Le guide suprême des Frères musulmans, Mohammad Badie, a été arrêté dans la nuit de lundi à mardi au Caire.
Le chef de l’influente confrérie a été capturé dans un appartement tout près de la place Rabaa al-Adawiya. Le guide, âgé de 70 ans, est apparu abattu. Il a été arrêté avec deux autres hauts responsables des Frères et quatre garde du corps. La confrérie a annoncé la nomination de Mahmoud Izzat Ibrahim au poste de guide suprême par intérim.
L’arrestation de Badie intervient alors que le violent mouvement de protestation lancé par la confrérie commence à montrer des signes d’essoufflement, après l’annulation par les Frères de la plupart des marches prévues lundi, la difficulté à mobiliser leurs partisans et l’apparition de «comités populaires», formés d’habitants des quartiers, qui affrontent les partisans du président destitué Mohammad Morsi. D’ailleurs, le ministère de l’Intérieur a annoncé l’interdiction de ces comités, de crainte que le phénomène de comité d’autodéfense ne s’étende à l’ensemble du pays et n’aboutisse à la création de milices.
Pendant ce temps, les pressions occidentales sur les autorités égyptiennes se poursuivent pour les pousser à faire preuve de plus de clémence avec les Frères musulmans. La CNN, se référant au président de la commission juridique du Sénat américain Patrick Leahy, a déclaré que les Etats-Unis avaient suspendu de facto certains volets de leur aide militaire à l’Egypte.
Toutefois, la décision politique sur le gel de l’aide n’a pas été officiellement adoptée, a indiqué l’interlocuteur de la chaîne américaine. Lundi, les représentants de la Maison Blanche et du Département d’Etat avaient rejeté les affirmations concernant l’arrêt de l’aide américaine.
Les Etats-Unis fournissent à l’armée égyptienne une aide de près de 1,6 milliards de dollars par an.
De nombreux spécialistes cités par les médias internationaux affirment que l’Egypte risque de plonger dans une guerre civile et seule l’armée égyptienne peut encore la retenir. L’expert russe Alexandre Ignatenko remarque que la probabilité d’une guerre civile est aujourd’hui de 30 à 40%. «La guerre civile, dans certaines de ses formes, se déroule déjà en Egypte. Mais ce conflit n’est pas encore assez important pour influer de manière décisive sur l’Etat et l’avenir de l’Etat égyptien», pense Alexander Ignatenko.
Andreï Baklanov, conseiller du vice-président du Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement russe), pense que la scission du pays est probable. Il précise qu’Alexandrie et le Caire, au nord du pays, sont imperméables à l’islamisme et qu’on pourrait donc observer un reflux des éléments islamistes vers le sud. «Les militaires ont un comportement très dramatique et sont prêts à prendre des mesures extrêmes. Ils craignent la division du pays, qui entraînerait des flux de population du sud vers le nord et du nord vers le sud», conclut-il.
Les deux experts apprécient positivement le rôle de l’armée égyptienne dans le conflit. «On pourrait dire que l’armée égyptienne est le sauveur de la patrie», pense Alexandre Ignatenko. «Elle a prévenu une guerre civile à grande échelle, vers laquelle les Frères musulmans menaient le pays», a déclaré l’expert.
Médiarama
20 août 2013
Légende : Mohammad Badie, l’ancien guide des Frères musulmans égyptiens a été arrêté dans la nuit de lundi à mardi au Caire.