Au moment où le Roi Hassan II déploie des efforts surhumains mais vains pour intégrer, à ses conditions, et aux dépens du peuple sahraoui, l’Union africaine, le paysage politique intérieur donne l’impression d’un pays à la dérive, sans capitaine, ni gouvernement et sans stratégie diplomatique digne de ce nom. Une cacophonie jamais vue dans ce royaume jadis gouverné d’une main de fer.
Le Maroc qui faisait il n’y a pas si longtemps partie des « amis » du peuple syrien, comprendre ami des « ennemis » du peuple et de l’état syrien, pour faire plaisir à ses pourvoyeurs du Golfe et en Europe, s’en était retiré sur la pointe des pieds de ce club qui compatit au départ une centaine de pays et qui ne compte plus maintenant que moins qu’une dizaine. Ce « retrait » si discret du conflit syrien, n’a pas semble-t-il, était compris par une partie des ministres de l’islamiste Benkirane. En pleine bataille pour la libération de la ville d’Alep, tenue en otage par les groupes terroristes financés par les « amis » de la Syrie, voilà que le Premier ministre Benkirane, qui peine à former un nouveau gouvernement, comme l’exige la constitution marocaine, fait une bourde diplomatique sans précédent en déclarant à un média financé par les monarchies du Golfe : « Pourquoi la Russie intervient-elle de cette manière ? On attendait plutôt d’elle qu’elle agisse pour régler le problème pas pour l’aggraver. Pourquoi la Russie détruit-elle la Syrie de cette manière ? »
Des propos qui sabotent les efforts personnels déployés par le monarque chérifien qui s’était rendu à Moscou pour obtenir, en vain, sa neutralité dans la question du Sahara. On aurait dû s’attendre donc à un communiqué du Palais tançant son Premier ministre, mais les Marocains ont eu droit à un communiqué du ministère des Affaires étrangères « recadrant » vertement Benkirane. Ce communiqué, sans doute soufflé par les conseillers du roi constitue un camouflet cinglant pour le chef du gouvernement.
Voici certains passages édifiant de ce communiqué :
« L’attachement du Royaume du Maroc à la préservation des relations fortes avec la Fédération de Russie, confortées par la Déclaration sur le Partenariat Stratégique Approfondi, conclue à l’occasion de la Visite Royale à Moscou, en mars dernier », rappelant la position claire du Maroc sur la crise syrienne, qui est « l’engagement en faveur d’une solution politique qui garantisse la stabilité de la Syrie, préserve son unité nationale et son intégrité territoriale et la préoccupation par les drames humains graves engendrés par la crise syrienne ».
« Le Royaume du Maroc respecte le rôle et l’action de la Fédération de Russie sur ce dossier comme sur d’autres questions internationales », affirme encore le ministre s’en prenant aux déclarations « hasardeuses » du Chef du gouvernement. « Ces prises de positions officielles interviennent à la suite d’une évaluation réfléchie et d’un processus d’interaction et de validation impliquant plusieurs acteurs et institutions. Elles ne peuvent, de par leur complexité et leur gravité, faire l’objet d’improvisions hasardeuses, ni exprimer des points de vue personnels ».
Peu après cet « incident », voici que Hamid Chabat, le secrétaire général de l’Istiqlal, obsédé par le fantasme du « Grand Maroc », qui comprendrait le Sahara, une bonne partie du territoire algérien et de la Mauritanie, vient de revendiquer la « marocanité » de la Mauritanie ! Une bourde tellement énorme que Salaheddine Mezouar, ministre des Affaires étrangères, s’est senti obligé de pondre d’un communiqué officiel qualifiant les déclarations de Chabat de « dangereuses et irresponsables », qui manquent « de retenue et de maturité », et les « rejette vigoureusement ». Pour Mezouar, cela traduit une « méconnaissance profonde des orientations de la diplomatie marocaine ». Rabat « déclare officiellement son respect total des frontières connues et reconnues de la Mauritanie ».
En attendant, le mal est fait. Cette sortie de Chabat, dont le parti avait présidé plusieurs gouvernements et qui confond pseudo « droit historique » et droit international, a mis en colère le voisin mauritanien. D’autant plus que les relations entre Rabat et Nouakchott sont depuis quelques années exécrables.
Selon le site marocain bien informé yabiladi.com, la Mauritanie menacerait d’autoriser l’ouverture d’une « ambassade » de la République arabe sahraouie démocratique « RASD » à Nouakchott en représailles à cette provocation.
« Un tel acte, écrit le site, ne serait pas une surprise, le voisin du sud reconnait la « RASD » depuis la signature des accords d’Alger d’août 1979 ».
Pour Hamid Chabat, le SG de l’Istiqlal, la Mauritanie fait toujours partie du Maroc ! :