Entretien exclusif avec Amar Bellani, l’Ambassadeur d’Algérie à Bruxelles
Afrique-Asie : Comment évaluez-vous l’état des relations globales entre l’Algérie et l’UE ?
Amar Bellani : On peut distinguer deux séquences bien distinctes dans les relations entre l’Algérie et l’Union européenne, intercalées entre l’année 2019 qui a drainé de nombreux changements aussi bien en Algérie qu’au sein de l’union européenne et de ses institutions.
Premièrement, il est bon de rappeler que dans le cadre de la Politique européenne de Voisinage (PEV) révisée, adoptée par la Commission européenne en novembre 2015, l’Algérie fut le tout premier pays à conclure le document programmatique portant « Priorités communes du partenariat », en mars 2017. Cet instrument a établi un cadre de coopération renouvelée et renforcée mettant l’accent sur cinq grandes priorités, à savoir le dialogue politique, la gouvernance et les droits fondamentaux ; le développement socioéconomique et le commerce ; l’énergie, l’environnement et le changement climatique ; le dialogue stratégique et sécuritaire ; et enfin la dimension humaine, la migration et la mobilité.
Un rapport sur l’état de sa mise en œuvre, rédigé en mai 2018, faisait ressortir un bilan globalement satisfaisant (intensification du dialogue politique avec de nombreuses visites de haut niveau, approfondissement de la coopération dans les domaines énergétique et sécuritaires, réalisation de progrès tangibles dans certains domaines sectoriels..etc.).
Cette coopération reste cependant bien en deçà des attentes, notamment en termes de diversification économique, de renforcement des capacités de notre pays, d’une plus grande attractivité des investissements réellement productifs en dehors de la sphère de l’énergie et de l’instauration de relations commerciales équilibrées et mutuellement avantageuses qui prennent dument compte la réalité de la situation économique complexe de notre pays, compte tenu des chocs externes brutaux subis depuis 2014 (chute des cours du pétrole, impact de la crise sanitaire etc..)
Deuxièmement, à l’issue de la phase de latence observée au cours de l’année 2019, une phase ambitieuse et prometteuse s’est ouverte depuis l’élection et l’investiture du Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, en décembre 2019, dont le programme est focalisé sur l’édification d’une nouvelle République basée sur la bonne gouvernance et la démocratie. Cette nouvelle ère en Algérie coïncide avec l’entrée en exercice d’une nouvelle équipe dirigeante de l’UE, le 1er décembre 2019. La nouvelle commission européenne qui se proclame « commission géopolitique » aspire à centrer son redéploiement diplomatique prioritaire en direction des pays du voisinage et de l’Afrique. Ceci devrait permettre d’impulser aux relations Algérie – UE une dynamique nouvelle, qualitative et pragmatique pour les situer à la hauteur des attentes mutuelle et des enjeux régionaux et globaux.
C’est dans ce contexte singulier que le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a rencontré, le 17 janvier 2020 à Berlin, le président du Conseil européen, Charles Michel, en marge des travaux de la Conférence internationale sur la Libye, pour évoquer le nouvel esprit qui doit désormais présider à la consolidation d’un partenariat d’égal à égal, entre deux partenaires stratégiques de l’espace euro-méditerranéen, sur la base du respect mutuel et du bénéfice réciproque.
C’est l’ambition que portera l’Algérie lors des prochaines échéances statutaires, notamment la 12ème session du Conseil d’Association, prévue à l’automne. Ce conseil d’association qui sera le point d’orgue de la relance de nos relations multidimensionnelles avec l’UE, sera précédé par la tenue de cinq sous-comités sectoriels importants (dialogue politique, sécurité, coopération scientifique, technologique, transport, commerce etc ) qui vont baliser la voie à cette rénovation de la relation bilatérale
Qu’en est-il, au juste, de l’état et des perspectives des relations économiques et commerciales ?
La dernière rencontre de haut niveau entre l’Algérie et l’Union Européenne, a eu lieu à l’occasion de la tenue de la 7eme Session du Comité d’association le 19 mars 2019 à Alger, pour l’évaluation conjointe de l’Accord d’association et des Priorités communes de partenariat (PcP).
