Le président iranien a accusé la famille du président du Parlement, Ali Larijani, de corruption.
A l’approche de l’élection présidentielle de juin 2013 et malgré la demande du Guide suprême de préserver le calme dans le pays, Mahmoud Ahmadinejad a jeté un nouveau pavé dans la mare. Alors qu’il était venu au Parlement, dimanche 3 février, défendre son ministre du travail Abdolreza Sheykholeslami, le président iranien a accusé la famille du président du Parlement, Ali Larijani, de corruption. A la stupéfaction générale, il a d’abord diffusé un enregistrement sonore inaudible puis lu un résumé de discussions clandestinement enregistrées entre l’un des frères d’Ali Larijani, Fazel, et le directeur de la caisse de la Sécurité sociale, Saïd Mortazavi. Pour ajouter du piquant, M. Ahmadinejad a fait valoir qu’il possédait vingt-trois à vingt-quatre heures d’enregistrement vidéo qu’il mettrait à la disposition des parlementaires.
A en croire le président iranien, Fazel Larijani a demandé à Saïd Mortazavi de le mettre en contact avec un homme d’affaires qui cherchait à acheter des biens immobiliers appartenant à la caisse de la Sécurité sociale. Lors de ses multiples rencontres, Fazel Larijani aurait également promis d’aider, grâce à l’influence de ses frères, à résoudre tous les problèmes, notamment judiciaires, qui pourraient survenir à l’occasion de cette transaction. Il faut savoir qu’un autre des frères Laridjani, Sadegh, dirige l’institution judiciaire.
A la fin du discours du président Ahmadinejad, diffusé en direct à la radio nationale, Ali Larijani, gardant son calme, a qualifié les propos présidentiels de « diffamatoires », sa démarche de « mafieuse » et a accusé le chef de l’Etat de désobéir à la loi.
« Que M. Mortazavi invite l’un de mes proches et qu’on filme ses propos, n’est-il pas la preuve d’un complot contre le chef du Parlement ? Le problème du pays vient du fait que le président a recours à ce genre de méthodes immorales », a surenchéri Ali Larijani.
M. Ahmadinejad a par la suite redemandé la parole, ce qui lui a été refusé. « Justement, c’est bien que vous ayez diffusé cet enregistrement pour que le peuple vous connaisse [mieux], car depuis des années, vous menacez de révéler des choses (…). Vous avez lancé vos accusations et nous vous avons répondu. Vous n’aurez plus droit à la parole. Au revoir ! », a tranché M. Larijani, provoquant le départ du président Ahmadinejad du Parlement.
A la fin de cette passe d’armes entre MM. Ahmadinejad et Larijani, certains députés se sont précipités pour consoler le chef du Parlement.
La séance au Parlement s’est soldée par la destitution d’Abdolreza Sheykholeslami, le supérieur direct de Saïd Mortazavi et un proche de M. Ahmadinejad, de son poste de ministre du travail. Le ministre a été convoqué au Parlement car il avait refusé de limoger M. Mortazavi de son poste, malgré un ordre du tribunal administratif. Saïd Mortazavi est l’un des principaux accusés après la mort d’au moins trois détenus au centre de détention Kahrizak, à l’été 2009. Arrêtés pendant les manifestations de rue contre la réélection de Mahmoud Ahmadinejad, ils avaient succombé aux mauvais traitements et aux tortures. M. Mortazavi exerçait également les fonctions de procureur au moment de la mort en détention de la photographe irano-canadienne Zahra Kazemi, en 2003.
Assal Reza
Source : Nouvelles d’Iran
https://keyhani.blog.lemonde.fr/2013/02/04/les-revelations-dahmadinejad-contre-la-famille-larijani-au-parlement/