Le Maroc s’affirme comme le champion africain des énergies renouvelables. Le programme d’équipements 2011-2015 de l’Office national d’électricité (ONE) comprend notamment la construction d’une capacité de génération d’origine éolienne de 1 890 mégawatts, supérieure à celle des projets de centrales thermiques et hydroélectriques à réaliser durant la période.
En 2010, le roi Mohammed VI avait déjà inauguré à Melloussa, à 34 km de Tanger, un parc de 140 MW financé par l’Instituto de Credito Oficial espagnol (à hauteur de 100 millions d’euros), la Kreditanstalt für Wiederaufbau allemande (50 millions d’euros), l’Office national marocain de l’eau (20 millions d’euros) et la Banque européenne d’investissement (BEI) à concurrence de 80 millions d’euros. Objectif : atteindre 42 % de la production d’électricité d’origine renouvelable d’ici à 2020, à raison de 14 % pour l’éolien, le solaire et l’hydraulique.
En avril, le consortium franco-nippon EDF Énergies Nouvelles-Mitsui & Co a remporté l’appel d’offres pour la centrale de Taza (150 MW) qui doit être construite dans le cadre du Programme éolien intégré marocain et dont la mise en service commerciale est programmée pour 2014.
En marge de ces projets, les cimentiers ont tous tendance à devenir autoproducteurs. Ciments du Maroc (Cimar), filiale d’Italcementi, est en train de construire un nouveau parc éolien d’une capacité de 10 MW dans la ville de Safi. Les travaux devraient être lancés avant fin de cette année, pour une entrée en service début 2014. Un autre projet de même envergure est à l’étude. Cette capacité vient s’ajouter à celle du parc éolien de 5 MW qu’a construit Cimar près de Laâyoune, au Sahara Occidental, mis en service en octobre 2011 censé satisfaire 80 % des besoins de son centre de broyage local.
Pour Cimar comme pour ses concurrents, il s’agit de tirer parti des possibilités offertes par la réglementation marocaine qui autorise l’autoproduction jusqu’à 50 MW. Si Cimar accroît sa capacité de génération renouvelable à ce niveau, elle pourra couvrir jusqu’à 30 % de ses besoins en énergie. Ce faisant la société a imité le français Lafarge qui a inauguré, en septembre 2005, son parc éolien à Tétouan de 10 MW, puis en a réalisé d’autres, jusqu’à totaliser une capacité de 32 MW qui satisfait 60 % de ses besoins en électricité de l’usine de ciment locale. Par ailleurs, Lafarge a signé avec Nareva Holding, filiale énergie et environnement de SNI, un contrat d’achat d’énergie éolienne pour alimenter ses usines de Bouskoura et de Meknès à l’horizon 2014. De son côté la filiale marocaine du groupe helvétique Holcim envisage un contrat d’achat de 50 MW d’énergie éolienne avec un spécialiste du secteur.
Pour les cimentiers, ces investissements permettent de réaliser des économies importantes dans la mesure où l’énergie représente les deux tiers de leurs coûts de production. En outre, Lafarge-Maroc est parvenu à attirer des revenus additionnels en engrangeant des crédits carbone, après avoir réussi à faire faire certifier son parc comme mécanisme de développement propre, au titre du protocole de Kyoto. Les cimentiers peuvent également encaisser des recettes provenant de la revente d’électricité à l’ONE en cas d’excédent de production, même s’ils considèrent que les tarifs de rachat en vigueur devraient être revus à la hausse pour améliorer la rentabilité des parcs éoliens.