Les pays occidentaux vont payer très cher leur politique hostile à la Syrie, estiment des spécialistes de la lutte antiterroriste.
De nombreux analystes et experts du renseignement et de la sécurité, aussi bien en Occident qu’au Liban, se disent, dans de nombreux entretiens, articles ou confidences recueillis par Afrique Asie, « atterrés » par la façon irresponsable avec laquelle les autorités politiques en Occident en général, et aux Etats-Unis et en France en particulier, se comportent vis-à-vis du pouvoir syrien. Un comportement frisant l’aveuglement et qui perdure malgré les multiples signaux d’alerte laissant prévoir que la Syrie est en voie de devenir un terreau où prospèrent et s’enracinent dans la durée les groupes et organisations terroristes les plus dangereux au monde. Plutôt que de se ressaisir et de reprendre la coopération sécuritaire avec les autorités syriennes compétentes pour éradiquer ces groupes qui menacent autant les pays occidentaux eux-mêmes que le régime syrien dont ils ont juré la perte, ils persévèrent dans la même stratégie qui a montré sa faillite.
Force cependant est de constater, au fil des jours, que cette stratégie suicidaire n’est pas partagée par tous les centres de décisions dans les pays occidentaux. La communauté du renseignement et les organismes en charge de la lutte contre le terrorisme et le crime organisé dans les pays occidentaux estiment désormais qu’il est vital de cesser toute entreprise de déstabilisation de l’État syrien. Ils n’ont de cesse de tirer la sonnette d’alarme et d’appeler à aider la Syrie à éradiquer les groupes terroristes avant qu’il ne soit trop tard. Avant que ce monstre que l’Occident et leurs supplétifs ont nourri ne leur revienne en pleine figure comme un boomerang.
Une certaine unanimité se dégage à travers tous ces entretiens et confidences recueillis par Afrique-Asie : l’autisme des décideurs politiques occidentaux face aux incessantes mises en garde lancées par leurs services de renseignement affolés de la tournure que prend la crise syrienne.
Un expert français en terrorisme, qui s’était rendu en Libye peu avant le renversement du régime de Kadhafi, et en Syrie, quelques mois après le déclenchement de la crise nous a livré l’analyse suivante. « Les responsables politiques aux États-Unis et en Europe exploitent délibérément la rébellion syrienne afin de punir le président Bachar al-Assad pour sa politique d’alliance avec l’Iran et pour son soutien à des organisations telles que le Hamas et le Hezbollah qui représentent des menaces pour la sécurité d’Israël. Cela est, à la rigueur, compréhensible étant donné l’ultra sensibilité, feinte ou réelle, de ces chancelleries pour tout ce qui touche de près ou de loin l’État hébreu. Ce qui est par contre incompréhensible et dépasse les règles les plus élémentaires de la prudence et du bon sens, avoue-t-il, est l’acharnement de ces pays, directement ou à travers leurs relais jordaniens, turcs, libanais ou du Golfe, à poursuivre leurs aides multiformes (soutien politique et médiatique inconditionnel, armements), ce qui est vraiment bizarre réside dans le fait que ces nations continuent de procurer du soutien, trafics d’armes, financement, de l’entraînement militaire et des fonds à l’opposition syrienne et aux médias, sachant que la classe dominante de l’opposition armée syrienne est celle des terroristes d’Al-Nosra qui sont étroitement affiliés à Al-Qaïda. »
Mais quelles sont les raisons qui interdisent à ces gouvernements de persévérer dans cette voie risquée et sans issue ? Pour ce spécialiste du renseignement, « les gouvernements occidentaux – mais pas tous – estiment à tort que la nébuleuse salafiste est gérable et contrôlable par des pays « alliés » comme l’Arabie Saoudite et le Qatar, oubliant le précédent d’Al-Qaïda, ce monstre créé et nourri par la CIA et l’Arabie Saoudite pour combattre l’Union soviétique en Afghanistan, mais qui a fini non seulement par leur échapper, mais par se retourner contre eux. Ce n’est pas le cas du chef de l’État syrien Bachar al-Assad qui tient à son indépendance et échappe à toute instrumentalisation. Même au moment où on lui déroulait le tapis rouge dans les capitales européennes, Bachar al-Assad s’est montré indépendant, intransigeant sur tout ce qui touche à la souveraineté de la Syrie. Et cela malgré les pressions « amicales » exercées sur lui pour qu’il change de cap stratégique, à savoir rompre avec l’Iran et les organisations palestiniennes qui militent pour recouvrer leurs droits légitimes reconnus par l’Onu, mais qui sont assimilées par les amis de l’État d’Israël à des groupes terroristes. »
