Le Pentagone prévoit de dépenser environ 300 millions de dollars pour entraîner et équiper une armée de 60 000 hommes en Syrie, soit disant pour combattre ISIS. Suite à cette annonce, des experts américains se sont exprimés sur RT et ont affirmé que cela n’avait rien à voir avec la guerre contre le terrorisme. Les armes et l’aide américaines pourraient facilement atterrir dans les mains des extrémistes islamistes comme cela a été souvent le cas dans le passé.
« Dans le passé, certains groupes qui recevaient l’aide américaine ont fini soit par prendre la suite des forces radicales, soit par être battues par celles-ci sur le terrain. Ou encore, certains ont rejoint les extrémistes en prenant certaines de leurs armes avec eux », explique Edmund Ghareeb, de l’Université américaine de Washington DC.
Autre expert, Nicolas JS Davies, l’auteur de « Blood on Our Hands : the American Invasion and Destruction of Iraq », estime qu’une formation armée aidera Washington à renforcer son emprise sur les zones contrôlées par les rebelles syriens, et souligne que la « présence militaire hostile en Syrie » n’a aucune base légale. « Ils veulent créer… des conditions en Syrie, pays toujours divisé. Le bilan des opérations américaines et de la CIA en Syrie montre que ce sont les extrémistes qu’ils ont toujours soutenus ». Selon l’expert, le Département et le Pentagone « veulent clairement développer leur plan pour garder des forces sous leur contrôle de commandement dans tous le territoire syrien à l’est de l’Euphrate ».
Selon Daoud Khairallah, professeur de droit international à l’université de Georgetown, alors que les États-Unis justifient leur présence en Syrie en prétendant combattre le terrorisme, la seule zone contrôlée par ISIS « qui a survécu, est celle qui est sous contrôle des Américains et leurs alliés ; On peut se demander s’ils ne reçoivent pas une aide des Américains pour survivre » », dit-il.
Suite à la défaite d’ISIS en Syrie, les États-Unis semblent essayer de restructurer leur présence militaire dans le pays déchiré par la guerre. Un document du budget 2019 daté de février envisage de créer une nouvelle armée composée d’éléments des « Vetted Syrian Opposition » (VSO) (vétérans de l’opposition syrienne). Ils seraient environ 60 000 à 65000 en octobre 2018, selon un rapport intitulé « Justification for FY2019 Overseas Contingency Operations » (OCO).
Ce document explique que quelque 30000 combattants mèneront des « missions de combat continues » contre les dernières poches d’ISIS dans la vallée de l’Euphrate, tandis qu’un contingent fort de 35000 hommes formera l’Internal Security Forces (Forces de sécurité intérieure) dans les zones libérées.
Créer une nouvelle et massive structure militaire d’une légalité plutôt contestable, à peu près équivalente à la taille des forces armées canadiennes, est une entreprise coûteuse. Outre les $250 millions nécessaires pour sécuriser la frontière dans les zones hors Irak et Syrie, le Pentagone cherche quelque $300 millions auprès des sénateurs américains pour mettre en œuvre la création d’une nouvelle machine de soutien à l’opposition qui serait financée par le Syrian Train and Equip Program. Lancé sous l’administration Obama, en 2014, le programme identifie et entraîne des forces syriennes d’opposition pour combattre ISIS.
Le Pentagone prévoit d’utiliser l’essentiel de ce nouveau financement pour armer les combattants. Près de $50 millions sont alloués à l’achat d’AK-47, de mitrailleuse PKM ainsi que des lanceurs de missiles anti-tanks. Les lanceurs d’obus et les fusils pour snipers sont aussi prévus au menu, avec les grenades, différents types de véhicules et des tonnes de munitions.
Washington prévoit de payer mensuellement les soldats, outre l’attribution d’uniformes, des kits d’hygiène et un équipement médical. « (Le Département de la Défense) veut passer à un effort de stabilisation qui portera sur le soutien aux Forces de sécurité intérieure locales, qui recevront une rémunération pour leurs efforts pour sécuriser le territoire libéré et empêcher une réémergence d’ISIS ou ses affiliés », dit le document. « Actuellement, 10 000 soldats partenaires reçoivent une rémunération. Les paiements individuels vont de $200 à $400 dollars par mois ».
Alors que Washington maintient que son objectif est la défaite d’ISIS, Moscou a interrogé à plusieurs reprises les États-Unis sur leurs intentions, particulièrement sur la présence américaine en Syrie considérée comme une violation de sa souveraineté.
L’armée russe a affirmé, le mois dernier, que le véritable objectif des États-Unis est de se saisir des « biens économiques » de la Syrie, avertissant que la présence américaine constitue une menace dangereuse pour le processus politique et l’intégrité territoriale du pays.
Source https://www.rt.com/news/420724-syria-pentagon-payroll-army/
Traduction Christine Abdelkrim-Delanne