Le camp pro-saoudien jette de l’huile sur le feu de la Fitna au moment où le chef de l’Etat libanais se trouvait en visite officielle en Arabie saoudite.
Si les milieux politiques s’interrogent sur les résultats de l’entretien, à Riyad, entre le président de la République, Michel Sleiman, et le roi Abdallah ben Abdel Aziz, une chose est certaine, il n’a pas abouti à une décrispation à Tripoli. Bien au contraire, la tension est montée d’un cran dans le chef-lieu du Liban-Nord, ou un religieux sunnite, membre du commandement du Front de l’action islamique (proche de la coalition prosyrienne du « 8- Mars »), a été assassiné en plein jour, ce mardi. Le cheikh Saadeddine Ghiya a été mortellement blessé d’une balle dans la tête alors qu’il montait dans sa voiture dans le quartier de Bahsas, dans le centre-ville. L’attentat a été commis par deux inconnus circulant à mobylette. Cheikh Ghiya avait échappé à un attentat il y a deux mois, lorsqu’une bombe avait explosé dans sa voiture. Dans le même temps, des inconnus ont tiré en direction d’un ressortissant syrien partisan du régime dans le souk aux légumes, à Bab el-Tebbané. D’autre part, l’Armée libanaise a renforcé mardi ses positions aux entrées du quartier de Jabal Mohsen, le jour de la comparution devant le tribunal militaire du chef du Parti arabe démocratique (PAD), Ali Eid. Mais l’ancien député n’a pas comparu devant le premier juge d’instruction militaire Riad Abou Ghida. Il devait être entendu au sujet des informations selon lesquelles il aurait fait fuir des suspects dans le double attentat de Tripoli, qui a fait plus de 50 morts et des centaines de blessés, le 23 août dernier. Toutefois, le PAD accuse le service de renseignement des Forces de sécurité intérieure (FSI) d’avoir fabriqué le dossier.
Sur le plan politique, le couac protocolaire commis par les dirigeants saoudiens lors de l’accueil du président Sleiman a été sévèrement critiqué par une partie de la presse libanaise. «Après un report unilatéral de six semaines, le président de la République du Liban, Michel Sleiman, a atterri à Riyad non seulement selon le timing saoudien, mais aussi selon le protocole dont les détails ont sans doute été étudiés par le chef du diwan royal, Khaled Tueijri», écrit As Safir. «Ce protocole voulait donner l’impression qu’un accueil chaleureux avait été réservé au chef de l’Etat. Mais la confusion n’a pas tardé à régner. Etait-il convenu que le roi Abdallah recevrait le président Sleiman en présence de l’ancien Premier ministre, Saad Hariri?», poursuit le journal. «Ce dernier était installé à la droite du président. En sa qualité de membre de la délégation officielle ou de chef du 14-Mars», s’interroge As Safir Bien que la photo distribuée par les services de presse libanais et saoudien montre clairement M. Saad Hariri lors de la rencontre, son nom n’est cité ni dans le communiqué du palais présidentiel, ni dans celui du palais royal saoudien. Selon le texte officiel, le président de la République et le roi Abdallah d’Arabie saoudite ont souligné «la nécessité de consolider la ligne de la modération au niveau des positions politiques et de mettre en application la déclaration de Baabda, qui vise à neutraliser le Liban des axes et des conflits, d’autant que le pays passe par des instants difficiles aux deux plans politique et économique, aux portes d’échéances fondamentales». Les deux dirigeants ont mis en exergue «la nécessité de préserver la stabilité politique, économique et sécuritaire du Liban, et pour toutes les parties de se ranger derrière les constantes nationales qui maintiennent le Liban à l’abri des répercussions de ce qui se produit autour de lui».
Source : https://mediaramalb.files.wordpress.com/2013/11/mediarama-460.pdf