Fort heureusement, reprend notre interlocuteur, ce regard réducteur sur la politique syrienne, n’est pas partagé par la majorité des services de renseignement et de lutte antiterroristes en Occident. Une bonne partie de ces services n’a pas hésité à le faire savoir aux pouvoirs politiques, tirant à l’occasion la sonnette d’alerte et les appelant, au nom de la sécurité nationale de leurs propres pays, à reprendre la coopération sécuritaire et dans le domaine du renseignement avec leurs homologues syriens. Cet empressement à vouloir renouer le fil de la coopération avec Damas s’explique. « Ces professionnels du renseignement et de la lutte antiterroriste connaissent en effet parfaitement, souligne-t-il, l’efficacité et la compétence des services syriens dans ces domaines, particulièrement dans le noyautage de la nébuleuse salafisto-terroriste, ses réseaux, ses modes opératoires, ses cellules dormantes, ses dirigeants et, surtout, leurs plans d’action, ce qui leur avait permis de faire avorter de nombreuses opérations avant qu’elles n’aient lieu, y compris en Europe et dans les pays du Maghreb. » Cette compétence, toujours selon cet expert, ne date pas d’aujourd’hui. Elle est le fruit d’une longue traque et d’un combat au quotidien, non seulement en Syrie même, mais dans l’ensemble du monde arabe, du Machrek jusqu’au Maghreb, voire même en Europe… Elle est également le fruit d’un investissement conséquent au niveau des ressources humaines et matérielles. De nombreux officiers supérieurs syriens, formés dans les meilleurs instituts et universités en Syrie même mais aussi à l’étranger, ont été affectés à ces missions. Cela a permis à ces services, au moment où les forces armées syriennes pourchassent et combattent sans répit les groupes terroristes à l’intérieur, à traquer, noyauter et surveiller les terroristes internationaux qui avaient élu domicile en Syrie, dans les zones sous contrôle des groupes armés « alliés » des occidentaux et des monarchies du Golfe et qui mettent au point les prochaines les opérations dans les capitales européennes à plus ou moins courte échéance. « Comble de l’ironie : alors que les États-Unis et leurs alliés européens ne lésinent pas sur les moyens pour soutenir militairement, médiatiquement, financièrement et politiquement l’opposition armée syrienne affiliée à Al-Qaïda et autres mouvements de ce genre, les services de renseignement et de lutte antiterroriste à Damas continuent, eux, à se battre contre le terrorisme à la place et au nom du monde entier ».
Dans un entretien au journal Le Temps d’Algérie, Éric Denécé, le directeur du Centre français de Recherche sur le Renseignement (CF2R), et qui s’était rendu en Syrie dans le cadre d’une enquête exhaustive sur ce pays intitulée « Syrie : une libanisation fabriquée », ne mâche pas ses mots pour dénoncer la conspiration salafo-intégriste qui vise à démolir l’État syrien. « La guerre civile syrienne, comme celles qui l’ont précédée, illustre un fait sordide : la présence, sous le vernis des hommes civilisés du XXIe siècle, d’une barbarie humaine qui ne demande qu’à remonter à la surface ». Éric Denécé évoquait les assassinats collectifs, les égorgements et autres crimes commis par « l’opposition » syrienne, et la vidéo montrant un « islamiste » arrachant le cœur d’un homme avant de le manger.
« Tous les conflits civils récents l’ont malheureusement illustré (la Libye, mais aussi l’Algérie des années 1990, l’ex-Yougoslavie) et j’observe que les exactions commises par ceux qui combattent soi-disant au nom de l’Islam sont encore pires, principalement parce que le niveau de recrutement de ces djihadistes est plus faible et que l’endoctrinement y est plus élevé », explique le directeur du Centre français de recherche sur le renseignement.
