Les Français qui sont déjà pré-positionnés dans la région vont être de plus en plus impliqués directement. Et si les Touaregs font partie des cibles, on est bien partis pour une guerre sans fin.
L’intervention militaire au nord du Mali a cessé d’être l’objet d’une réflexion sereine sur les gains et pertes éventuels, sur les conditions de son succès – et donc aussi de son échec – pour devenir un simple thème des propagandes. Pour la plupart des chefs d’Etat ouest-africains, la cause est entendue puisque Paris a décidé. Certains de ces chefs d’Etat puisent dans la propagande éculée de la «global war» en insistant, à l’instar du président du Niger, sur le fait que les djihadistes au nord du Mali ont pour «objectif, l’Europe».
A l’évidence, ces chefs d’Etat n’ont pas le souci de leur propre opinion, leur discours vise à convaincre les opinions occidentales qui commencent à trouver qu’on fait trop de guerres coûteuses qui servent bien les vendeurs d’armes mais que les collectivités payent. Le président du Niger veut que «l’opinion française» soit convaincue du caractère impérieux et vital de cette guerre alors qu’en France des voix discordantes soulignent avec pertinence que l’on va, dans les conditions actuelles, vers un échec prévisible. On voit en effet mal une armée malienne délabrée redevenir, par l’enchantement des quelques entraînements accélérés, autre chose que ces troupes défaites qui ont abandonné le nord du pays sans coup férir. Personne ne croit à cette magie des entraînements donnés par des instructeurs venus de France ou d’ailleurs sur une armée divisée et, ce n’est pas le moindre des problèmes, dont les officiers ne brillent ni par leur compétence ni par leur éthique.
Au demeurant, l’Etat malien étant pratiquement une fiction, la priorité de remettre de l’ordre à Bamako reste plus que jamais de mise. De facto, ce sera une guerre où ce qui reste de l’armée malienne aura un rôle secondaire. Et si rien n’est fait pour distinguer les Targuis avec leurs différentes organisations des terroristes, cela ne fera qu’accentuer le caractère «étranger» de cette intrusion. Et de fait, on a beau essayer d’habiller la chose d’un paravent «africain», cette guerre sera, en définitive, menée par des forces extra-africaines. Il ne sert à rien de se leurrer. Les Américains, qui n’enverront pas des troupes, utiliseront sans doute les drones « efficaces» mais aux dommages collatéraux si larges qu’ils deviennent les meilleurs agents recruteurs des djihadistes. Les Français qui sont déjà pré-positionnés dans la région vont être de plus en plus impliqués directement. Et si les Touaregs font partie des cibles, on est bien partis pour une guerre sans fin.
L’ALGERIE DOIT CONTINUER A S’EN TENIR A SES POSITIONS. IL NE S’AGIT PAS EN L’OCCURRENCE DE DOGMES, MAIS D’UN CONSTAT PRATIQUE QUE RIEN N’EST FAIT SERIEUSEMENT POUR TRAITER POLITIQUEMENT DU PROBLEME DU NORD ET INCLURE SES POPULATIONS DANS LE COMBAT CONTRE LES NARCO-TERRORISTES. BIEN AU CONTRAIRE, LA TENDANCE EST A POUSSER SES POPULATIONS DANS LES BRAS DES TERRORISTES. LE PRESIDENT DU NIGER EN FAIT CEPENDANT UN PEU TROP DANS LA PROPAGANDE EN DEMANDANT A L’ALGERIE DE «FERMER SES FRONTIERES» SACHANT QU’IL N’IGNORE PAS QUE DES MILLIERS DE SOLDATS SONT DEPLOYES AUX FRONTIERES. QU’IL S’OCCUPE DONC DE SES AFFAIRES ET CESSE DE PARLER DE L’ALGERIE.
Le Quotidien d’Oran
13 novembre 2012