Le récent rapport de la Commission des Affaires étrangères du Parlement britannique sur l’intervention militaire en Libye en 2011, accuse clairement l’ex-Premier ministre David Cameron.
« Postulats erronés », « intervention mal conçue »… il aura, donc, fallu attendre plus de cinq ans, pour que la Grande-Bretagne reconnaisse son « erreur ». Le gouvernement, peut-on lire dans le rapport, « n’a pas pu vérifier la menace réelle que le régime Kadhafi faisait peser sur les civils ; il a pris au pied de la lettre, de manière sélective, certains éléments de la rhétorique de Mouammar Kadhafi et il a échoué à identifier les factions islamistes radicales au sein de la rébellion ». En d’autres mots, comme l’avaient dénoncé, alors, Afrique-Asie et quelques médias « politiquement incorrects », le rapport estime que le gouvernement britannique n’a pas voulu reconnaître l’exagération de la menace qui pesait sur les civils et a ouvert la porte aux armées islamistes. Les parlementaires de la Commission estiment aujourd’hui – mais tellement trop tard ! – qu’ « un engagement politique aurait pu permettre de protéger la population, de changer et de réformer le régime à un coût moindre ».
Le 19 mars 2011, la coalition regroupant, en tête, les forces navales américaines (Opération Odyssey Dawn) et britanniques (Opération Ellamy), les forces aériennes françaises (Opération Harmattan), britanniques et canadiennes (Opération Mobile) intervenait militairement contre la Libye et son armée, en toute violation des résolutions de l’ONU. Participaient, également, des forces du Danemark, de Belgique, d’Italie, de Norvège, du Qatar, des Emirats arabes unis, d’Espagne, de Turquie, entre autres. La France de Nicolas Sarkozy et la Grande-Bretagne prenait la tête des opérations dans un commandement partagé avec les États-Unis, tandis que les forces de l’OTAN assuraient, à partir du 23 mars, l’embargo sur les armes (Opération Unified Protector). La guerre contre la Libye, se terminait le 31 octobre, après l’assassinat de Muammar Kadhafi, tuant des milliers de civils, laissant derrière elle une situation de chaos indescriptible d’où la Libye n’est pas encore sortie. Et quatorze mois plus tard, la France de François Hollande envoyait son armée au Mali, combattre les mêmes armées islamistes dont l’intervention de la coalition avait permis l’émergence en Libye.
David Cameron n’est donc pas le seul responsable de cette « erreur » lourde de conséquences. Début 2016, Barack Obama déclarait : « Cet épisode libyen a été la pire erreur de mon mandat ». Un « épisode » ? Une « erreur » ? La volonté d’exterminer Mouammar Kadhafi et son régime a toujours été clairement exprimée. Un crime passible d’être jugé par une cour internationale. Pour le moins, la France devrait reconnaître également sa responsabilité. Mais en période pré-électorale, cela ne devrait pas être à l’ordre du jour.