« Lorsqu’on utilise des faibles d’esprit, voire des individus frustrés et malades, et qu’on leur donne carte blanche pour tuer en leur expliquant qu’il est normal et utile de le faire au nom d’une religion, quelle qu’elle soit, le résultat ne fait aucun doute : ce sont des massacres et des atrocités gratuits, ajoute-il. Si les Etats-Unis d’Amérique, l’Arabie Saoudite et le Qatar, qui encouragent les factions anti-Bachar en Syrie, ne soutiennent pas directement ces pratiques bestiales, elles ont contribué à les générer et ne font rien pour y mettre un terme. C’est absolument scandaleux et inhumain. Cela ne semble être pour elles que des épiphénomènes ! »
Sur un autre sujet directement lié à la lutte antiterroriste menée par l’État syrien, un ex-responsable d’un service de renseignements français s’exprimant sous le couvert de l’anonymat a laissé éclater sa colère et son dégoût concernant le comportement ingrat, improductif mais surtout suicidaire des décideurs politiques français.
« Prenez, nous dit-il, l’exemple d’un attentat aussi monstrueux que celui qui a visé les quatre hauts officiers de la Cellule de la crise * en Syrie et les a éliminés. Parmi les victimes de cet attentat se trouvait en effet l’un des officiers syriens qui avait d’excellentes relations avec les services français et qui nous avait rendu d’inestimables services dans la prévention et la lutte contre le terrorisme en France même. Qu’avons-nous fait pour prévenir cette liquidation ? Rien ! Pourtant, on savait que les services américains planifiaient une telle opération. La version officielle syrienne de l’attentat le laissait clairement entendre. »
L’opération qui a ciblé la Cellule de la crise était d’une telle sophistication qu’il serait naïf de croire, ne serait-ce un seul instant, qu’elle ait été conçue et exécutée par l’opposition syrienne. Elle portait en fait la signature d’un puissant service occidental, probablement américain.
Mais non seulement les autorités françaises n’ont rien fait pour éviter un tel gâchis, mais elles poursuivent sur la même voie en ciblant d’autres officiers avec qui leurs services étaient en contact régulier et qui avaient contribué à démanteler de nombreuses cellules terroristes dormantes en Europe qui s’apprêtaient à perpétrer des attentats meurtriers, ce qui avait permis de sauver la vie à des centaines de ressortissants en France et en Europe. L’un de ces officiers a d’ailleurs été blessé et a failli perdre la vie en défendant l’une des ambassades occidentales à Damas contre un assaut terroriste.
Ce haut officier n’est autre que le colonel Hafez Makhlouf, le responsable de la lutte antiterroriste, du crime organisé et des réseaux mafieux transnationaux et nationaux. C’est grâce aux efforts de cet officier, nous dit notre interlocuteur, que les autorités syriennes ont pu démanteler d’innombrables cellules terroristes, actives et dormantes, et donc contrecarrer des opérations majeures qui étaient en préparation avancée en Europe en général, et plus spécifiquement en France. « Qu’avons-nous fait pour le remercier ? ». « On l’a mis, constate-t-il abattu, comme les principaux responsables politiques, financiers et sécuritaires syriens sur une liste noire de l’Union européenne, de personnalités avec qui tout dialogue est interdit ! » Autant se tirer une balle dans le pied !
Pour sa part, l’expert en sécurité et l’ancien général de l’armée libanaise Élias Farhat affirme que les attentats ciblant les officiers supérieurs syriens n’affectent pas seulement la sécurité syrienne, mais font également partie d’une entreprise d’affaiblissement de la sécurité internationale et par voie de conséquence renforcent les terroristes à travers le monde. Car la Syrie joue un rôle central, incontournable et irremplaçable dans la lutte mondiale contre le terrorisme. Et sans la collaboration effective et ô combien précieuse de la Syrie avec les services de sécurité occidentaux, les organisations terroristes auraient réussi avec succès de nombreux attentats dans les capitales européennes.
