La tribune publiée par Le Figaro et signée par Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France en Algérie, au titre provocateur – «L’Algérie s’effondre, entraînera-t-elle la France dans sa chute?»- ne cesse de faire réagir la presse algérienne qui pointe le doigt sur son racisme, son ignorance et ses accointances avec le camps de l’extrême droite française et les nostalgiques de l’Algérie française… Florilège.
Par : Revue de presse
Tahar Mansour : « L’Algérie est en pleine révolution, nous n’avons pas le temps de te lire, Drien…con » (Patrinews)
Il y a seulement deux ou trois jours, le présentateur de l’émission ‘le sens contraire’ (El Ittijah El Mouâkis) de la chaine El Jazeera avait cité l’Algérie comme étant, avec d’autres pays arabes, sur le point de sombrer dans le chaos. Hier, c’est l’ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, pour ne pas le citer, qui ‘pond’ une analyse sur l’Algérie à travers laquelle il prévoit sa chute qui pourrait entrainer celle de la France.
Pour l’ancien ambassadeur : « l’Algérie nouvelle est en train de s’effondrer sous nos yeux et elle entraine la France dans sa chute », « La répression qui s’est abattue sur le pays, répression élaborée et mise en œuvre par une armée qui ne cesse de glorifier les combats contre la France, ‘’ennemi éternel’’, a fini par avoir raison des espoirs mis un temps dans le Hirak pour une démocratisation du pays », « Pourquoi ne pas s’en tenir à une ligne de fermeté, la seule que l’Algérie comprenne, le rapport de force, plutôt que l’angélisme », « l’Algérie va mal, beaucoup plus mal que les observateurs ou les rares journalistes autorisés le pensent ; 45 millions d’Algériens n’ont qu’une obsession : partir et fuir. Partir où, si ce n’est en France, où chaque Algérien a de la famille ».
Ce sont là quelques niaiseries dites par quelqu’un qui est censé mieux connaitre l’Algérie, c’est lui-même d’ailleurs qui le dit. Seulement, comme tout diplomate qui ne dit jamais la vérité, Xavier Driencourt n’a parlé que pour parler, il n’a apporté aucune preuve, ni donné une quelconque explication sur ses affirmations pour le moins qu’on puisse dire sont dictées par certains cercles et certains pays bien connus. Tout ce qu’a dit l’ex ambassadeur de France en Algérie n’a aucune valeur car il ne reflète ni la vérité sur le terrain ni n’est étayé par des preuves tangibles.
Nous aurions pu ne lui donner aucune importance et l’ignorer superbement, mais il est des vérités en Algérie que tout le monde connait, même le sieur Driencourt et ses mentors, sauf qu’ils ne peuvent aucunement accepter que l’Algérie se retrouve à la place qui est sienne aujourd’hui dans le concert des nations, ni que les algériens puissent vivre en paix dans leur pays en les empêchant de continuer leur rapine qu’ils exécutent depuis bien longtemps.
Peut-être que le diplomate français a raison en disant que la France va chuter mais ce n’est pas pour les raisons qu’il a citées, la France commence déjà à ressentir les effets de la fermeture des vannes qui lui permettaient d’aspirer les richesses algériennes sans rien payer et c’est cela qui va lui faire faire une chute très douloureuse et c’est cela que craint Driencourt.
Pour les réponses, nous commencerons par rappeler que, il y a très peu de temps, la Banque Mondiale jugeait que l’économie algérienne a enregistré un taux de croissance du PIB de l’ordre de +3,5 en 2021 alors qu’il avait connu un recul de 5,1% en 2020. Ceci pour dire que si l’économie algérienne connait ce rebond, c’est qu’il y a une amélioration certaine dans de nombreux indicateurs de la vie sociale et professionnelle des algériens. Ce ne sont pas les Algériens qui le disent, c’est la Banque Mondiale.
