationales en général.
- Il est également prévu que le président américain se rende à Sydney le 24 mai 2023 pour assister au sommet du QUAD. Une organisation formée par les États-Unis, le Japon, l’Inde et l’Australie, que Washington travaille à transformer en un système de sécurité militaire principalement dirigé contre la Chine et la Russie : d’autant plus que l’annonce de l’accord de coopération tripartite anglo-saxonne AUKUS [rendu public le 15 septembre 2021] qui regroupe les États-Unis d’Amérique, la Grande-Bretagne et l’Australie a été suivi par la décision de fournir à l’Australie des sous-marins à propulsion nucléaire capables de transporter des ogives nucléaires.
Une décision qui, là aussi, n’a d’autres cibles que la Russie et la Chine, avec le déclenchement de guerres dans les régions de l’Asie du Sud-Est et de l’océan Pacifique Nord. Décision à laquelle il faut ajouter le lourd déploiement militaire américain au Japon, en Corée du Sud et dans toutes les mers chinoises, sous prétexte de préserver la « liberté de navigation » dans ces zones sensibles.
De plus, le projet américain, en cours de réalisation, consistant à établir quatre nouvelles bases américaines aux Philippines, dont une au nord du pays à une distance relativement proche de l’île chinoise de Formose dissidente de la mère patrie, la rencontre prévue du président américain avec les chefs d’un groupe de pays des petites îles du Pacifique lors de sa prochaine visite à Sydney, ainsi que l’annonce récente du département d’État américain concernant son intention d’ouvrir un consulat américain sur l’île de Tonga dans le Pacifique, pourraient constituer autant de preuves supplémentaires quant aux intentions de Washington de militariser le Pacifique et d’y accélérer la mobilisation stratégique en vue de déclencher une série de guerres entre les pays de la région et d’étendre son champ d’action à la République populaire de Chine, alors que nous assistons au réveil du militarisme japonais qui menace gravement la stabilité internationale.
- Et puis, il convient de rappeler que le ministère de la Défense des États-Unis et notamment le département de l’Air Force, a déployé des escadrons de chasseurs de type A10 [Thunderbolt] dans des bases militaires américaines au Qatar et en Jordanie. Et, d’après le quotidien saoudien Asharq Al-Awsat du 29 avril 2023, il leur aurait fourni des bombes « intelligentes » du type GBU-39 capables de pénétrer de plusieurs mètres le béton armé utilisé dans la construction des fortifications militaires et la protection d’installations industrielles sensibles.
D’après les observateurs, ce déploiement ferait partie de la campagne de pressions multiples contre l’Iran dans une tentative désespérée de le décourager d’approfondir sa coopération militaire, notamment sa coopération navale, avec les marines chinoise et russe et de poursuivre les exercices conjoints dans l’ouest de l’océan Indien, afin de contrer les rodomontades de la flotte américaine et ses menaces pour la navigation internationale dans la région.
Ainsi, l’État profond américain dirigé par Joe Biden a non seulement déclenché une guerre dévastatrice en Europe, dans le but de détruire l’État russe et de s’emparer de ses richesses naturelles, mais travaille actuellement à un rythme effréné à préparer de nouveaux théâtres de guerre en Asie du Sud-Est, là où se concentrent des intérêts stratégiques pour la Chine et pour la Russie.
- Quant à l’indicateur le plus dangereux des intentions belliqueuses de Washington et du renforcement de sa mobilisation militaire en Asie du Sud-Est, il réside dans la déclaration conjointe américano-sud-coréenne à propos de ce que Washington a qualifié de renforcement de la dissuasion nucléaire en Asie ou, plus exactement, à propos de la participation de la Corée du Sud au contrôle des armes nucléaires américaines dans cette région du monde.
Il est vrai que Edgard Kagan, assistant spécial du président et premier directeur pour l’Asie de l’Est et l’Océanie du Conseil de sécurité nationale des Etats-Unis, a tenté d’atténuer l’impact de cette dernière décision américaine. Sa déclaration a été publiée par l’Agence sud-coréenne « Yonhap » le 28 avril 2023 : « La Déclaration de Washington, adoptée par les présidents sud-coréen et américain lors de leur sommet et qui vise à renforcer la dissuasion étendue des États-Unis envers la Corée du Sud, n’est pas un accord de partage des armes nucléaires entre les alliés ». [*]
Il va sans dire que les déclarations de ce haut responsable américain ne sont rien d’autre que de la poudre aux yeux. En effet :
- Le nœud du problème n’est pas de savoir à qui appartiennent légalement ces armes de destruction massive, mais plutôt l’octroi du droit de leur utilisation aux militaires sud-coréens, notamment lorsqu’il s’agit de bombes nucléaires tactiques B-61/12 qui peuvent être lancées par la plupart des chasseurs américains, leur puissance destructrice pouvant atteindre l’équivalent de mille deux cent cinquante-trois kilotonnes de TNT, c’est-à-dire 83 fois la bombe nucléaire américaine larguée sur Hiroshima en 1945.
- Plus grave encore est le fait que les organisations militaires américaines accordent aux commandants de leurs bases, qui stockent cette arme dangereuse, le droit d’ordonner son utilisation sans avoir besoin d’en référer au département de la Défense ou à l’administration américaine, parce qu’il s’agit d’une arme tactique et non stratégique, en dépit de sa nature massivement destructrice.
Par conséquent, c’est la recette sûre pour déclencher une guerre à grande échelle, à défaut d’une guerre nucléaire mondiale. Et ce, car Washington et Séoul pourront l’utiliser contre la Corée du Nord en prétextant une frappe préventive destinée à « empêcher une attaque nucléaire nord-coréenne » contre la Corée du Sud, l’alliée de Washington et l’un de ses principaux outils dans l’escalade des tensions militaires en Asie du Sud-Est.
Nous sommes toujours en vie. Dites Alleluia !
Mohammad Sadek al-Houssaïni
04/05/2023
Traduction de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal
Source : Al-Binaa
الحشد الاستراتيجي الأميركي ضدّ الصين وروسيا وإيران
https://www.al-binaa.com/-archives/369469
Note :
[*] La Déclaration de Washington n’est pas un «partage nucléaire de facto», selon le responsable du NSC des Etats-Unis
https://fr.yna.co.kr/view/AFR20230428003300884
Mohammad Sadek al-Houssaïni est écrivain, journaliste et chercheur. Il a occupé le poste de Secrétaire général du « Forum de dialogue arabo-iranien ».
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