Les deux parties avaient noté avec satisfaction, l’élargissement de la coopération sectorielle et thématique et la dynamique qui caractérise leur partenariat, comme elles ont réaffirmé leur volonté commune d’œuvrer à l’utilisation optimale de l’Accord d’association, en mettant en œuvre les mesures nécessaires pour l’amélioration de la gouvernance économique et l’encouragement de l’initiative privée ainsi que la relance de l’investissement et la modernisation et la rationalisation de la gestion des finances publiques.
L’Algérie insiste tout particulièrement sur la nécessité d’accorder la priorité à des programmes à caractère horizontal (intersectoriels) avec l’option d’un appui budgétaire, à travers une contribution européenne de qualité et substantielle, de nature à renforcer les capacités nationales institutionnelles et humaines et l’appui à la diversification de l’économie nationale.
La partie européenne, qui avait exprimé toute sa disponibilité à accompagner notre pays dans ses reformes de modernisation des institutions, l’approfondissement de la diversification économique, notamment à travers l’amélioration du climat des affaires et l’élargissement des contributions financières à l’allocation de crédits concessionnels pour les infrastructures et les PME/PMI.
Le montant des différents programmes de mise en œuvre de l’Accord d’association a atteint plus de 655 millions € entre 2007 et 2020, dont le plan triennal 2018-2020 d’une enveloppe de 125 millions euros (40 millions d’euros pour l’année 2020) ; Les différents programmes portent, entre autres, sur l’économie bleue, l’économie verte et circulaire, la diversification de l’économie, le tourisme, l’employabilité des jeunes, la décentralisation ainsi que le Programme pour la facilité d’appui aux priorités de partenariat (FAPP)
Pour la programmation 2021-2027, les projets sont en cours d’identification dans les mêmes domaines de coopération, mais orientés principalement vers les priorités des deux parties, à savoir l’amélioration du climat des affaires et la diversification de l’économie, pour l’Algérie et l’économie verte (Green deal) et l’économie digitale, pour l’UE.
Des sources européennes évoquent fréquemment des divergences avec l’Algérie en ce qui concerne les relations commerciales bilatérales ?
Cette question, trouve son origine dans la mise en place par l’Algérie, de mesures d’encadrement et d’assainissement de son commerce extérieur, pour faire face aux retombées générées par la chute drastique des cours mondiaux de pétrole à partir de 2014 et au fléau de la surfacturation et autres pratiques illicites qui ont saigné l’économie nationale. Aussi et dans le but de protéger son économie, l’Algérie a instauré des mesures tarifaires et non tarifaires, mais accompagnées de toute la souplesse requise pour sauvegarder les intérêts de ses partenaires commerciaux les plus importants, dont l’Union européenne.
Cet ajustement impératif de la structure des importations s’est traduit par la mise en place successive de plusieurs dispositifs qui ont été remplacés par l’instauration de droits additionnels provisoires (DAPS) compris entre 30% et 200%, par la loi de finances de 2018. Malgré le contexte spécial dans lequel était décidé l’ajustement transitoire et non discriminatoire de la structure des importations celui-ci n’a concerné qu’une infime partie des importations en provenance de l’UE à hauteur d’un milliard d’euros sur plus de 20 milliards d’euros.
L’Algérie a constamment réaffirmé sa disponibilité de poursuivre les discussions et de travailler de manière conjointe avec les institutions européennes en vue de trouver un arrangement mutuellement acceptable. Elle estime néanmoins, que la coopération bilatérale ne peut être réduite aux seuls échanges commerciaux et devrait être étendue aux investissements et au transfert de technologie pour le développement des capacités nationales de production et atténuer quelque peu l’asymétrie insoutenable qui caractérise les échanges entre les deux parties.
Cette volonté s’est manifestée par des actions concrètes visant à protéger, à la fois, l’économie nationale et rassurer les opérateurs européens, en accordant d’importantes facilités aux investisseurs étrangers, dont des avantages fiscaux et le transfert de leurs bénéfices. Plus encore, la loi de finance 2020 a instauré de nouvelles mesures incitatives en matière d’investissement et de commerce, dont la plus importante concerne la révision de la règle 51/49.