Le sieur Driencourt s’étonne que la France demeure ‘l’ennemi éternel’ et il semble oublier que ce n’est là qu’un juste retour des choses : la France a spolié les richesses de l’Algérie pendant 132 ans, elle a tué et enfumé les algériens, elle a volé même la personnalité de l’algérien, il n’y a que 60 années que nous avons pu arracher notre indépendance et chasser les français, quel sentiment aurait-il eu lui-même s’il s’était trouvé dans la peau d’un algérien ? Bien sûr, la France restera l’ennemi éternel, nous n’avons pas encore oublié tout ce que nous avons enduré, beaucoup d’entre les algériens vivants ont vécu la guerre de libération nationale et en gardent des séquelles.
« Plus de fermeté, l’Algérie ne comprend que ce langage », vous rendez-vous compte que c’est presque une déclaration de guerre ? Comment mesurez-vous cette fermeté, contre qui et comment allez-vous l’exercer ? En nous coupant les vivres ? La France a plus besoin de l’Algérie que cette dernière de la France. Un langage plus ferme ? Ou bien comptez-vous nous obliger (comment ?) à vous aimer et à vous donner nos richesses ? Vous êtes passé à côté, car ce n’est pas possible.
Vous dites aussi que : « l’Algérie va mal, beaucoup plus que les observateurs ou les rares journalistes ‘autorisés le pensent’, quels sont les indicateurs qui vous permettent de porter ce jugement ? Non, l’Algérie va très bien, elle se suffit à elle-même, son PIB augmente, ses exportations hors-hydrocarbures sont en hausse (ne vous en déplaise) et les gens sont heureux. Vous voulez peut-être parler des quelques petits trucs que vous vous ingéniez, vous et vos mentors, à nous concocter pour essayer d’installer le chaos ? Non, l’algérien n’est plus dupe, nous aimons notre pays et nous le défendrons becs et ongles, beaucoup plus férocement que lorsque nous vous avons chassés de notre territoire. Vous connaissez Alger, vous connaissez l’Algérie, faites un tour et demandez au peuple, au véritable, pas ceux qui sont trompés par vos paroles mielleuses, et vous aurez des réponses justes et claires.
Ensuite, les Algériens vous ont-ils dit qu’ils ne pensent qu’à partir en France ? Vous avancez que les 45 millions d’algériens ne pensent qu’à se rendre en France pour vivre, je n’ai jamais souhaité même visiter votre pays, je ne suis pas le seul et je n’ai jamais dit à qui que ce soit que je voulais quitter l’Algérie, mon pays, mon amour, sauf peut-être pour le pèlerinage à La Mecque ou pour de petits voyages touristiques. Ceux qui sont attirés par les chants de sirène que vous leur faites entendre sont une poignée, des jeunes qui, une fois arrivés en France, regrettent le jour où ils ont pensé y aller. Non, monsieur l’ex ambassadeur, les 45 millions d’algériens ne cherchent pas à fuir leur pays, ils l’aiment trop et ils se retrouvent maintenant à l’aimer davantage après que vos sbires aient été chassés.
Avant de vous avancer à prédire des calamités pour les pays qui ne vous permettent plus de voler leurs richesses, ayez au moins le courage de donner des indications plausibles sur ce que vous avancez.
L’Algérie va très bien, les Algériens aiment leur président, les trois années qu’il a passées à la tête de l’Etat sont étalées devant vous, lisez-en les pages glorieuses, voyez ce qui a été fait, venez sur place et constatez par vous-mêmes, ensuite dites ce que vous avez à dire.
L’Algérie va très bien, nous n’avons pas besoin de vos prédictions ni de vos analyses, nous savons le faire et nous le faisons, avec clarté et avec raison.
Enfin, à tous ceux qui s’essaient à ternir l’image de marque de l’Algérie, de ses dirigeants ou de son peuple, nous leur disons que vous n’êtes que des envieux qui ne peuvent accepter que nous nous trouvions mieux que vous.
