Al Adl wal Ihassane et son nouveau tandem dirigeant, Abbadi-Arsalane, tendent la main aux factions de gauche, non-encore adoubée par le Makhzen. Ils leur proposent de joindre leurs efforts en vue de mettre un terme à « l’emprise de l’institution monarchique sur la vie politique ».
Le Cercle politique d’Al Adl wal Ihassane (AWI) a tenu, les 11 et 12 janvier, sa 17ième session. Le communiqué final de ce rendez-vous annuel des disciples de feu Abdeslam Yassine montre quelques changements dans la stratégie du mouvement islamiste. Le gouvernement de Benkirane, à l’exception de quelques griefs portés à sa politique massive d’endettement, s’en sort plutôt bien. Il y a encore quelques mois Farahallah Arsalane, le n°2 de la Jamaâ , se plaisait à dire que le gouvernement était « enchaîné », qu’il « n’a pas de vraies prérogatives », et que ses membres « ne sont que de simples employés de façade » dans un entretien accordé le 24 avril à l’AFP. Aujourd’hui tous ces reproches ont disparu.
Bien au contraire, le texte a tenté de ménager le cabinet Benkirane pour « dénoncer l’emprise de l’institution monarchique sur la vie politique qui discrédite l’action politique partisane ». Les « Adlistes », citent l’exemple du « dernier remaniement ministériel ».
Main tendue à des factions de gauche
Compte tenu de cet état des lieux, Al Adl wal Ihssane tente de renouer le dialogue avec les formations de gauche en vue de la « rédaction d’une charte complète fondatrice d’une action commune en vue de mobiliser les efforts et se partager les tâches d’un changement à même de redonner au peuple sa souveraineté et sa décision de choisir qui le gouverne et comment le gouverner », conclut le communiqué final du Cercle politique d’AWI. Cet appel aux partis de gauche, non-encore adoubés par le Makhzen, trouve un écho largement favorable auprès des premiers concernés.
La relation entre les deux parties remonte à une dizaine d’années. Elle avait commencé avec le PSU (parti socialiste unifié) du temps de son ex-secrétaire général Mohamed Moujahid pour s’étendre à des associations et des personnalités gravitant autour de l’orbite de l’extrême gauche marocaine. Elle avait ensuite connu une forte accélération avec le mouvement du 20 Février. Pendant des mois, les jeunes islamistes d’Al Adl wal Ihassan ont battu le pavé en compagnie des marxistes léninistes d’Annahj Addimocrati, lors des marches du mouvement.
Une idylle qu’avait brutalement interrompu la victoire du PJD de Benkirane aux législatives anticipées du 25 novembre 2011. Il s’avère que deux années après son retrait du M20F, la Jamaâ a révisé ses positions et tend, de nouveau, la main à la gauche.