L’OMDH et des militants du Mouvement du 20 février sont encore sous le choc. Après avoir été arrêtés le 22 juillet dernier à Sidi Bernoussi pour avoir manifesté dans les rues dénonçant la cherté de la vie, 2 jeunes arrêtés accusent des agents de police de les avoir violés au commissariat.
C’est une affaire qui est passée presque inaperçue dans les médias marocains. Mais il a fallu que des jeunes du Mouvement du 20 février accusent la police de les avoir torturés et violés pour que la presse marocaine, notamment arabophone s’en empare.
Ils risquent une peine de 6 mois à 3 ans de prison
Tout commence le 22 juillet dernier. Des membres du Mouvement du 20 février organisent une manifestation dans le quartier populaire de Sidi Bernoussi afin de demander la libération des prisonniers politiques et dénoncer la cherté de la vie.
D’après Mounir Bensaleh membre du conseil National de l’Organisation Marocaine des Droits Humains, contacté cet après-midi par Yabiladi, entre 300 et 400 personnes ont manifesté ce jour-là dans les rues de Sidi Bernoussi. A la fin du rassemblement, les policiers sont intervenus pour dissiper les manifestants. Au final, 18 d’entre sont arrêtés et 6, âgés de 18 à 32 ans seront par la suite poursuivis pour plusieurs chefs d’accusation dont rassemblement non autorisé, coups et blessures contre la police et outrage contre des fonctionnaires de police. Une jeune fille fait parti des personnes arrêtées. Elle est actuellement en libération provisoire. Les autres sont actuellement emprisonnés à la prison d’Oukacha à Aïn Sebaa attendant le verdict de leur procès. Si ces jeunes sont condamnés, chacun d’eux risque une peine de prison de 6 mois à 3 ans de prison, souligne Mounir Bensaleh.
Ils révèlent leur viol devant leur famille
Cependant, lors de la troisième audience de ces jeunes devant le tribunal c’est le rebondissement. Deux des jeunes hommes arrêtés accusent au tribunal les policiers de les avoir violés au commissariat. « Ces jeunes ont déclaré avoir été torturé et violé avec des introductions de doigts et ensuite à l’aide d’un manche à balai. Deux de ces hommes l’ont déclaré lors de l’audition et un 3ème l’a laissé entendre », explique Abdullah Baakil, membre du M20 qui suit de près cette affaire. « Je tire mon chapeau à ces jeunes d’avoir pu dénoncer ce qu’il leur ait arrivé car c’est extrêmement difficile d’avouer ce genre de chose surtout lorsque les familles sont présentes dans la salle. On sait que ce sont des pratiques qui sont utilisées de manière courante chez les prisonniers politiques mais le révéler de manière publique, c’est très dur», poursuit-il.
Prudente et exigeant une expertise médicale urgente et qu’une enquête soit menée pour savoir si ces jeunes ont bien été torturés et violés, l’OMDH rappelle dans un communiqué publié le 3 septembre dernier que le Maroc a récemment ratifié des protocoles facultatifs à deux conventions internationales de lutte contre la torture. L’OMDH s’insurge également contre toute violence menée par la police sur des manifestants descendants dans la rue.
De son côté, Abdullah Baakil est sceptique à l’idée de voir qu’une enquête soit menée pour savoir ce qui s’est réellement passé à ces jeunes dans le commissariat de police. « Depuis le début des manifestations, je rappelle que le Mouvement recence 10 morts et qu’aucune enquête n’a jamais été menée pour savoir ce qui il leur est arrivé. Ce n’est pas pour des viols que des enquêtes seront menées ! », conclut-il.
Source : https://www.yabiladi.com/articles/details/12778/maroc-jeunes-accusent-police-avoir.html