Notre armée, dont vous essayez de ternir l’image, a été la première à se mettre du côté du peuple pour chasser ceux qui bradaient les richesses du pays à votre bénéfice.
Laissez-nous entre nous, nous ne vous avons rien demandé.
Tahar Mansour
Abdelaziz Rahabi, Ancien Ambassadeur, homme politique algérien : « Driancourt ou l’exercice des pulsions au détriment de la raison » (El Watan)
La dernière tribune de l’ambassadeur Xavier Driancourt se distingue des précédentes par la réactivation du discours sur la supposée menace que représente l’Algérie et les algériens pour la stabilité de l’Occident et la prédiction d’un scenario catastrophique pour la région. Jusque-là ses déclarations étaient en rapport avec la conjoncture électorale française et versaient dans l’entreprise de production de la peur de l’autre et essentiellement de l’Algérien. Il vient de franchir le pas qui l’identifie clairement au discours de l’extrême droite française.
Il est très peu courant qu’un diplomate de carrière alimente des débats de nature à le mettre en porte à faux avec les intérêts diplomatiques de son pays. La diplomatie réclame, avec plus ou moins de bonheur, de la classe politique et des élites de veiller à la préservation du consensus autour des politiques extérieures. Il est vrai que beaucoup cèdent à la tentation de la politique interne en France pour citer chaque fois l’Algérie- parfois même de façon obsessionnelle – en raison évidemment du poids de l’histoire commune mais également parce que l’évocation de l’Algérie ne laisse personne indifférent. Cela peut faire voter, peut faire sortir de l’anonymat ou encore faire vendre et à ce titre l’on ne peut rendre l’Algérie responsable de sa position centrale dans le débat français. Cela n’apporte rien à l’Algérie ni aux Algériens, au contraire.
Il est admis dans la tradition diplomatique que l’on postule pour une région ou un pays pour lequel on éprouve pour le moins de la sympathie ou de la curiosité ou pour diverses louables raisons. L’Ambassadeur Driancourt a démenti cette règle car il n’aime ni l’Algérie ni les Algériens à l’exception de quelques courtisans. Il n’est pas étonnant à ce titre que son dernier séjour ait été marqué par des tensions diplomatiques et une obstination à mettre la question des visas au-dessus de tout autre dossier au détriment de la projection stratégique que réclame la densité de nos relations.
Le diplomate français qui a le plus séjourné à Alger, a délibérément choisi de participer dans un premier stade à une opération médiatique d’explication de l ‘Algérie dont la complexité réelle n’a d’égal que sa diversité et son immensité. Il a quant à lui étalé un listing détaillé des questions et griefs à caractère consulaire contre le gouvernement algérien notamment les Accords de 1968 présentés comme la future »bombe atomique » dans les relations bilatérales. Il est regrettable de le voir faire une telle erreur d’appréciation car il a perçu le peu d’empressement des algériens sur cette question comme un signe d’attachement à ces Accords alors que dans la réalité, l’Algérie n’avait plus aucun intérêt dans des accords qui ne garantissent plus de statut privilégié à ses ressortissants car ils sont alignés sur le droit commun et de plus en plus sur les normes communautaires européennes applicables aux autres communautés. Toute l’énergie du diplomate a porté sur une question qui n’en demandait pas tant.
Cette tribune est dans le prolongement attendu de ses innombrables déclarations sur les questions migratoires. Son auteur a opportunément pris prétexte de la gravité de l’actualité internationale en portant son discours sur les risques collatéraux d’un scénario catastrophe sur l’avenir de l’Algérie. Il ne s’agit plus de faire peur uniquement aux électeurs français mais également aux institutions et aux opinions publiques européennes en présentant l’Algérie comme une grave menace pour la paix et la stabilité de l’Europe. Cette démarche emprunte à une pratique connue des diplomates algériens car c’est une parfaite reproduction des analyses de cercles plus au moins officieux des années quatre-vingt-dix qui prédisaient avec une insistance répétée un effondrement de l’Algérie.
