De retour de Syrie, Gérard de Villiers a pu rencontrer quelques acteurs avertis du conflit qui frappe le pays. La vision qu’il en propose s’écarte largement de la version officielle française.
« Une information sur le conflit tronquée. Aujourd’hui, tous les médias occidentaux sont nourris d’informations venues de l’Association des droits de l’homme en Syrie, basée à Londres, qui est en réalité un faux nez des Frères musulmans. Dans le monde arabe, c’est Al Jazeera, à la botte du Qatar, qui répercute les mêmes informations. Toujours orientées dans le même sens.
Bien sûr, il ne s’agit pas de blanchir le régime syrien, féroce et autiste, accroché à ses privilèges. Il s’agit simplement d’avoir une vue plus équilibrée des événements.
Il s’agit d’une guerre civile où nous n’avons pas à intervenir. Principalement entre chiites et sunnites. La plupart des massacres de femmes et d’enfants égorgés sont le fait de vengeances interethniques, comme jadis au Liban entre alaouites et sunnites, et non d’une volonté aveugle du régime de massacrer ses citoyens.
Nous n’avons rien à gagner à nous mêler de ce conflit, de prendre la tête du mouvement anti Bachar. Avec un acharnement qui frise le ridicule. Alain Juppé est probablement le seul homme politique à ignorer que la Russie ne lâchera pas la Syrie, alliée stratégique. Pourtant, il continue de s’obstiner à tenter d’obtenir une décision du Conseil de sécurité.
Je n’ai toujours pas d’explications à cette attitude bizarre. L’exemple de la Libye aurait dû nous servir de leçon. Les 300 millions d’euros dépensés par la France là-bas ont surtout servi à rétablir la polygamie et à transformer le pays en une nouvelle Somalie, livrée aux seigneurs de la guerre.
Au Moyen-Orient, il est préférable d’être prudent. Les erreurs se paient toujours très cher. Et parfois, très longtemps. »
Source : atlantico.fr (15 mars 2012)