Il convient par ailleurs de souligner que ces mécanismes de sauvegarde de l’économie nationale, ne sont pas spécifiques à l’Algérie. En effet, au plan commercial, l’UE connait des différends de toute sorte avec de nombreux partenaires, notamment les plus importants comme les États-Unis et la Chine. Ces puissances commerciales s’accusent mutuellement de protectionnisme et recourent très souvent à des contremesures.
Et quid des Relations dans le domaine de l’énergie ? :
La dimension énergétique revêt un caractère structurant dans les relations de l’Algérie avec l’Union Européenne. Notre pays a toujours été un partenaire fiable et sûr en matière d’approvisionnement en hydrocarbures, notamment, de gaz naturel, dont il assure plus de 12% des quantités importées par les pays membres de l’UE. .
Le Pacte vert européen (Green Deal), qui prévoit la neutralité climatique d’ici 2050 et une réduction des gaz à effet de serre de 50% voire 55% par rapport au niveau de 1990 impose aux pays de l’UE de mener des plans nationaux Énergie-Climat ambitieux, pour sortir de la dépendance vis-à-vis des énergies fossiles. Et c’est bien à ce titre que le gaz naturel continuera de constituer pour les années à venir un instrument indispensable vers la transition énergétique souhaitée par l’UE, mais également dictée par les obligations internationales induites par l’Accord de Paris sur le climat. La part du gaz naturel dans le mix énergétique ne fera que croitre à l’avenir, malgré les convulsions actuelles du marché.
Cette transition énergétique exige, aussi, le développement des énergies renouvelables, dont l’Algérie constitue un gisement important, à proximité de l’Europe, notamment, s’agissant de l’énergie solaire, qui constitue un véritable de gisement de coopération bilatérale avec le partenaire européen pour les années et décennies à venir et un vecteur potentiel de coopération triangulaire renforcée avec les pays limitrophes du Sahel et à leur développement.
De nombreux sites marocains et l’agence MAP font état d’interpellations répétées de l’Algérie sur la question de l’aide humanitaire accordée par l’UE aux refugies sahraouis.
Parmi ces sites que vous citez, dont un en particulier, qui a été qualifié, à juste titre, « d’innommable et venimeux », beaucoup ont été créés et sont financés spécialement pour cultiver et entretenir les sentiments de haine à l’endroit de l’Algérie et pour se réjouir des malheurs de son peuple.
À titre anecdotique, même si le sujet est grave, ce site dont je viens de parler ne rate pas une seule occasion pour dénigrer l’Algérie, y compris sur des sujets serieux comme la pandémie du Covid-19, se félicitant presque, puérilement et avec une joie à peine contenue, de l’exclusion de l’Algérie de la liste de l’UE des pays sûrs en provenance desquels sont autorisés les voyages non essentiels. Il se trouve, que selon les derniers chiffres rendus publics par le centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) le cumul des nouvelles contaminations au Maroc au cours des derniers 14 jours (du 24 juillet au 06 aout 2020) pour 100 000 habitants avoisine les 29 cas (le plafond étant fixé par l’UE à 16 nouveaux cas de contaminations par tranche de 100 000 habitants. Pour la même période, le taux pour l’Algérie ne s’élève qu’à 19 nouveaux cas pour 100 000 habitants). Ceci veut dire, que si cette tendance alarmante à la hausse des contaminations au Maroc devait se poursuivre, ce dernier sera également exclu de la prochaine liste actualisée de l’UE qui sera dévoilée en cette fin de semaine.
La désinformation, la manipulation et la propagande, poussées à leurs limites extrêmes en tant que vecteur de « guerre médiatique » ne s’embarrassent plus de scrupules déontologiques et mêlent volontairement les allégations calomnieuses àt l’invective et à la diffamation, y compris contre les plus hautes institutions de mon pays. Une analyse froide et objective de ces torrents quotidiens d’articles biaisés, décontextualisés, et orientés à dessein, prouvent bien, comme le soulignait le Président de la République, que le Maroc a un sérieux problème avec l’Algérie alors que nous ne faisons que réagir, dans les limites de la correction, à d’abominables fabulations.
