La rue est donc laissé au bon vouloir des miliciens, qui se déchainent à coups de mitrailleuses lourdes, de grenades et de roquettes RPG7 et B10.
Déjà quinze morts et quelque 110 blessés, et aucune démarche sérieuse
n’a encore été entreprise pour mettre un terme aux violents combats qui
mettent Tripoli à feu et à sang depuis cinq jours. Le président de la
République, Michel Sleiman, n’a pas jugé bon de modifier son emploi de
temps et a pris l’avion pour la Grèce. Pas plus d’ailleurs que le Premier
ministre Najib Mikati, pourtant député du chef-lieu du Liban-Nord. Les
heurts qui opposent depuis trois jours les quartiers de Jabal Mohsen et
Bab el-Tebbané ont en outre provoqué d’importants dégâts dans les biens
des habitants de ces régions, déjà très durement touchés par la pauvreté.
La rue est donc laissé au bon vouloir des miliciens, qui se déchainent à
coups de mitrailleuses lourdes, de grenades et de roquettes RPG7 et B10.
Selon certaines informations non confirmées par des sources de sécurité,
des obus de mortier de calibre 82mm se seraient abattus sur Jabal
Mohsen, ce qui constituerait une première dans les affrontements qui
secouent périodiquement Tripoli.
Même l’Armée libanaise, qui a riposté aux tirs venant des deux côtés,
n’est pas parvenue à mettre un terme à l’escalade. C’est que la solution
ne peut qu’être politique et pour l’instant, aucune initiative sérieuse n’a
encore eu lieu. L’absence de la ville du mufti Malek el-Chaar, respecté de
tous, ne facilite pas les choses. Le dignitaire religieux a dit qu’il resterait
à Paris après avoir reçu des informations que sa vie était en danger.
Selon des sources bien informées, l’absence de décision politique
répondrait à la volonté de certains pays arabes, qui financent les
islamistes et les salafistes du Liban-Nord, de procéder à une vaste
escalade au Liban à partir de Tripoli. Ces acteurs régionaux, qui poussent
ouvertement vers une confrontation entre sunnites et chiites, auraient
trouvé un prétexte en or pour réchauffer les esprits dans le drame de Tal
Kalakh, où 14 jihadistes libanais ont péri dans une embuscade tendue par
l’armée syrienne alors qu’ils allaient rejoindre les rebelles.
Dans ce cadre, le journal As Safir a rapporté que la Syrie a accepté le
rapatriement au Liban de cinq corps de miliciens islamistes libanais. Neuf
autres dépouilles seront rapatriées en deux étapes ultérieures. Toutefois,
les familles des victimes ont rejeté l’offre des autorités syriennes,
exigeant le rapatriement de tous les corps en même temps. Des sources
diplomatiques citées par L’Orient-Le Jour ont indiqué que la première
étape de la remise des dépouilles s’effectuera «en toute discrétion»,
samedi, à la frontière avec la Syrie.
Médiarama
7 décembre 2012