Concernant les répercussions sur la sécurité internationale des sanctions imposées par les États-Unis et l’Union européenne aux hauts officiers syriens chargés de la lutte antiterroriste, le général Farhat ne mâche pas, lui non plus, ses mots. « C’est totalement aberrant et contreproductif. C’est comme se tirer une balle dans le pied. Cela revient à couper la main qui vous aide à vous débarrasser de l’hydre terroriste. »
Et de poursuivre : « Que font les gouvernements européens au moment où la Syrie affronte seule un danger de déstabilisation et une situation sécuritaire grave ? Elle grave les choses en apportant leurs aides multiformes à une opposition armée. Cela étant, ils insultent l’avenir et ferment la porte à toute reprise d’une coopération future. Plus grave encore : ils sanctionnent de hauts officiers syriens qui s’étaient dévoués à sauver des vies européennes. Est-il imaginable qu’une personnalité de l’importance du général major Ali Mamlouk, qui était en charge durant la dernière décennie de la coopération avec les Occidentaux dans le domaine de la lutte contre-terrorisme soit mise sur une liste noire américaine et européenne ? »
Mieux, l’attentat très sophistiqué qui a décimé, en juillet 2012 la Cellule de crise a coûté la vie à plusieurs hauts responsables militaires et sécuritaires (dont le ministre de la Défense, le général Daoud Rajha et son adjoint, Assef Chawkat) qui avaient été dans le passé responsables de la coopération sécuritaire et militaire avec leurs homologues occidentaux. Bien que revendiqué par un groupe armé, il est désormais établi que cette opération n’a pu réussir sans le soutien direct des services occidentaux. Est-il imaginable les services occidentaux font preuve d’autant d’aveuglement et d’ingratitude ?
Walid Zeitouni, un autre général libanais à la retraite et un expert reconnu dans le monde de l’intelligence et des mouvements extrémistes, abonde dans ce sens. Pour lui, « l’imposition par les États-Unis et l’Europe de sanctions à des généraux syriens et à des officiers supérieurs actifs en matière de sécurité est proprement suicidaire. « Il y a lieu de se demander, ironise-t-il, si ces sanctions sont vraiment dirigées contre ces officiers syriens ou contre les propres intérêts nationaux de l’Occident. Comment expliquer cette alliance contre-nature entre Al-Qaïda et les gouvernements occidentaux qui travaillent main dans la main pour casser l’État et l’armée syriens ? Comment expliquer tant de zèle et d’ingéniosité déployés par ces pays occidentaux qui se disent pourtant défenseurs des droits de l’homme à toujours imaginer de nouvelles sanctions contre la Syrie, qui touchent en fait les catégories les plus fragiles de la population, dans l’espoir non dissimulé de renverser le président Bachar al-Assad. Ont-ils imaginé le “jour d’après” ? N’ont-ils pas douté du résultat d’une telle entreprise de déstabilisation, à savoir la création d’un chaos qui ne manquera pas de favoriser la montée en puissance de groupes fondamentalistes, comme les Frères musulmans d’où sont issus, idéologiquement et pratiquement, tous les mouvements takfiris et terroristes dans le monde arabo-musulman ? ».
Pour le général Zeitoun, les Européens font fausse route. « J’ai le regret de dire qu’il n’y a rien de bon pour l’Europe dans cette politique. Non seulement les gouvernements européens se montrent sans foi, ni loi en se retournant contre un pays qui a loyalement coopéré avec eux, dans l’intérêt de la paix et de la sécurité régionale et internationale. Mais ils pratiquent une stratégie – celle des sanctions – qui avait amplement montré son inefficacité, voire son caractère criminel, partout dans le monde où elle a été appliquée. Ce n’est pas en provoquant l’assassinat de ceux-là mêmes qui les avaient aidés ou collaboré avec eux, ou en cherchant à traduire les survivants devant le Tribunal pénal international que les pays occidentaux pourront gagner la bataille contre le terrorisme » martèle le général Zeitoun. « C’est de cette manière ingrate, ajoute-t-il, qu’ils se sont comportés avec le général Ali Mamelouk et qu’ils se comportent aujourd’hui vis-à-vis du colonel Hafez Makhlouf. Or malgré les menaces que les gouvernements occidentaux font peser sur lui et sur ses compagnons, il continue, imperturbable, à poursuivre avec détermination sa mission dans la traque des terroristes là où ils se trouvent. »
Un nombre d’officiers occidentaux et jordaniens que j’ai pu interviewés en off n’ont pas manqué de souligner le contraste entre le comportement des décideurs occidentaux et celui des responsables syriens qui n’ont pas voulu rompre tous les ponts avec leurs correspondants de l’autre rive de la Méditerranée. Ils citent le cas du colonel Hafez Makhlouf qui a continué à diriger avec efficacité la lutte contre le terrorisme sans se soucier des sanctions qui le visaient, tout autant que ses collègues. Il a réussi, entre autres, à capturer de gros bonnets du terrorisme international, et à mettre en échec plusieurs plans d’attaque élaborés par les réseaux d’Al-Qaïda en Syrie même contre des intérêts occidentaux en Europe. Il a également transmis indirectement, par l’intermédiaire de correspondants « amis », aux services occidentaux des informations de vitales qui leur avaient permis, à leur tour, de déjouer ces tentatives. À la suite de ces succès, les services français via des agents officieux ont exprimé le souhait de reprendre officiellement la coopération avec leurs homologues syriens. Ces derniers ont répondu par une fin de non-recevoir claire et nette.
