Washington va armer les rebelles, la Russie l’accuse de mentir et la guerre froide est relancée le sang syrien continue à couler à flots.
Prétextant l’utilisation par l’armée syrienne d’armes chimiques, les Etats-Unis ont franchi un pas supplémentaire vers l’armement des rebelles syriens, ce qui aura pour conséquences directes de prolonger la durée de la guerre et de torpiller les efforts diplomatiques déployés pour trouver une issue politique au conflit à Genève.
Après Paris et Londres, Washington a donc annoncé jeudi qu’il était arrivé à la conclusion que des armes chimiques, notamment du gaz sarin, avaient été utilisées en Syrie. Entre 100 et 150 personnes au minimum ont été tuées dans des attaques chimiques en Syrie, a annoncé dans un communiqué Ben Rhodes, conseiller adjoint de sécurité nationale du président américain Barack Obama. Le responsable US a innocenté les rebelles contrairement au rapport d’enquête des Nations unies. « Nous pensons que le régime Assad garde le contrôle de ces armes. Nous ne disposons pas d’informations solides, corroborées, indiquant que l’opposition en Syrie a acquis ou utilisé des armes chimiques », a-t-il indiqué.
La Maison Blanche a indiqué que Barack Obama avait décidé d’octroyer une « assistance militaire directe » à l’opposition syrienne, estimant qu’une « ligne rouge » avait été franchie. Les Etats-Unis se sont abstenus de détailler la forme que prendrait cette assistance militaire. Mais le New York Times a indiqué que des livraisons d’armes, dont des missiles antichars, seront coordonnées par la CIA.
D’autres informations évoquent la possible instauration d’une zone d’exclusion aérienne près de la frontière jordanienne. Dans ce cadre, les Etats-Unis vont laisser dans le royaume hachémite des chasseurs F-16 et des missiles Patriot, ainsi qu’une unité de Marines sur des navires amphibies, à la fin d’exercices militaires communs.
Le sénateur républicain John McCain a loué les déclarations de la Maison Blanche mais réclamé une nouvelle fois l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne et la livraison d’armes lourdes. « Il est temps d’agir de façon décisive. Nous avons besoin d’armes lourdes capables de s’en prendre aux chars, et nous avons besoin de missiles sol-air. La seule chose qui changera l’équation sur le champ de bataille est la destruction de la capacité aérienne (du régime Assad) et l’établissement d’une zone sûre » d’exclusion aérienne.
La riposte russe au bellicisme américain ne s’est pas faite attendre. Un influent député russe proche du Kremlin a affirmé que les conclusions des Occidentaux sur l’utilisation d’armes chimiques par les forces de Bachar el-Assad sont des faux comparables aux accusations sur les prétendues armes de destruction massive de Saddam Hussein. « Les informations sur l’utilisation par Assad d’armes chimiques sont des faux du même ordre que les mensonges concernant les armes de destruction massive de Saddam », a commenté Alexei Pouchkov, président de la commission des Affaires étrangères de la Douma. « Obama, ajoute-t-il sur son compte Twitter, emprunte la même voie que George Bush ».
Un membre de la délégation russe aux Nations unies a par ailleurs déclaré sous couvert d’anonymat à la chaîne panarabe Al-Mayadeen que si les Occidentaux arment les rebelles, Moscou livrera des armes nouvelles au régime syrien, en allusion aux missiles S-300.
Médiarama
14 juin 2013