Un ancien cousin du roi déchu, soutenu par des milices et des tribus, déclare l’autonomie de la région pétrolière de l’Est avec le soutien non avoué des monarchies du Golfe.
Des chefs de tribus et de milices de l’Est libyen ont déclaré mardi 6 mars l’autonomie de cette région pétrolière, où est née la révolte qui a fait chuter Mouammar Kadhafi, faisant craindre une partition du pays, où les nouvelles autorités peinent à exercer leur autorité. « La région fait le choix du système fédéral », ont affirmé ces dirigeants dans un communiqué conjoint, qui fait également état de l’élection de Ahmed Zoubaïr à la tête de l’entité baptisée Cyrénaïque, qui s’étend de la frontière égyptienne à Syrte, région natale du colonel Kadhafi. Des milliers de personnes ont assisté à cette cérémonie au cours de laquelle a également été nommé un Conseil chargé de gérer les affaires de cette région, marginalisée durant les 42 années de règne sans partage du colonel Kadhafi et d’où est partie la révolte anti-Kadhafi il y a un an. « Le Conseil intérimaire de Cyrénaïque a été établi sous la direction de Cheikh Ahmed Zoubaïr al-Sénoussi pour gérer les affaires de la région et défendre les droits de ses habitants », précise le communiqué. Ce Conseil reconnaît toutefois le Conseil national de transition (CNT, au pouvoir) qu’il qualifie de « symbole de l’unité du pays et représentant légitime (de la Libye) aux sommets internationaux ».
Cousin de l’ancien roi Idriss al-Sénoussi renversé par Kadhafi en 1969, Ahmed Zoubaïr est lui-même membre du CNT. Pour autant, les autorités de transition avaient affirmé avant cette annonce que ces appels ne les inquiétaient pas. « Les Libyens se sont battus pour une Libye unie, si bien que ces demandes n’auront aucune conséquence », avait déclaré lundi Moustapha Abdeljalil, réélu à la tête du CNT.
« Nous n’avons pas besoin du fédéralisme et nous ne sommes pas obligés d’adopter un système fédéral. Nous ne voulons pas retourner 50 ans en arrière », avait déclaré lundi soir le Premier ministre Abdel Rahim al-Kib lors d’un entretien télévisé. La Libye était autrefois divisée en trois régions administratives : la Cyrénaïque, la Tripolitaine (ouest) et le Fezzane (sud). Le système fédéral a été supprimé en 1963. Il avait en outre annoncé la création de bureaux gouvernementaux décentralisés à Benghazi, capitale de l’Est, et Sebha, dans le sud désertique. Le CNT, qui a déménagé son siège de Benghazi à Tripoli après la libération du pays, peine à exercer son autorité à travers le pays. Beaucoup d’anciens rebelles ont ignoré ses appels à se placer sous l’autorité du gouvernement.
Revenant sur cette déclaration d’autonomie, le chef du pouvoir libyen Moustapha Abdeljalil a accusé mardi des pays arabes de soutenir la « sédition », peu après la proclamation de l’autonomie de l’est de la Libye par des chefs de tribus et de milices de cette région pétrolière. Alors que les nouvelles autorités peinent à stabiliser le pays, des chefs de tribus de l’Est ont solennellement annoncé à Benghazi, où était née la révolte contre Mouammar Kadhafi il y a un peu plus d’un an, leur choix du système fédéral, faisant craindre une partition du pays, déjà fragilisé par un conflit de huit mois. « Des pays arabes frères, malheureusement, financent et parrainent la sédition qui s’est produite dans l’Est pour ne pas être contaminés par la révolution », a affirmé Moustapha Abdeljalil, chef du Conseil national de transition (CNT) lors d’une conférence de presse à Tripoli. « C’est leur crainte de la révolte qui a poussé ces pays frères à accorder leur appui à la sédition », a estimé M. Abdeljalil, sans pour autant nommer les pays auxquels il faisait allusion. Il s’agit en fait d’un secret de Polichinelle. Tout le monde aura compris que le chef actuel du CNT fait allusion aux monarchies du Golfe qui avaient tant investi dans le renversement de l’ancien régime de Kadhafi. La création d’un émirat pétrolier servirait notamment les intérêts du Qatar, des Emirats arabes unis et du Koweït. « Ce qui arrive aujourd’hui est le début d’une conspiration contre le pays. C’est une question très dangereuse qui menace l’unité nationale », a-t-il dit, mettant en garde contre des « conséquences dangereuses » pouvant conduire à une Libye divisée et non-démocratique. »La Libye, depuis le début, est une nation avec une capitale, Tripoli », a-t-il ajouté.
La Libye était autrefois divisée en trois régions administratives : la Cyrénaïque, la Tripolitaine (ouest) et le Fezzane (sud). Le système fédéral a été supprimé en 1963. Le CNT, qui a déménagé son siège de Benghazi à Tripoli après la libération du pays, peine à exercer son autorité à travers le pays. Beaucoup d’anciens rebelles ont ignoré ses appels à se placer sous l’autorité du gouvernement. De plus, les nouvelles autorités ont hérité d’une économie désorganisée, minée par la corruption et par la gestion anarchique des revenus du pétrole pendant plus de quarante années. Par ailleurs, des organisations de défense des droits de l’Homme ont averti avec insistance ces derniers temps que des milices hors de tout contrôle représentaient actuellement le plus grand défi pour le nouveau pouvoir qui essaie de mettre en place des institutions stables.
Le cauchemar libyen n’en est qu’à ses débuts.
(Avec les agences)