Les islamistes qui contrôlent désormais toute la région nord du Mali s’en prennent physiquement aux habitants des villes, après avoir détruit une partie du patrimoine culturel.
Les coups de fouet tombent dru au nord du Mali sous contrôle des groupes islamistes radicaux Ansar Dine et MUJAO (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest ), alliés d’al-Qaeda au Maghreb islamique (AQMI). La charia y est désormais appliquée au sens strict. Un jeune homme de Tombouctou a ainsi reçu, en public, sur la place du marché de la ville, 40 coups de fouet pour avoir bu de l’alcool. Gravement blessé, il a été conduit à l’hôpital. Dans la même ville, un homme et une femme accusés d’avoir eu un enfant hors mariage, ont également été fouettés vingt fois. Ce ne sont là que quelques exemples. À Tombouctou, tous les débits et lieux de consommation d’alcool ont été détruits. Le MUJOA, de son côté, a brûlé des stocks de cigarettes et procédé à l’arrestation et la flagellation de fumeurs dans plusieurs villes.
On a vu, également, comment Ansar Dine, suivant l’exemple des son grand frère al-Qaeda en Afghanistan, a détruit la majorité des mausolées de Tombouctou, emblématiques du passé intellectuel et culturel de cette grande ville du Sahara, provoquant l’indignation nationale et internationale.
Tandis que les barbares islamistes s’installent durablement, martyrisant une population qui, selon le CICR, « n’arrive plus à satisfaire ses besoins alimentaires essentiels » du fait des effets conjugués des violences et de la crise alimentaire, le Premier ministre Cheikh Modibo Diarra, a annoncé l’ouverture de « concertations nationales dans les jours à venir » pour un gouvernement d’union et déclaré que le « Mali se prépare à toutes les options » au Nord, sous-entendu : y compris une intervention militaire.
Une option très improbable à court terme : le recours à la force dans la région « dépend des proposition de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest » (CEDEAO), comme l’a expliqué Cheikh Modibo Diarra après la visite à Bamako d’une mission technique militaire de la CEDEAO, qui serait prête à envoyer environ 3000 soldats. Mais pour cela, encore faudrait-t-il une demande officielle de Bamako et un mandat de l’Onu que la CEDEAO n’a pas encore obtenu.
La CEDEAO a exigé la mise en place d’un gouvernement d’union nationale d’ici le 31 juillet alors que le pays reste divisé, de facto par la scission du Nord, mais également dans ce qui reste de territoire souverain, et que les exactions contre des personnalités et les journalistes par des hommes de main de l’ex-junte militaire toujours influente, se poursuivent.