Les Libanais gardent un silence de mort au sujet d’un danger immédiat et existentiel qui guette leur pays, celui des réfugiés syriens, dont le nombre atteindra, dès 2014, 2,3 millions de personnes, soit près de la moitié des habitants du pays.
Les hommes politiques libanais, plus particulièrement ceux qui sont proches du Mouvement du 14-Mars (dirigé par Saad Hariri et résolument anti syrien), provoquent un tapage d’enfer autour du «réseau de télécommunication du Hezbollah» ou des mesures de sécurité adoptées par la police municipale, en coopération avec le parti, dans la banlieue sud de Beyrouth, pour empêcher l’infiltration de voitures piégées dans cette région. La machine médiatique tourne à plein régime pour dénoncer des pratiques qualifiées d’«atteintes à l’autorité de l’Etat». Mais tous gardent un silence de mort au sujet d’un danger immédiat et existentiel qui guette le Liban, celui des réfugiés syriens, dont le nombre atteindra, dès 2014, 2,3 millions de personnes, soit près de la moitié des habitants du pays.
Il est clair que la campagne politico-médiatique menée tambour battant contre le Hezbollah vise à faire diversion, afin que les vrais problèmes ne soient pas abordés. Car si le réseau de télécommunication de la Résistance gêne surtout Israël, le poids des réfugiés syriens, lui, pèse sur les épaules de tous les Libanais, à en croire un rapport de l’Escwa repris par le quotidien Al Akhbar ce mardi. Avec autant de réfugiés syriens, le nombre d’habitants du Liban grimpera de 4,1 millions de personnes à 6,4 millions, ce qui aura des «répercussions énormes sur les plan social et économique et constituera un tournant historique dans l’histoire du Liban et pour son existence même», écrit le journal.
L’étude de l’Escwa indique que le nombre de réfugiés syriens aura des répercussions énormes sur le marché du travail et sur la situation économique en général. Le taux de chômage grimpera à 29% si aucune majoration des salaires n’est décidée et à 14% si les salaires sont augmentés. Le revenu par habitant baissera de 20% si le marché du travail ne parvient pas à absorber la main d’œuvre syrienne et à assurer de nouvelles sources de revenus, et de 12,3% si la main d’œuvre syrienne est absorbée. De nombreuses questions sont soulevées dans les cercles restreints au sujet des réfugiés syriens: où logent-ils? Que mangent-ils? Où travaillent-ils? Se sont-ils intégrés au tissu social libanais? L’infrastructure du Liban est-elle en mesure de supporter le poids de plus de deux millions de personnes supplémentaires? Toutes ces questions devraient être examinées lors d’une conférence qui sera organisée à New York en marge de l’Assemblée générale des Nations unies. Mais entretemps, la communauté internationale ne tient pas les promesses d’aide qu’elle a faites lorsqu’elle a encouragé le Liban à accueillir, sans réserve, autant de réfugiés syriens. Le Haut commissariat aux réfugiés de l’Onu a décidé, début septembre, de supprimer, faute de moyens, l’aide alimentaire de quelque 200000 réfugiés. À partir du 1er octobre, 28% des Syriens vont donc voir leur aide alimentaire supprimée. Cette décision a été prise après que le HCR ne soit parvenu à rassembler que 27% des 1,7 milliard de dollars dont il a besoin pour subvenir aux besoins des quelque 720000 réfugiés officiellement inscrits sur ses listes.
Médiarama
17 septembre 2013