L’évolution de la presse en Algérie, sa professionnalisation, notamment après l’ouverture du champ médiatique en 1989, et celle, plus récente, du champ audiovisuel aux opérateurs privés, a été débattue, hier, à l’occasion de la journée nationale de la Presse, sur les ondes de la Radio nationale, avec le ministre de la Communication, M. Hamid Grine, invité de la Chaîne III.
Le ministre a fait part de l’état et l’évolution de la liberté d’expression en Algérie. Il a affirmé qu’il s’agit de « l’une des plus importantes en Afrique », mais qui connaît des « dérives » caractérisées par de la « diffamation » et des « injures », où le « sensationnel l’emporte sur l’information crédible ». Aussi, pour structurer et mettre de l’ordre dans tout cela, « nous voulons d’une presse responsable qui assume son rôle d’information, mais aussi sa responsabilité morale de donner une information fiable au citoyen », a-t-il souligné. « Il y a une presse à majorité vertueuse, malgré certains journaux qui empruntent des chemins de traverse diffamatoire », a relevé Hamid Grine, attribuant ceci à la décennie noire durant laquelle la presse « a construit une opinion consommatrice de sensationnel ». « Certains directeurs de journaux « pensent qu’avec ces recettes faites d’insultes et de sensationnel, ils vont vendre plus », a déploré le ministre, faisant observer qu’ « en dépit de la nature de l’amende ou de la peine (infligée au journal), le mal ne pourra jamais réparer les attaques infondées et injurieuses », les attaques infondées pouvant causer des dégâts irrémédiables chez la personne incriminée et son entourage. Interprétant le contenu du message adressé récemment par le Chef de l’Etat aux professionnels des médias à l’occasion de la journée nationale de la Presse, le ministre considère que le journaliste se doit d’être « professionnel, vertueux et aimer son pays ». « Le Président de la République veut un engagement, un élan et une sincérité de la part des journalistes. Il veut des journalistes qui aiment leur pays, qui s’inscrivent dans la déontologie et l’éthique. Il leur dit : « Soyez au niveau de vos aînés qui ont fait la Révolution et la post-révolution », a souligné M. Grine, précisant que le message du Président est « clair » à ce sujet.
Récusant les lenteurs en matière de mise en place des aspects juridiques devant encadrer et organiser les médias, M. Grine signale que « la commission de délivrance des cartes de journaliste, a déjà été installée et l’Autorité de régulation de l’audiovisuel, qui constitue selon le ministre, « une avancée extraordinaire », a été mise en place.
Pour ce qui est de la création d’une autorité de régulation de la presse écrite, il signale qu’elle est tributaire de l’identification, en cours, des gens de la profession. « Il faudra d’abord identifier les journalistes, la délivrance de carte de journaliste ». Il précisera a ce propos que pas moins 1.100 dossiers ont été déposés, dont 1.003 dossiers ont été déjà traités. Pour le ministre, l’élection des membres de cette autorité pourrait être organisée, au plus tard, dans 9 mois. Pour lui, « l’organisation de la corporation sert d’abord les journalistes, ceci d’autant plus que la carte de presse facilite leur relation avec l’autorité de régulation ainsi que l’accès à la formation. Il faudrait faire un travail de formation de certains responsables et chargés de communication pour leur apprendre à coopérer avec les journalistes ».
Revenant sur l’ouverture de l’audiovisuel dans les médias, le ministre souligne que « sur la vingtaine de chaînes qui activent, cinq parmi elles ont déjà reçu leur accréditation pour installer leurs bureaux à Alger. » Interrogé, d’autre part, sur la presse du secteur privé, M. Grine a précisé que « le gouvernement ne fait pas de différence entre les journalistes de la presse privée et ceux de la presse publique. Nous ferons tout ce qu’il faut pour qu’on arrive à instaurer les mêmes standards dans le cadre de la professionnalisation de la presse », a-t-il ajouté. De la gestion du marché de la publicité en Algérie, M. Grine annonce « l’institution prochaine d’une loi, en cours d’élaboration, pour réorganiser les activités des agences de communication ».
Des « pressions » dénoncées sur « certains médias » à cause de l’octroi de la publicité, l’invité interpelle sèchement ces derniers « à sortir de leur mentalité d’assistés », ajoutant que « les annonceurs ne sont pas obligés de leur donner de la publicité ».
Salima Ettouahria
https://www.elmoudjahid.com/fr/actualites/68121