Le contexte géopolitique et la gouvernance des provinces du sud n’ont pas favorisé l’émergence d’une culture partagée du développement de la région, ni une implication forte des acteurs concernés ou une cohérence des politiques mises en œuvre.
Le Roi Mohammed VI a reçu mercredi 2 janvier au Palais Royal à Agadir le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Chakib Benmoussa, qui a présenté une note de cadrage du modèle de développement économique et social des provinces du Sud, élaborée par le dit Conseil.
Cette note de cadrage constitue la première étape dans le processus d’élaboration du nouveau modèle de développement économique et social des provinces du Sud. Un modèle qui s’inscrira dans le cadre de la régionalisation avancée, qui traitera en profondeur de l’ensemble des thématiques, et qui devra constituer une inflexion majeure conformément aux orientations royales.
Selon la note, la réalité du développement actuel dans les provinces du sud indique que depuis 1975, un effort national d’investissement important a été conduit par les pouvoirs publics pour doter les territoires récupérés en équipements et infrastructures, pour sécuriser les populations qui y résident, leur assurer les services sociaux de base et améliorer leur bien-être.
Malgré cet effort, relève le document, les résultats semblent contrastés et le bilan paradoxal: Des infrastructures et des équipements assez développés comparativement aux autres provinces du Royaume, des niveaux d’accès des populations aux services de base et des indicateurs sociaux qui se situent dans la tranche supérieure de la moyenne nationale, mais de réels problèmes de décollage économique et de création de valeurs locales, un chô mage persistant, particulièrement des jeunes sahraouis et des tensions sociales qui résultent en partie des difficultés de cohésion sociale et d’intégration, alimentées par le sentiment d’iniquité ressenti par des catégories de la population de la région.
La note fait également observer que le contexte géopolitique et la gouvernance des provinces du sud n’ont pas favorisé l’émergence d’une culture partagée du développement de la région, ni une implication forte des acteurs concernés ou une cohérence des politiques mises en œuvre.
M. Benmoussa a, de même, indiqué qu’il ressort des premières réflexions que le CESE pourrait préconiser une réforme progressive mais profonde des conceptions et approches du développement des provinces du sud. Il s’agira de conjuguer l’ancrage de ces provinces dans le référentiel national axé sur les fondamentaux définis par la constitution, ainsi que sur les objectifs de la Charte sociale élaborée par le CESE, dans le respect de l’identité de la région.
Un taux de chômage établi à 17 %
Le taux moyen de chômage établi à 17% est au cœur de la problématique de développement des régions du sud du Maroc. Il demeure le principal facteur de tension social, selon cette note de cadrage.
Le chômage « touche inégalement » certains segments de la population locale, particulièrement les jeunes sahraouis (29%) et les femmes.
Cette situation est le résultat des aides directs et indirects dédiées au territoire qui représentent près de 4,6 milliards de dirhams, dont la promotion nationale, l’aide alimentaire, la double solde et l’exonération d’impôts, explique le CESE.
Ce dispositif, en l’absence d’un système de filets sociaux, ne couvre pas l’ensemble des besoins du territoire et ne cible pas nécessairement les plus nécessiteux, note le conseil, qui relève toutefois que les régions du Sud disposent d’indicateurs sociaux parmi les meilleurs du Maroc. En témoigne l’indice régional de développement humain estimé à 0,729 contre 0,672 au niveau national, le taux d’alphabétisation de 63 % contre 57 % et le taux de pauvreté de 6,5 % contre 10 %.
La note relève également que le contexte géopolitique et la gouvernance des provinces du sud n’ont pas favorisé l’émergence d’une culture partagée de développement, ni une implication forte des acteurs concernés ou une cohérence des politiques mises en œuvre.