Pour revenir aux allégations de détournement de l’aide humanitaire accordée aux réfugiés sahraouis, qui ont été réfutées de la manière la plus ferme par de nombreux responsables de l’Union Européenne (le document argumenté avec reprise in extenso des déclarations des responsables européens est consultable sur le site de l’Ambassade), la diplomatie marocaine veut faire diversion mais à vrai dire, elle est en train de « pousser un âne mort » comme le dit cette sentence imagée bien de chez nous. D’ailleurs, dans sa fuite en avant, le Maroc n’hésite plus à assumer au grand jour des liaisons plus que douteuses avec l’extrême droite en Europe qui le rend bien, en retour, aux maghrébins (et marocains) qui sont plus violemment vilipendés et stigmatisés que jamais, par ces mêmes tenants de l’idéologie xénophobe et islamophobe.
Les questions préparées par les petites mains de la chancellerie et posées par les eurodéputés de cette frange marginale et identitaire du parlement européen (groupe Identité et Démocratie, le groupe politique qui a le moins d’influence selon la baromètre…) sont toujours de la même facture : un argumentaire mensonger et vermoulu sur la question du Sahara occidental et une bonne dose d’animosité historique envers l’Algérie, de la part de ceux qui n’ont pas digéré l’indépendance arrachée de haute lutte par le vaillant peuple algérien. Ces informations frelatées sont bien entendu relayées dans la fachosphère qui se délecte goulument de tout ce qui pourrait écorner l’image de l’Algérie.
Le recours assidu à ce groupe politique identitaire, dont l’idéologie nauséabonde est connue de tous, renseigne, à la fois, sur le brouillage des repères politiques et moraux chez ceux qui démarchent les députés issus de ce groupe et sur la perte de terrain auprès des grands groupes politiques traditionnels qui animent la vie de l’hémicycle européen. Le cas de Thierry Mariani (pour ne pas citer Nicolas Bay, Dominique Bilde ou la dernière recrue tchèque, exhibée, tel un trophée de chasse, par l’ambassadeure de sa majesté à Prague) est symptomatique : une ignorance crasse des dossiers de politique étrangère (en février 2020, il dénonçait la « montée en puissance des immixtions algériennes au Sahara occidental » (sic), un parcours politique sinueux, jonché de traîtrises et de fidélités versatiles, et surtout une haine viscérale et inapaisable de l’Algérie indépendante (sa sortie misérable après la victoire des verts en coupe d’Afrique des nations n’était pas passée inaperçue).
On peut multiplier les exemples à l’envi, mais voilà le carnet d’adresses peu recommandable, (en plus d’une poignée d’eurodéputés, bulgare ou belges comme l’ancien ministre Chastel, connus pour leur long cheminement et « proximité » avec la chancellerie marocaine) autour duquel est montée en épingle et de manière souvent théâtrale, cette supercherie concernant les allégations de détournement de l’aide humanitaire de l’union européenne. Bien entendu, le rêve caressé en secret par la diplomatie marocaine serait de « débaucher » (elle sait mettre les moyens) un certain nombre de députés en vue de la saisine de la sous-commission du contrôle budgétaire afin de faire, pour la forme, le plus grand raffut médiatique sur une affaire définitivement close quant au fond. Sur la question des droits de l’homme qui qui font l’objet de violations sérieuses dans le territoire sahraoui occupé, et face aux initiatives coordonnées par d’importantes ONG à Bruxelles, Genève et New York sur la base d’informations documentées et irréfragables, l’autre partie ressort du placard les « présidents des régions Laayoune-Sakia al Hamra et Dakhla-oued Eddahab » (sic) pour réciter leur partition réchauffée et recuite sur les garanties constitutionnelles et autres antiennes sur les engagements internationaux. La non représentativité et l’absence totale de crédibilité de ces personnes sont régulièrement dénoncées par les sahraouis et par leur représentant légitime, le Front Polisario.
Où en sont les recours introduits par le Front Polisario devant la Cour de Justice de l’UE contre le renouvellement des accords agricole et de pêche entre l’Union européenne et le Maroc, incluant le Sahara occidental ?
