La bataille pour l’élection présidentielle – à laquelle le vieux président n’a pas exclu de se représenter et qui doit se tenir au Zimbabwe dans le courant de l’année prochaine – a pris une nouvelle tournure avec le limogeage, le 6 novembre, du vice-président, Emmerson Mnangagwa, par le président Robert Mugabe, 93 ans. Le champ est désormais libre pour son épouse, la très contestée, ambitieuse, intrigante et très riche Grace Mugabe, également surnommée « Gucci Grace » ou « The first Shopper » (l’ « as du shopping »). Le nouveau vice-président sera nommé par le Congrès de son poste de vice-président du parti au pouvoir, la Zanu-PF, en décembre prochain.

Le « First Couple ». Photo DR
Emmerson Mnangabwa, 75 ans, surnommé « le crocodile », très lié aux services de sécurité du Zimbabwe, était un proche de Robert Mugabe dans les années 1970, pendant la guerre de libération. Son limogeage a immédiatement été prononcé après qu’un petit groupe de ses partisans avaient hué Grace Mugabe. « J’ai été insulté ! » a estimé le président. Il a, également, été éjecté du parti Zanu-PF dont il était le vice-président.
En 2014, Robert Mugabe avait, déjà renvoyé la très respectée et honnête Joice Mujuru de son poste de vice-présidente et du parti, pressentie, elle aussi, comme candidate à la présidence. Elle avait été accusée par Mugabe de comploter pour prendre sa place. Grace Mugabe, à l’origine de la manipulaton, avait, alors, mené dans tout le pays, une campagne de diffamation à l’encontre de Joice Mujuru qui avait été remplacée par Mnangabwa.
Cette nouvelle épreuve décision despotique du vieux président n’a pas vraiment surpris. La tension entre les deux hommes était évidente depuis plusieurs mois. Il avait, déjà, perdu, en octobre dernier, son porte-feuille de ministre de la Justice. Emmerson Mnangagwa a été, cette fois, accusé par Robert Mugabe, de « manque de loyauté, d’irrespect, de malhonnêteté et de manque de sérieux ».
Les projecteurs se tournent, désormais, exclusivement sur Grace Mugabe dans la course à la présidence. Elle vient en outre, de recevoir le soutien à sa candidature de la Ligue des femmes de la Zanu-PF, officiellement au nom de la parité, alors qu’elle en est la présidente depuis 2014. Cependant, compte tenu de l’imprévisibilité et du despotisme de Robert Mugabe, tout peut encore arriver.
Qui est Grace Mugabe,?
• Grace Mugabe est née en 1956 à Johannesburg où elle a vécu jusqu’en 1970. Son père était un travailleur émigré dans les dures conditions de l’apartheid.
• Elle obtient un poste comme secrétaire à la présidence du Zimbabwe en 1980. Elle entame, alors, une relation avec le président Robert Mugabe.
• Elle épouse, à 31 ans, Robert Mugabe, âgé alors de 72 ans.
• En 2014, alors qu’elle n’est inscrite que depuis deux mois et sans avoir présenté aucune recherche, l’Université du Zimbabwe lui attribue un faux diplôme de PHD en sociologie.
• Elle possède, avec son mari, l’une des plus grandes fermes laitières d’Afrique du Sud, deux palais de plus de $25 millions chacun, dont l’un, l’extravagant « Gracelands », fut ensuite vendu à Kadhafi et l’autre aurait été financé par le parti de Mugabe, la Zanu-PF, pour le remercier de son « action politique ». Grace Mugabe possède aussi des domaines agricoles au Zimbabwe, des biens en Malaisie, des actions dans une compagnie basée à Hong Kong, une affaire de taille de diamants située dans Tai Po, district des Nouveaux Territoires de Hong Kong, et un « pied-à-terre » de plus de $5 millions, également à Hong Kong. À quoi il faut ajouter une villa luxueuse à Dubai (voisine de celle de Jacob Zuma présumée offerte par la famille Gupta) et probablement d’autres biens cachés.
• Selon les documents fuités de WikiLeaks, Grace Mugabe a perçu des millions de dollars en utilisant des mineurs illégaux dans les mines clandestines du Chiadzwa, à l’est du Zimbabwe
• Elle fait l’objet de sanctions personnelles de l’Union européenne et des États-Unis.
• En 2009, grâce à l’immunité diplomatique, elle échappe, à des poursuites après avoir agressé un journaliste qui faisait des photos d’elle en train de faire son shopping à Hong Kong.
• En 2017, accusée d’avoir agressé et blessée une jeune femme, dans un hôtel de Johannesburg où elle séjournait avec ses fils, elle échappe, également, à la justice sud-africaine et s’enfuyant secrètement et en faisant jouer, à nouveau, l’immunité diplomatique.
• Son ambition aujourd’hui : succéder à son mari de 93 ans, au pouvoir depuis le 31 décembre 1987.