Le gouvernement libyen d’entente nationale (GNA) a demandé une explication officielle à Paris sur la présence de militaires français sur le sol libyen, de plus, aux côtés des forces rivales.
Fayez al-Sarraj qui dirige le GNA, s’est adressé directement à l’ambassadeur Antoine Sivan, le 25 juillet, qualifiant cette présence de « violation des usages internationaux » et d’ « ingérence inacceptable », selon un communiqué diffusé le lendemain. Le Premier ministre libyen « désigné » a « convoqué » le diplomate français au cours du sommet de la Ligue arabe qui se tenait à Nouakchott, en Mauritanie.
Quelques jours plus tôt, le président français, François Hollande, avait confirmé la présence de militaires français en Libye, après la mort de trois d’entre eux au cours d’une mission de renseignement. Ces trois militaires opéraient pour les forces conduites par le général Khalifa Haftar, rivales du GNA dirigé par Fayez al-Sarraj, créé et imposé en Libye, au détriment du gouvernement formé à Bengazi, par un accord entre les puissances occidentales dans le cadre de l’ONU, en décembre dernier. La France reconnaît ce gouvernement qu’elle a contribué à créer tout en soutenant, secrètement jusque là, celui de l’Est qui refuse de reconnaître une administration créée par l’ONU et de lui céder le pouvoir, ainsi que la force militaire qui lui est loyale.
Les forces conduites parle général Khalifa Haftar ont, au cours des deux dernières années, combattu les groupes armés, dont État islamique à Benghazi, à 1000 km de Tripoli. Les forces loyales au GNA ont combattu, de leur côté, pour reprendre la ville de Syrte à EI, à 450km de la capitale, après sa prise par les Jihadistes en juin dernier.
La France de Nicolas Sarkozy a bombardé la Libye, celle de François Hollande poursuit sa mission guerrière sur le terrain. Avec toute l’ambiguïté de la politique française au Moyen Orient. Le gouvernement français qui a, dans un premier temps, hésité à s’exprimer, a été obligé de confirmer les révélations faites par le quotidien Le Monde il y a déjà quelques mois sur des « actions militaires non officielles » de « forces spéciales », menées par la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE).
Par ailleurs, la création du GNA, à l’étranger, par les puissances occidentales, pour mettre fin au chao, est loin d’avoir fait la preuve de son efficacité. Le 26 juin, notamment, les autorités de Bengazi ont lancé un avertissement interdisant toute transaction pétrolière avec le GNA sans leur accord préalable et en dehors de la Compagnie nationale de pétrole, également basée à Bengazi. « Nous frapperons tout navire s’approchant des côtes de la Libye », a annoncé le général Abdel Razzak al-Nadhouri, chef d’état-major des forces loyales aux autorités de l’Est.
Cet avertissement rend, pour l’instant, impossible, l’application de l’accord passé, il y a une semaine, entre Martin Kobler, représentant de l’ONU en Libye et Ibrahim al-Jadhran, chef des Gardes des installations pétrolières (GIP), relatif à la réouverture prochaine des deux principaux terminaux pétroliers à al-Sidra et Ras Lanouf, fermés depuis début 2016, suite à des attaques de Jihadistes.
Un projet de fusion des deux NOC rivales (celle de Tripoli et celle de Bengazi) avait été annoncé le 3 juillet dernier. Cet avertissement le rend, également, caduque et illustre les difficultés du GNA à s’imposer, y compris dans la relance du secteur pétrolier vital pour l’économie de la Libye. La Libye possède les plus importantes réserves de pétrole d’Afrique estimées à 48 milliards de barils.