Washington ne veut pas voir de «vide politique» au Liban.
La peur du vide politique au Liban a poussé les puissances occidentales à lâcher leurs fidèles alliés du 14-Mars (coalition de l’opposition pro saoudienne et anti syrienne animée par Saad Hariri), et à assurer un filet protecteur au gouvernement de Najib Mikati, au sein duquel siègent deux ministres du Hezbollah.
Face à cette gifle qu’ils ont reçu, les dirigeants du 14-Mars s’accrochent à n’importe quel signe pour rassurer leur base populaire déçue et inquiète. C’est ainsi qu’une déclaration du département d’Etat américain sur la nécessité de former un autre gouvernement au Liban entre toutes les forces politiques, a été interprétée, par le quotidien al-Moustaqbal, comme «un changement de la position de Washington à l’égard de Najib Mikati». Alors que la porte-parole Victoria Nuland affirme clairement que les Etats-Unis «ne veulent pas voir un vide» au Liban. «L’instabilité exportée depuis la Syrie menace plus que jamais la sécurité du Liban et il revient vraiment aux Libanais de choisir un gouvernement qui puisse juguler cette menace», a déclaré Mme Nuland. «Nous soutenons les efforts du président Michel Sleiman et d’autres dirigeants responsables au Liban pour bâtir un gouvernement efficace et pour prendre les mesures qui s’imposent à la suite de l’attentat terroriste du 19 octobre», a-t-elle ajouté. Washington ne veut pas voir de «vide politique» au Liban, a conclu la diplomate.
Ces déclarations font écho à celles de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, qui a exprimé mardi à Beyrouth son inquiétude pour la stabilité du Liban. «Certains tentent de détourner l’attention de la situation dans la région en provoquant des problèmes au Liban», a déclaré la responsable européenne, en apparente allusion au conflit syrien. «Mme Ashton a transmis au président de la République le soutien de l’UE à la souveraineté, l’indépendance et la stabilité du Liban», selon l’Agence nationale d’Information (Ani, officielle). Elle a appelé «à éviter le vide politique et exprimé le soutien de l’UE aux efforts du président en vue d’un dialogue».
La Russie a aussi appelé toutes les forces «politiques et confessionnelles» du Liban à la retenue afin d’empêcher l’instauration du chaos. «La Russie réaffirme de nouveau son attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité et à la stabilité du Liban et appelle toutes les forces politiques et confessionnelles du pays, tant progouvernementales que d’opposition, à faire preuve de retenue face à la menace de chaos », lit-on dans un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères.
Sur le plan interne, le président du Parlement, Nabih Berry, a déclaré devant ses visiteurs que le boycott par le 14-Mars du Parlement «ne mène à rien et ne sert en rien le pays». Dans des propos rapportés par le quotidien Al-Joumhouria (14-Mars), M. Berry a déclaré: «J’aurais espéré que les forces politiques apprendraient les unes des autres de leurs erreurs. Mais il semble que le 14-Mars ait pris, d’un seul coup, tous les défauts du 8-mars.»
De son côté, M. Walid Joumblatt a nié entreprendre une quelconque démarche pour former un gouvernement d’union nationale, tout en appuyant la formation d’un tel cabinet.
Médiarama (revue de presse libanaise)
24 octobre 2012