Des dirigeants des Frères musulmans déclarent que la Confrérie avait préparé un plan pour faire face à toute «tentative des militaires de s’emparer du pouvoir».
Alors que les violences ont fait de nombreux morts et des dizaines de blessés hier en Egypte, et que la mobilisation populaire bat son plein entre les pro et anti- Morsi, la Confrérie des Frères musulmans a choisi de défier l’armée, garante de la stabilité et de la paix civile.
Le président Mohammad Morsi a réaffirmé dans la nuit de mardi à mercredi sa «légitimité» et appelé l’armée à retirer l’ultimatum qu’elle lui a posé en lui demandant de «satisfaire les demandes du peuple». Il a déclaré qu’il refusait « tout diktat venant de l’intérieur ou de l’extérieur» et qu’il empêcherait «absolument un retour en arrière quelles que soient les circonstances». Un responsable des Frères musulmans a de son côté appelé à empêcher un coup d’État, au besoin par le «martyre». Un autre dirigeant des Ikhwans a déclaré que la Confrérie avait préparé un plan pour faire face à toute «tentative des militaires de s’emparer du pouvoir».
La riposte de l’opposition n’a pas tardé. Le mouvement Tamarrod, à l’origine des manifestations monstres réclamant le départ de Morsi, a accusé mardi le chef d’Etat de «menacer son peuple». «Ce président menace son peuple», de ce fait, «nous considérons qu’il n’est plus président», a déclaré Mohamed Abdelaziz, dirigeant de Tamarrod.
La réponse des militaires est venue mercredi matin, quelques heures avant l’expiration de l’ultimatum adressé à «toutes les parties» pour trouver une solution à la crise. Le chef des forces armées, le général Abdel Fattah el-Sissi, a affirmé que les militaires étaient prêts à mourir pour défendre le peuple contre les «terroristes et les extrémistes». «Le commandant général des forces armées a indiqué qu’il était plus honorable pour nous de mourir que de voir le peuple égyptien terrorisé et menacé», a affirmé une page Facebook associée au Conseil suprême des forces armées. «Nous jurons devant Dieu que nous sacrifierons notre sang pour l’Egypte et son peuple, contre tous les groupes terroristes, extrémistes et ignorants», ajoute le texte intitulé «Les dernières heures», en citant le chef de l’armée.
La «feuille de route» que l’armée essaie de faire passer pour régler la crise prévoie, selon les médias égyptiens et internationaux, «la suspension de la Constitution» et «la dissolution du Majlis ach-choura» en cas d’impasse des pourparlers.
La démission du président, la suspension de la Constitution et une période de transition se produiront sans doute en Egypte, écrit mercredi le journal égyptien Al-Ahram, se référant à ses sources au sein de l’armée. «Les 48 heures accordées par les militaires expirent mercredi à 16h30, après quoi seules deux options sont possibles: soit le président part de son propre gré, soit il part en vertu de la feuille de route pour l’avenir du pays présentée par l’armée», lit-on dans l’article. Citant une source militaire, l’agence de presse Reuters a indiqué que l’armée a pris la décision d’en finir avec Morsi lorsqu’il a appelé à une intervention étrangère en Syrie. L’armée a estimé que cet appel constitue un grave danger pour la sécurité nationale de l’Egypte et encourage les jeunes égyptiens à aller se battre en Syrie, ce qui produira une nouvelle génération de Jihadistes.
Médiarama
3 juillet 2013