C’est par dizaines de milliers que les habitants de Benghazi sont sortis dans les rues, le 23 septembre, pour chasser les milices extrémistes islamistes de leurs refuges.
Tout a commencé par une manifestation pacifiste sous la banderole « Sauvons Benghazi », la veille au soir. La milice Ansar al-Sharia, qui martyrise la population, est rendue responsable de l’assassinat de l’ambassadeur américain et de trois diplomates, mais aussi, depuis plusieurs mois, d’attentats contre d’autres consulats, de convois officiels, et de l’assassinat de 14 responsables locaux, etc. Elle a déployé des batteries anti-aériennes, craignant les attaques de drones américains. Après le départ des représentations étrangères et des hommes d’affaires, suite à l’assassinat de Chris Stevens, la ville est restée livrée à elle-même. Dans le rassemblement pacifique, selon Chris Stephen, un journaliste du Mail & Guardian on Line (média sud-africain), l’ambiance était bon enfant, avec « des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, des ballons, des drapeaux et des banderoles », et des slogans tels que « Nous sommes des Musulmans, nous ne sommes pas des terroristes ! ». Des avions des forces aériennes libyennes survolaient l’immense défilé pour exprimer « le soutien de l’armée au peuple ».
À la tombée de la nuit, les femmes et les enfants sont rentrés chez eux et la foule d’hommes s’est ruée sur les bases des milices. Ce fut d’abord celle d’Abu Salem Shahouda, près de l’hôtel Tibesti, en front de mer. « J’ai été propulsé à l’intérieur avec eux, raconte Chris Stephen. Quelques minutes plus tard, trois jeeps chargées de membres de la police militaire, à casquette rouge sont entrées dans la base, ils étaient armes au poing, ne sachant pas ce qu’ils allaient trouver. Les manifestants les ont embrassés. » Puis ce fut au tour d’Ansar al-Sharia, forte de 300 hommes qui se sont enfuis en tirant en l’air. La police militaire est arrivée quelques instants après l’occupation par les manifestants. Équipés d’armes prises dans les bases, ces derniers ont ensuite envahi Hwari puis se sont dirigés en cortège de voitures, vers Raffala al-Sahari, « comme après une finale de football, klaxons à fond et brandissant des drapeaux libyens tricolores ». Les miliciens les attendaient, cette fois, et ont tiré à la mitrailleuse sur la foule et les voitures, faisant onze morts au moins. Les manifestants ont répondu par des tirs et fait fuir une nouvelle fois les miliciens. Après avoir mis à sac les bases et grâce à l’intervention de la police militaire, le calme est revenu. « Les élections de juillet ont été gagnées par une coalition pro-business qui a tout misé sur la prise du pouvoir – et le pétrole libyen – par la force, écrit Chris Stephen, qui explique que les habitants de Benghazi interrogés s’étonnent que l’on puisse faire des affaires avant de garantir la sécurité. Selon Stephen, les rues sont maintenant sécurisées par des forces de police et les militaires « qui ont fait leur carrière dans les forces de sécurité de Kadhafi ».
(source : www.mg.co.za )