L’armée congolaise, épaulée par les Casques bleus, inflige depuis près d’une semaine revers sur revers aux combattants du M23 dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), où les rebelles ne contrôlaient plus qu’un réduit aux confins du Rwanda et de l’Ouganda.
Après Kibumba, Kiwanja et Rutshuru-centre, l’armée congolaise continue sa progression dans l’est de la République démocratique du Congo. Le 28 octobre, les Forces armées congolaises (FARDC) ont repris le camp militaire de Rumangabo, le dernier centre stratégique du M23.
Pour le chef de la Monusco, Martin Kobler, qui s’exprimait depuis Goma en visioconférence devant le conseil de sécurité de l’Onu réuni en urgence à New York, la rébellion du M23 est «quasiment finie en tant que force militaire». Pour le diplomate, le M23 doit donc à présent désarmer et revenir à la table des négociations. Une position également soutenue par l’envoyé spécial du président Obama dans les Grands Lacs, Russel Feingold. De passage à Paris après sa deuxième tournée dans la région, où il devait s’entretenir avec les officiels français à l’Elysée, au Quai d’Orsay et au ministère de la Défense, Feingold a appelé à la retenue des toutes les parties et encouragé le gouvernement et les rebelles à rechercher une solution politique. « Le cadre pour des accords élaboré à Kampala peut mettre durablement fin au conflit avec le M23 », a-t-il déclaré. « Il y a d’énormes risques à continuer comme ça, en pensant que la solution militaire est l’unique réponse. (…) Cela risque d’attirer d’autres forces et pourrait conduire à une guerre croisée », ajoutait-il.
Tout en jugeant crédibles les divers rapports accusant le Rwanda de soutenir militairement le M23, Feingold s’est dit convaincu qu’à l’heure actuelle le Rwanda veut la paix et la stabilité dans la région. Le Rwanda « peut être un partenaire économique valable pour la RDC », et « exporter chez le voisin son savoir faire en matière de développement ».
L’ambassadeur rwandais auprès de l’ONU, Eugène-Richard Gasana, ne partageait pas l’optimisme au sujet d’une reprise des négociations. En protestant à nouveau contre des tirs sur le territoire rwandais, il a dénoncé ce qu’il qualifie de «collusion» entre l’armée congolaise et le mouvement des FDLR. Le chef de la Monusco a répondu que les troupes de l’ONU sont déterminées à neutraliser tous les groupes armés, y compris les FDLR. Feingold a pour sa part rappelé que cette mission est bien inscrite dans le mandat de la Monusco, mais que l’ampleur des actions menées par le M23 a contraint les casques bleues et l’armée congolaise à se concentrer sur cet objectif. Quant à l’accusation de collusion entre l’armée congolaise et les FDLR, Feingold a déclaré : « Il n’y a pas de preuves crédibles à ce sujet ».
Toujours au sujet du FDLR, dont les activités semblent dernièrement en nette diminution, il a précisé qu’en réalité quelque 40-45 groupes différents connectés ou affiliés aux FDLR, sont actifs dans l’Est de la RDC. La Monusco et la Brigade d’intervention entendent bien les désarmer.
L’envoyé spécial américain a par ailleurs insisté sur l’importance accordée par l’administration Obama aux Grands Lacs, le Secrétaire d’Etat John Kerry ayant placé haut dans son agenda la résolution de la crise dans l’Est de la RDC lors de son discours au Conseil de sécurité de l’Onu.