Tant que le gouvernement français continue à combattre le régime syrien côte à côte avec les terroristes, et à prendre la tête de la croisade anti syrienne en matière de sanctions, ont-ils répondu, il n’y a aucune chance qu’une telle requête soit prise en considération. Ce n’est pas le cas avec l’Allemagne qui a dès le départ refusé d’armer l’opposition et ne s’était rangée du côté de l’Union européenne en ce qui concerne la politique des sanctions que par souci de sauver l’apparence d’une position européenne commune. C’est d’ailleurs dans ce contexte, révèle le spécialiste français Richard Labévière à Afrique Asie que le chef du BND (Services extérieurs allemands) s’est rendu à Damas en juin dernier où il a pu rencontrer ses homologues syriens.
De son côté, le brigadier-général Mahmoud Matar (qui était personnellement impliqué, dans les années soixante, en pleine Guerre Froide dans une opération de contre-espionnage audacieuse dirigée par le puissant Deuxième bureau libanais, en étroite coopération avec des services de contre-espionnage occidentaux. Il avait à l’époque déjoué une tentative du KGB de détourner un avion Mirage pour en connaître les secrets technologiques) a bien voulu nous présenter succinctement l’état des lieux. « Les agents de renseignement occidentaux, nous dit-il, sont aujourd’hui déployés massivement en Syrie. Avec pour mission de faire chuter le régime de Bachar al-Assad qui combat le terrorisme, et non de noyauter les réseaux terroristes et les combattre. Ils font fausse route. Ils commencent à s’en rendre compte. Je m’attends donc à ce que les gouvernements occidentaux procèdent à une révision globale de leur stratégie syrienne et à demander officiellement la reprise de la coopération sécuritaire avec Damas. Car ils réalisent maintenant à quel point cette stratégie est myope et contreproductive. Si les deux parties sont perdantes dans ce bras de fer, force cependant est de constater que les dégâts pour les intérêts nationaux occidentaux sont autrement plus importants que pour la Syrie. »
* Dans une interview exclusive accordée à l’agence Asia News par le fils du général Hicham Bakhtiar, l’ancien chef de la Sécurité nationale en Syrie qui a péri lors de l’attentat qui avait visé la cellule de crise en Syrie, en juillet 2012, ainsi que trois des principaux responsables de l’appareil militaro-sécuritaire, il a levé le voile sur certains détails de cette opération.
« Le modus operandi, le procédé de mise à feu et le produit explosif employé ont montré qu’il s’agit d’une opération très sophistiquée inédite en Syrie. Il n’a pas été constaté, en effet, des brûlures sur les corps des victimes ni sur les lieux mêmes de l’attentat. Cela prouve, révèle-t-il, que les explosifs utilisés sont très récents et ne sauraient être en possession de l’opposition. Les enquêteurs syriens sont arrivés à la conclusion qu’il s’agit d’explosifs mis au point par les laboratoires militaires occidentaux les plus performants et ne sont pas encore commercialisés.
La résidence de l’ambassadeur américain se trouve à quelque 600 mètres du lieu de l’attentat. Les services de renseignement syriens ont capté un signal électronique envoyé du quatrième étage de l’ambassade américaine en rapport direct avec la mise à feu de l’explosion.
Bakhtiar junior a la certitude que les Américains sont impliqués, d’une manière ou d’une autre, dans l’assassinat, des généraux Daoud Rajha, Assef Chawkat et Hassan Turkmani.
Des enquêteurs syriens ont révélé dans un documentaire produit par l’agence Asia News, que cette technologie militaire américaine a été utilisée par les services secrets israéliens pour éliminer le colonel Hafez Makhlouf qui se trouvait à bord de sa voiture blindée. Il en sort indemne. Les Israéliens manquèrent de peu sa voiture en dépit du fait que les satellites de renseignements américains avaient marqué par rayon laser leur cible. Petit détail : le colonel Makhlouf était en mission pour compléter son enquête sur un réseau d’Al-Qaïda dont il venait d’arrêter le cerveau, un Jordanien qui était passé aux aveux. Son réseau planifiait en effet des attentats en France, en Espagne et en Jordanie. »