L’Arabie, les Emirats et Bahreïn viennent de rappeler leurs ambassadeurs au Qatar, accusé de soutenir les Frères musulmans et de déstabiliser leurs régimes.
L’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et Bahreïn ont décidé mercredi 5 mars de rappeler leurs ambassadeurs au Qatar, reprochant à Doha ses ingérences dans les affaires de ses voisins.
Cette décision a été annoncée par l’agence officielle saoudienne SPA au lendemain d’une réunion «houleuse», selon la presse, des ministres des Affaires étrangères des monarchies arabes du Golfe.
Peu avant, le Comité national des droits de l’Homme du Qatar (CNDH), proche du gouvernement, s’est élevé contre la condamnation à sept ans de prison par la justice des Emirats arabes unis d’un Qatari pour ses liens avec les Frères musulmans.
La Cour de sûreté de l’Etat auprès du tribunal fédéral des Emirats « n’a pas respecté les normes internationales d’un procès juste », a affirmé le président du CNDH Ali Smaikh al-Merri, cité mercredi par le quotidien Al-Sharq de Doha.
Cette cour a condamné lundi Mahmoud Abdel Rahmane al-Jidah, de nationalité qatarie, à sept ans de prison et à l’expulsion à la fin de sa peine. Deux Emiratis ont été condamnés à cinq ans de prison dans la même affaire. Ces personnes étaient poursuivies pour avoir collecté des fonds au profit de l’association Al-Islah, présentée comme ayant des liens avec les Frères musulmans.
M. Merri a affirmé que les aveux de son compatriote « ont été obtenus sous la torture (…) ce qui les rend nuls ».
Il a ajouté que son comité allait s’employer par « tous les moyens légaux à obtenir la libération de M. Jidah et son retour dans son pays ». Des dizaines d’islamistes ont été condamnés à des peines de prison aux Emirats ces derniers mois pour leurs liens avec les Frères musulmans que les autorités du Qatar soutiennent ouvertement. Après le verdict, Amnesty International a appelé les autorités des Emirats à « annuler immédiatement la condamnation » de Jidah, un médecin selon l’organisation, et dénoncé « un procès inique ».
Pendant ce temps, la « justice » qatarie avait condamné un poète qatari pour crime de lèse majesté à perpétuité, une peine ramenée plus tard à 15 ans de prison.
Rappelons que ces monarchies du Golfe, toutes gouvernées par des régimes de droit divin, moyenâgeux et répressifs, ne se disputent pas sur la question de la bonne gouvernance ou de la meilleure manière de protéger les droits de l’homme, mais sur la meilleure manière de déstabiliser les régimes séculiers dans le monde arabe. Alors que l’Arabie saoudite combat d’un côté les Frères musulmans, elle soutient d’un autre côté les mouvements takfiris qui ensanglantent l’Irak, la Syrie et le Liban. Elle soutient aussi la répression de la monarchie bahreïnie contre sa population, à 70% chiite.
Point commun qui ressemble toutes ces monarchies : leur inféodation aux Etats-Unis et leur alliance tacite avec Israël.