Les chrétiens et les chiites unanimes pour désavouer le président de la République et exiger le report des élections législatives.
Le président la République, Michel Sleiman, ne décolère plus depuis que les représentants des partis chrétiens s’étaient réunis le mercredi 3 avril au siège du patriarcat maronite à Bkerké, sans qu’il en soit informé, pour exiger pure et simple l’abrogation du code électoral actuel (dit loi 1960) auquel le président, maronite de surcroît, y tenait coûte que coûte. Un code qui favorise les partis de l’opposition anti-syrienne et prosaoudienne.
Les principaux partis chrétiens toutes tendances confondues (Courant patriotique libre, Forces libanaises, Courant des Marada et Kataëb) convoqués par le cardinal Arraï, ont en effet donné, à l’issue de cette réunion, le coup de grâce à la loi 1960 en annonçant leur refus de participer à des élections législatives qui seraient organisées sur la base de cette législation. Réunis sous l’égide du patriarche maronite Béchara Raï, lui-même opposé à cette loi, les partis chrétiens ont décidé de ne présenter aucune candidature et ont appelé le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, invité en soirée au siège patriarcal, à trouver un moyen pour suspendre le processus de dépôt des candidatures.
Affirmant que légalement il ne pouvait pas bloquer ce processus, M. Charbel a déclaré, le lendemain, qu’il est impossible d’« organiser des élections s’il n’y a pas de consensus ». Il a ajouté que seuls 16 candidats ont présenté leur dossier au ministère de l’Intérieur, à cinq jours de la fin du délai, le 10 avril. Le ministre a indiqué qu’il adressera sous peu une lettre au président de la République Michel Sleiman (à qui il doit son poste selon la répartition confessionnelle en vigueur au Liban), au Premier ministre démissionnaire Najib Mikati et au président de la Chambre Nabih Berry pour leur annoncer le report des élections législatives prévues en juin.
Ouvrant la voie à un projet de loi électorale consensuel, les représentants des partis chrétiens ont suspendu leur soutien au projet de code électoral dit « code orthodoxe » (chaque communauté élit ses propres députés), qui bénéficiait de leur soutien mais qui est rejeté par le Courant du futur de Hariri et le Parti socialiste progressiste de Joumbaltt. La réunion de Berké a appelé à l’élaboration d’une nouvelle loi juste et équitable qui jouirait du soutien de toutes les parties libanaises dans un délai raisonnable, quitte à reporter les élections pour une période limitée, pour des « raisons techniques ». Le communiqué publié à l’issue de la réunion indique que « la loi de 1960 consacre l’injustice à l’encontre des chrétiens, ce qui a déjà été rejeté par la majorité des composantes libanaises ».
Des sources politiques citées par la presse libanaise indiquent que les partis chrétiens se seraient engagés à convaincre leurs alliés respectifs de ne pas présenter de candidats sur base de la loi de 1960. Le Hezbollah avait déjà annoncé qu’il ne participerait pas aux élections si le général Michel Aoun refusait d’y prendre part.
Sur le plan gouvernemental, le 8-Mars et le CPL (majorité) ont intensifié leurs contacts pour tenter d’unifier leur position. Une réunion a eu lieu hier à Aïn el-Tiné autour du président Nabih Berry, en présence du leader des Marada Sleiman Frangié, du ministre de l’Énergie Gebran Bassil, du député du Tachnag ainsi que du secrétaire général de ce parti, MM. Hagop Pakradounian et Hovig Mékhitarian, du conseiller de Hassan Nasrallah, Hussein Khalil, et du ministre de la Santé Ali Hassan Khalil. M. Bassil a qualifié de « positive » l’ambiance de la réunion.
De son côté, le 14-Mars (opposition anti-syrienne et pro saoudienne) s’orient pour proposer à la tête du nouveau gouvernement, le député de Beyrouth, Tammam Salam. Le député Samir Jisr a indiqué que le candidat « sera capable de superviser les élections législatives et est considérée comme étant neutre ». Il a souligné qu’il est « possible de s’entendre avec le 8-Mars sur une même personnalité neutre ».
En attendant un accord sur une personnalité « neutre », il est désormais acquis que les élections législatives prévues en juin, n’auront pas lieu. Au grand dam du président de la république qui se voit ainsi désavoué.
Source : Al Akhbar