L’Ambassadeur fait à mon sens et encore une fois de graves erreurs d’évaluation qui renseignent plus sur la rigidité de ses sensibilités que sur ses capacités intrinsèques à comprendre l’Algérie. En effet, quelque soient les critiques que nous pouvons faire à la gouvernance de notre système politique nous sommes nous les algériens les seuls autorisés à le faire parce que la démocratisation du pays est avant tout une demande interne et que nous avons la capacité d’incarner nos intérêts tant à l’intérieur du pays qu’à l’étranger depuis les premiers rois de Numidie.
Les ingérences externes d’où qu’elles viennent sont une orientation flagrante en faveur d’intérêts étrangers. Elles sont en partie responsables des crises politiques et sécuritaires que nous avons vécues de même qu’elles sont la cause directe du ralentissement du processus de transformation de la société. Leur rejet reflète notre attachement à indépendance de notre décision et représente l’une des plus notables leçons tirées de nos différentes expériences politiques. C’est d’ailleurs dans cet esprit d’autonomie que le Hirak n’a pas été sensible à toutes les pressions et manipulations internes et étrangères visant à l’orienter vers l’objectif de l’effondrement de l’Etat avec ses conséquences incalculables sur la société algérienne. C’est le signe que le peuple ne cherche pas d’autres protections que celles que lui garantit son pays.
Le diplomate a vocation à faire mieux comprendre à son pays, a réalité et parfois la complexité du pays d’accueil, à jeter des passerelles pour favoriser la compréhension entre les peuples. L’Ambassadeur Driancourt a choisi la voie de l’opportunisme, celle de l’exercice des pulsions au détriment de celui de la raison.
Abdelaziz Rahabi
Ancien Ambassadeur
https://elwatan-dz.com/driancourt-ou-lexercice-des-pulsions-au-detriment-de-la-raison
« Lettre à Xavier Driencourt : Ce que l’Algérie a fait de toi… » PATRINEWS
« L’Algérie est en train de s’effondrer… ». Mais que ce qui t’as pris Xavier ? Permets-moi de te tutoyer, car on te connait bien. Alors Driencourt. Comme ça, subitement, tu nous gratifies de l’apocalypse. Pourtant, l’Algérie a fait de toi un ambassadeur. Elle t’a donné tes lettres de créances. Par deux fois. Et maintenant, tu la voue aux gémonies. Pas toi ?
D’abord, soldons, vite fait, le contentieux du rapport à l’Historie. Tes propos me font rire quand tu accuses l’Armée Algérienne de continuer à « glorifier les combats contre la France, ennemi éternel » ! Venant d’un français, c’est un peu ridicule. Quand on sait que votre armée continue de glorifier la victoire de sur les Prussiens à la Bataille de Valmy en…1792, soit il y’a 230 ans, excusez-nous un peu, de continuer à nous délecter de vous avoir chassés il y’a juste une soixantaine d’années.
Xavier Driencourt, tu dois tout à cette Algérie à qui tu prédits l’écroulement. Ceci n’est pas nouveau. Il y’a des milliers de tes compatriotes qui ont prédit le pire à notre Nation, espéré, attendu puis disparus dans les méandres de la petite histoire. Driencourt, tu devrais faire la queue. Prendre un ticket et attendre ton tour. Dans la file d’attente, tu vas croiser les nostalgiques, les pieds noirs, les ulcérés de l’OAS, les pisses-froids, les fantômes de droite ultra, quelques tortionnaires et certainement quelques tireuses de cartes…
Mais Xavier pourquoi tant de haine ? Pourtant, avant l’Algérie, tu n’étais personne. Un anonyme fonctionnaire, tenant la porte à Alain Juppé, et sa serviette, courant les escaliers du Quai d’Orsay dans les chaussures de « notre ami » Juppé. Celui qui est banni de la politique. Une autre connaissance de l’Algérie qui, lui avait déjà prédit aussi l’effondrement mais par le terrorisme, car, vous deux en bons cathos, vous avez accusé l’Algérie du pire : d’avoir assassiné les moines de Tibherine. Donc, déjà à l’époque, tu as préféré croire à la version du GIA qu’à celle de nos soldats qui combattaient le terrorisme. Ta haine de l’armée algérienne vient peut-être de la ? Ou de bien avant ! La même armée que tu as vainement tenté d’inviter au défilé du 14 juillet 2012 ! Ces contradictions feront l’objet d’une thérapie.