Le calendrier prévisionnel relatif au traitement des recours en annulation formés par le Front Polisario devant le Tribunal de l’UE a été impacté par la suspension des activités de cette juridiction, entre mars et mai 2020, du fait de la propagation de la Covid-19. Avec la reprise progressive des activités de la Cour depuis le 11 juin dernier, il y a bon espoir que la phase des audiences soit organisée vers la fin de cette année. Il est donc probable que les instances judiciaires européennes statueront définitivement sur l’annulation des accords scélérats conclus entre le Maroc et l’UE en matière agricole et de pêche, au début de l’année 2021. Nul doute que la jurisprudence européenne ne manquera pas, à cette occasion, de conforter la cohérence et la logique judiciaire en partant de l’arrêt du 21 décembre 2016 de la CJUE qui avait conclu que les accords d’association et de libéralisation conclus entre l’UE et le Maroc ne sont pas applicables au Sahara occidental.
Cette issue inéluctable, fondée sur la reconnaissance par la CJUE du « statut séparé et distinct » du Sahara occidental et l’impératif du «consentement» préalable du peuple sahraoui à toute inclusion de son territoire dans des accords internationaux, mettra un terme à la forfaiture juridique inédite, qui s’est mise en place au terme d’une procédure chaotique basée, entre autres, sur la déformation préméditée des conditions juridiques posées par la CJUE (consentement), la rédaction de documents truffés de contre-vérités, la négation du droit d’accès à l’information et de graves scandales de conflit d’intérêts.
D’ailleurs, il est intéressant de déceler une certaine prudence de l’UE dans la terminologie des textes d’application relatifs à l’extension illégale des préférences tarifaires aux produits originaires du Sahara occidental. Acculé, le Maroc a été obligé d’accepter que les décisions du Conseil mentionnent explicitement que « rien dans les termes de ces accords ne permet de considérer que l’UE reconnaît la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental» et que cette dernière «ne préjuge pas de l’issue du processus politique sur le statut final du Sahara occidental qui a lieu sous l’égide des Nations unies». Bien plus encore, le fait-même que le Maroc ait accepté la mise en place d’un mécanisme d’évaluation de l’impact de ces nouveaux accords sur le Sahara occidental, prouve que ce pays occupe illégalement un territoire qui échappe totalement à sa souveraineté, car aucun Etat souverain n’accepterait de tels dispositifs contraignants sur une seule partie de son territoire, déterminée qui plus est, par une tierce partie.
Il faut aussi relever que le traitement par la CJUE des recours du Front Polisario intervient dans un triple contexte institutionnel favorable à la cause sahraouie. Il y a, d’abord, une sollicitude grandissante de l’hémicycle européen à l’égard de cette dernière colonie en Afrique, comme le prouvent la mise en place de l’intergroupe parlementaire européen « Paix pour le peuple sahraoui », le 13 février 2020, et nombre sans cesse croissant des questions écrites adressées par les eurodéputés, de tous bords politiques, à la Commission européenne (statut, ressources, étiquetage, droits de l’homme…etc).
Ensuite, la nouvelle équipe dirigeante de la Commission européenne, en place depuis le 1er décembre 2020, y compris par la voix de son Haut représentant pour la politique étrangère et la politique de sécurité, Josep Borrel assené, à plusieurs reprises (et il vient de le réaffirmer, ce 05 aout), des coups mortels à la fiction autoentretenue de la « marocanité » du Sahara occidental, en affirmant de manière ferme et tranchée que « le Sahara occidental est un territoire non autonome dont le statut reste à déterminer par le processus onusien en cours » et que «l’UE soutient les efforts du Secrétaire général des Nations unies pour parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, garantissant l’autodétermination du peuple du Sahara occidental».
Enfin, Il y a la cohérence de la jurisprudence européenne qui a été notamment enrichie par l’arrêt de la CJUE du 12 novembre 2019, sur l’étiquetage des produits en provenance des colonies israéliennes. Ceci d’autant plus que dans cet arrêt historique, la question palestinienne a bénéficié de la jurisprudence de la Cour sur la question du Sahara occidental, à travers de nombreuses références explicites.
Propos recueillis à Bruxelles par Afrique Asie