L’opposition syrienne, qu’elle soit « modérée » ou « radicale », ne décolère plus après le spectaculaire accord américano-russe de Genève. Elle avait appelé de ses vœux à une frappe contre la Syrie.
Les rebelles syriens n’affichent désormais que mépris pour Barack Obama, après l’accord russo-américain sur le démantèlement de l’arsenal chimique de Damas et le recul de Washington sur une intervention armée pour « punir » l’attaque présumée à l’arme chimique le 21 août.
Le chef de l’ASL, le général Salim Idriss, dans une conférence de presse tenue à Istanbul en Turquie, a non seulement rejetté tout en bloc l’accord conclu entre les Etats-Unis et la Russie sur les armes chimiques syriennes, mais il s’est ridiculisé en déclarant dans un discours tenu devant un parterre de journalistes le président russe Vladimir Poutine et son Ministre des Affaires Etrangères Sergueï Lavrov d’avoir été corrompus par l’homme d’affaires syrien, Rami Makhlouf, un des cousins de Bachar Al-Assad (sic).
Le Général Salim Idriss qui occupe la fonction de chef d’état-major du Conseil militaire suprême de l’Armée Syrienne Libre affirme détenir la preuve de ce qu’il avance: « Celui qui veut voir la preuve n’a qu’à passer à mon bureau » , a-t-il fait savoir aux journalistes.
Le Chef de l’ASL ne veut plus entendre parler des négociations de Genève tant que Bachar Al-Assad n’est pas écarté du pouvoir. Il a par la suite fait part de la volonté de l’ASL de continuer la lutte armée jusqu’à la victoire.
Regardez la vidéo (en arabe) de ce général félon, basé en Turquie, qui reçoit ses ordres de l’Arabie saoudite et qui n’a aucune prise sur les différents groupes rebelles qui combattent le pouvoir syrien :
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Le gouvernement syrien a, par contre, salué dimanche 15 septembre cet accord comme «une victoire pour la Syrie remportée grâce à nos amis russes». C’est du moins ce que Ali Haydar, le ministre syrien de la réconciliation nationale, représentant une partie de l’opposition laïque au sein du gouvernement syrien, a déclaré a dans une interview à l’agence publique russe Ria Novosti.
Au moment où la plupart des pays occidentaux saluent cet accord, avec plus ou moins d’enthousiasme, les rebelles syriens se sentent floués et lâchés par leurs parrains. C’est le cas aussi des médias du Golfe.
A Alep (nord), les chefs de deux brigades rebelles estiment que la Russie et le régime de Bachar al-Assad conspirent pour gagner du temps afin d’intensifier sa campagne contre ceux qui cherchent à le renverser, expliquent-ils à l’AFP.
Les deux hommes réagissent à l’accord conclu samedi entre les Etats-Unis et la Russie sur le démantèlement de l’arsenal chimique de la Syrie d’ici mi-2014, qui ouvre la voie à de possibles sanctions, y compris un recours à la force en cas de manquement du régime de Damas.
La signature de cet accord a repoussé la perspective de frappes sur la Syrie, envisagées notamment par Washington et Paris pour « punir » Bachar al-Assad, qu’ils accusent – sans preuves -d’avoir orchestré l’attaque du 21 août, qui a fait des centaines de morts.
« Les Etats-Unis ont clamé qu’ils allaient bombarder la Syrie, puis, quand l’heure est venue, ils ont eu peur », dit Abdelqaderi Asasheh, le chef des interventions de la brigade Al-Tawhid.
Le commandant du bataillon, Abdulaziz Salameh, est encore plus critique. Accusant la Russie et la Syrie de « mettre au point un plan parfait pour arrêter une attaque occidentale », il vilipende le président Obama, « qui a prouvé qu’il n’était pas un homme d’honneur ».
« Nous n’avons pas besoin des frappes, nous n’avons besoin de personne. Nous comptons sur l’aide de Dieu, et il nous mènera à la victoire finale », lance-t-il, bravache. Mais il ajoute que, s’il ne peut rien attendre des Etats-Unis, « s’ils décidaient finalement d’attaquer, nous prendrions avantage de la situation et lancerions des attaques contre les bases militaires du régime et contre l’aéroport, pour prendre le contrôle d’Alep ».
Abu Tawfiqa, un commandant de la brigade Liwa Al-Fateh, explique pour sa part « ne pas vouloir d’attaque », mais affirme que si cela devait arriver « les Etats-Unis trouveraient un allié puissant sur le terrain ». Les deux brigades, qui ont célébré vendredi l’union de leurs forces, revendiquent environ 13.000 hommes à travers le pays.
Le porte-parole de la brigade Al-Tawhid, Abu Feras, dénonce l’indifférence de la communauté internationale qui « se fiche » de ce qui se passe en Syrie. « Si ça n’était pas le cas, ils seraient intervenus depuis longtemps ».
« Les Etats-Unis et la Russie jouent avec la Syrie, nous ne sommes rien pour eux. Pareil pour les Nations unies; qui accusent le régime de crime contre l’humanité, et discutent, et discutent encore, comme si cela allait résoudre quoi que ce soit. Cela fait 30 mois qu’ils discutent, et ils n’ont absolument rien fait ».
« Obama est un menteur », lance un homme, « il ne tient pas ses promesses. Il a dit qu’il attaquerait si Assad utilisait des armes chimiques contre les civils. Que lui faut-il de plus pour intervenir et mettre fin à cette boucherie? ».
A ses côtés, Hassan al-Mara, un ancien professeur devenu combattant, acquiesce. « Tu as raison. Les occidentaux nous ont laissé tomber, une fois encore. Les Etats-Unis et l’Europe ont montré que leurs menaces n’étaient rien de plus que de la propagande de bas étage ».
Alep, ancienne capitale économique de la Syrie, a un temps été relativement préservée du conflit, qui a déjà tué 110.000 personnes selon une ONG syrienne proche des rebelles.
Avec l’AFP
15/09/2013