Je dis que l’Algérie a fait de toi un diplomate connu. Elle t’a donné un nom, un visage et une popularité que tu n’as jamais cessé de monnayer, puisque ton seul succès en libraire est le livre qui parle, évidemment, de l’Algérie. Encore et toujours. Même les chroniques de tes deux passages algérois, tu en a fait un récit, qui s’est bien vendu. Toi-même tu l’as reconnu dans un de tes livres « Quatre nuances de France » (on te fait un peu de publicité, l’Algérien n’est pas ingrat) où tu avouais que ta première réaction en apprenant que t’as été nommé à Alger a été ; je cite : « de me demander si je serais à la hauteur. Alger, quelle responsabilité ! Ce n’est pas un poste banal, c’est tout sauf une affectation simple, c’est même dans la diplomatie française un poste si particulier ».
La question qui demeure et que tu t’es posé ouvertement est la suivante : « est-ce je serais à la hauteur ? ». Cela suppose, qu’intimement, tu connaissais et reconnaissais déjà, l’ordre de grandeur de notre pays ou tu allais mettre les pieds…dans le plat.
Pour ceux qui t’ont oublié, car l’oubli est une gangrène mentale qui ronge les nostalgiques, tu as été ambassadeur en Algérie par deux reprises (2008-2012 et 2017-2020). Pourtant, l’Algérie n’a pas fait la fine bouche à ta nomination, vu ton CV assez léger pour le poste car ta seule expérience d’ambassadeur, à l’époque, a été de passer 3 ans en Malaisie. Et c’est tout. Mais nous allons mettre cela sur le compte du Régime Bouteflika que tu qualifie d’ « audacieux » au passage, car sa seule audace est d’avoir laissé le champ libre à la France pour faire joujou avec ses entreprises.
Je me demande d’ailleurs, pourquoi tu as été si rapide à cracher ton venin, une semaine à peine, dans le même quotidien qui avait ouvert ses colonnes au Président Tebboune ! Un président Algérien dont le seul tort est d’avoir adressé à la France un message de fermeté et d’équivalence de respect. Pourquoi te substitues-tu à Macron ? Pourquoi vouloir fermer la fenêtre qu’a ouverte le Président Algérien qui a posé les jalons d’une nouvelle coopération basée sur l’égalité et non sur la soumission à la France ? Si ton timing est suspect, ton texte est coupable.
Donc Xavier, ton drame est que tu as écrit en français et que je te réponde dans la même langue. Mais le drame de la France est que personne ne nous lira. Car avec les millions d’euro investis dans la francophonie, tu vois, la langue française est en recul, si ce n’est en disparition. Et ça, c’est un petit peu de ta faute.
Que ce que tu as fait des instituts français ? De la propagation de la langue française ? du « rayonnement » du français avec l’argent de ton contribuable ? Tu as été l’ambassadeur qui a fait de l’IFA (les anciens CCF), des centres de recrutement d’une élite bourgeoise et profrançaise qui passait son temps à te raconter ce que tu voulais entendre. Que l’Algérie était perdue. Qu’on est tous un peuple de Harragas. Que nous tous Algériens dormons la nuit en rêvant de prendre une photo sous la Tour Eiffel…qu’on était des atrophiés du cerveau, aimant et détestant la France, dans une sorte de schizophrénie collective enjouée…Xavier en tant qu’ambassadeur, c’est sous ta coupe que l’anglais a pris le dessus sur la langue de Molière. Mais je laisse cela à l’évaluation de tes supérieurs.
Sinon, pour tes autres « faits d’armes », on préfère rester pudique. Sous Sarkozy ou Macron, les deux t’ont fait rentrer, avant terme, d’Alger, ce qu’on appelle une sanction. Déjà tu leur avais promis que le Hirak allait prendre le pouvoir, que tes amis Hirakistes binationaux allaient être la « profondeur stratégique » de la France, déloger ces généraux qui continuer à perturber ton sommeil, et tu avais même, dans un de tes éclairs de clairvoyance, diagnostiqué un autre Président que l’actuel. En termes de prévisions, Paris aurait dû faire confiance à un joueur de PMU du Bar à Tabac de Vincennes qu’à toi…mais je laisse cela aussi à tes supérieurs.
C’est vrai, il faut te reconnaitre un point positif de tes deux passages algérois. Durant deux décennies, et sous ta coupe, la soupe était bonne. Pour les entreprises françaises qui pointaient dans ton bureau, annexe du commerce algérien, tout ce que Driencourt voulait, le « système » de l’époque te l’accordait. Blé, médicaments, agroalimentaire, automobile, pétrole, banques, assurances…etc. Xavier tu as été un bon VRP de la France, et le MEDEF t’en remercie. Tu avais compris, avant les autres, que les oligarques étaient des p’tits voyous, qui jouaient avec les milliards de l’Algérie, et qu’il était facile de les raccorder à la mère patrie. Je n’imagine même pas comment tu souriais à l’écoute du français d’Ali Haddad en ta présence…
Même si ces mots écorchent les oreilles, tu dois tout à l’Algérie. Et un peu à TSA, de ta notoriété de diplomate ; d’écrivain ou d’espion. Beaucoup de diplomates, les fameux « arabisants du Quai » rêvaient d’Alger, toi tu as fait le poste par deux fois. T’as passé 7 ans et de ton propre aveu, l’Algérie est une boite noire indéchiffrable. Alors pourquoi changer de métier ? Pourquoi tu essaie de faire des prévisions cataclysmiques alors que ton palmarès dans le domaine t’a valu d’être rappelé par deux fois. Et à chaque fois tu t’es trompé ; et pire, induit en erreur les décideurs de ton pays.
Je ne sais pas. Reste dans la littérature. Écrit un autre livre. « Les chroniques d’un fonctionnaire rappelé d’Alger ». Ça reste une proposition de titre. Continue de faire ton business dans le blé et la pharmacie avec tes partenaires algériens. A presque 69 ans, tu n’es pas fatigué de nous ??! Parce que j’admets, que nous, on est un peu fatigué de toi et de tes semblables.
Ça fait des siècles qu’on nous enterre vivants. Toi qui aimait te promener dans les cimetières chrétiens algérois, et admirait les immeubles Haussmanniens d’Alger, en espérant peut-être que des français, un jour, vont les ré-habiter, j’en appelle à ta ferveur religieuse, à ton esprit dévot avec ce verset biblique (car on a déjà essayé les arguments politiques) : « Garde moi comme la prunelle de l’œil, protège-moi à l’ombre de tes ailes contre les méchants qui me persécutent, contre mes ennemis qui me cernent, pleins d’acharnement ».
Xavier, fais-toi une raison. Toi, qui aimait répéter que : « l’Algérie est un miroir déformé de la France », une bonne fois pour toute, comprends-nous : Vous êtes la France. Nous sommes l’Algérie.
https://lapatrienews.dz/lettre-a-xavier-driencourt-ce-que-lalgerie-a-fait-de-toi/